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Rechercher : Laïcité

  • Bayrou, le péché, le délit et la laïcité

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    (*) : Genevois Pluriels (La Ville frontière) sort la semaine prochaine en DVD (dans tous les bons magasins) et la semaine suivante en salle (Fonction cinéma au Grütli les 23,26 et 27 dans un premier temps). Le film double dresse un état des lieux de la région et de ses problèmes. Il en interviewe également les principaux intervenants. En plus d'en reconstituer les principaux épisodes historique, dans un film d'introduction: "Comment l'Esprit vint à Genève".

    bayrou.jpgJ'ai entendu hier matin quelques déclarations de François Bayrou sur France culture, notamment le positionnement de ce chrétien déclaré par rapport à la laïