Le Blocher et le bircher sont deux spécialités suisses que les Suisses adorent. Les deux fleurent bon le terroir, un terroir refoulé pour le premier (mais pas par 28,8% des électeurs), un terroir en vogue et politiquement très correct pour le second.
Paradoxalement le succès cet automne de l’UDC et des Verts européanise un peu plus la Suisse. La Suisse existe désormais au plan politique indépendamment des cantons qui la composent. Explication.
L’élection des deux cents députés au Conseil national et des quarante-six députés au Conseil des Etat consistait naguère très généralement en une course de notables locaux, qui, au fil des ans, acquéraient une stature nationale. Désormais le contraire prévaut. Ce sont les thèmes et les hommes qui ont une dimension nationale qui déterminent l'élection dans les cantons.
Verts comme UDC capitalisent sur le même thème de l’insécurité. Insécurité vécue et plus encore perçue, entretenue voire fantasmée. Bref une peur identitaire, quasi existentielle. En ce sens plus qu’un coup de barre à droite, c’est un coup de barre conservateur que le peuple suisse a donné dimanche au paquebot national.
Rassurer les Suisses, l’UDC l’a parfaitement compris depuis quelques années et appliquent cette stratégie avec constance. Les Verts aussi qui surfent sur la peur du réchauffement climatique, la peur des ogm et des autres fléaux que colporte la mondialisation, telle que la grippe aviaire...
Mais ce positionnement stratégique ne serait rien sans l’encrage local que cultivent les deux partis. L’UDC, surtout en Suisse alémanique, se comprend comme une grande famille, un clan où l’on se sent bien — des militants vont jusqu’à rendre visite aux membres malades pour prendre de leurs nouvelles. Les Verts eux sont très actifs dans de multiples associations. Plusieurs paient de leur personne dans la défense du cadre de vie, de la nature, des animaux.
Un troisième parti a compris plus tardivement et partiellement le renversement paradigmatique de l’élection nationale. Le PDC, avec la famille, tient un os que les autres tentent de lui ravir. Le PDC aurait pu faire mieux encore en s’affirmant comme le parti des valeurs et du respect. Ce mot qui fait florès à Genève n’a étonnamment été bien peu présent dans la campagne. Quant aux valeurs, elles sont certes évoquées par les Verts, les socialistes et même les libéraux, mais ce discours semble comme déraciné du terreau judéo-chrétien qui fonde notre identité, d’autant que la compétition de tous contre tous et le chacun pour soi ambiants en nient quotidiennement la réalité.
L’extrême gauche est morte de ne pas avoir suffisamment mis son champion Christian Grobet en tête d’affiche et de politiser un peu trop idéalement sur la solidarité, alors que son credo renvoie à l’égalitarisme communiste, dont les scories sont encore trop fumantes.
Créateurs de cette Suisse des cantons, les radicaux - et les socialistes qui sont leurs héritiers - ont complètement raté leur campagne nationale. Ce matin encore Gilles Petitpierre, leur grande figure statufiée, expliquait à la Radio romande qu’il fallait retrouver nos racines cantonales et concédait la bouche crispée que, peut-être, le grand vieux parti devra-t-il à l’avenir pipoliser - quelle horreur - un peu plus sa stratégie politique. Et le président Fulvio Pelli de pleurnicher comme un bon élève qui se fait chiper la balle au dernier moment, lui qui est, prétend-il, le forgeron besogneux des compromis «sages et équilibrés» qui font le bien du pays.
Commentaires
Je crois surtout que la pertinence du propose de Gille Petitpierre tournait autour de ce qui constitue le noyau central de la concordance, la volonté de faire ensemble.
Malheureusement, et il l'a relevé, on fait des calculs.
Ceux ne valent rien s'ils ne sont pas destinés à trouver un dénominateur commun.
Dans sa composition actuelle, le conseil fédéral est l'antinomie de la concordance.
Je ne sais pas si l'idée l'expression nominative de la proposition de l'UDC de faire srotir les plus anciens conseillers fédéraux est la bonne.
En revanche je crois fermement que les partis gouvernementaux doivent se poser la question de savoir si leurs représentants en place son les meilleurs.
Très honnêtement, je crois que sur le radical et le socialiste visés, on sera d'accord. Je ne le suis pas sur l'UDC, M. Schmidt est au contraire une force tranquille dont on a besoin à ce niveau décisionnel.
Je crois donc que la traduction de la volonté des Suisses sera pleine et entière si les partis en place savent revenir au centre de gravité du système, le projet commun, et faire sortir ceux qui l'entravent.
L'arrivée de M. Cramer est aussi le signe fort d'une mutation politique en profondeur des Suisses.
Pourtant cette entrée peut aussi être le début d'un cauchemard pour nos libertés individuelles, les Verts commes tous les collectivistes, sont des liberticides. Ne nous réjouissons donc pas trop vite.
De plus, si M. Cramer veut être fidèle aux engagements pris par son parti et qui constitue une base du contrat de confiance qu'ils (les Verts) les lie à leurs électeurs, il doit sortir du gouvernement cantonal.
Ce n'est pas une question de logique mais, comme vous le disiez dans votre billet, une question de respect. Dans ce cas celui qui définit l'Homme, sa parole.
Si M. Cramer ne se retire pas, c'est qu'il n'est pas un homme de parole.
Je crains fort qu'il s'en fiche comme de sa première chemis
Merci pour l'analyse M. Mabut, elle est intéressante et pousse à la discussion, carburant essentiel de la démocratie.
Votre analyse est excellente.
PLT, vous essayez de cramer Kramer ?
J'epère aussi que M. K. quitte le gouvernement cantonal genevois. Il montrerait la voie aux "Verts" (sic) vaudois, qui envoie le Saint Patron de Lausanne à Berne ! Les "Verts" vaudois pensent qu'il ne faut pas toucher à une icône ("On veut détruire l'icône que je suis" Brélaz dixit)! Le culte de la personnalité est aussi fort chez les "Verts" vaudois, qu'il l'a été en URSS pour le "Petit Père des Peuples" !
Je constate surtout que les Verts aiment les verres et qu'ils n'ont pas besoin de verres grossissants pour voir leurs résultats.
Les crayons libéraux auront suffit à grossir la facture.
Mais Comme le PDC a un conseiller d'Etat spécialisé dans les urgences, ils peuvent espérer réduire la fracture de la droite bourgeoise!
Ce qui est certain c'est que les brougeois de Genève sont comme ceux que décrit Brel, ils sont comme les cochons et plus ils deviennent vieux plus ils deviennent......
Ce ticket MBG/JPJ ne valait même pas une aller simple au Bachet de Pesay puisqu'il fallait bâcher avant la pesée!!!
Les neuchatelois ont montré le chemin.
Au même titre que les socialistes ont le droit de s'allier aux communistes et autres marxistes, la droite bourgeoise peut s'allier, sans risque de l'enfer, à la droite patriotique.
A Genève on peut même y ajouter le MCG, c'est un joker gagnant puisque que MCG=Même les Cons Gagnent!
Pourquoi s'en priver, ils font le sale boulot de mettre de l'ordre dans l'embauche des étrangers dans l'administration cantonale!
Pour bien des gens ce vote est un message clair au monde politique de Genève, NOUS VOULONS UNE ALLIANCE DE TOUS CES PARTIS !!!
Merci de passer le message, je crains qu'il n'y ait que des autistes à la tête de l'Entente.
Cela dit je salue les deux analyses de M. Mabut et de Post Lux Tenebras. Fin, clair, factuel et compréhensible.
Tout ce qui manque à la presse écrite.
Je ne parle pas de la TSR dont le niveau d'hier était tout simplement catastrophique.
Entre mémère Bachi qui n'en peut plus de flatter tout ce qui est à gauche et de dévaloriser ce qui est à droite et le Roche Bain qui nous bassine même les soirs où il devrait prendre du repos, on a vraiement pas été gâtés!
le pire est que même si cette télé est nulle, on doit la payer!!!
Moi je verrais bien une équipe "politique" de la trampe de M. Mabut, Cuenod, Baerstchi et celui qui se cache derrière PLT. Au moins on y verrait clair et on aurait pas l'impression que les journalistes nous prennent pour des ignards!
En tout cas merci à tous ceux qui interviennent sur ce blog, c'est top!
N'a-t-on pas à l'instar de la France un collectif qui pourrait inciter les jeunes à voter en leur indiquant que c'est eux qui feront infléchir la courbe de progression de l'ogre UDC qui, grâce à ses slogans populistes mettra en place une économie qui ne fera pas de cadeaux aux plus défavorisés qui viennent de voter en masse contre un parti qui, en finalité, dessert leurs intérêts?
Ces nouveaux UDCistes ex-socialistes, radicaux ou PDC, qui vieillissent et sentent monter en eux ce sentiment d'insécurité factice engendré par la presse gratuite et les médias populistes sont les seuls à voter.
Réveillez-vous collectif de gauche ou de droite afin de faire voter les jeunes !!
Qui aura cette influence ici en Suisse pour parler aux jeunes désintéressés de la politique ? Eric Stauffer le gouailleur ? Jean-Pierre Jobin, le fêtard ? Jean Ziegler ? Charles Poncet ? Pierre Maudet ? Antonio Hodgers ?
Reste à trouver une idole des jeunes qui fera voter nos désintéressés de la politique qui s'occupent plus volontiers des résultats de foot et de rugby que de leur avenir.
Réagissez partis de tout bord !! Trouvez un élément aussi médiatique que le tribun zurichois. C’est lui qui changera la carte politique de Romandie ou de Genève tout du moins.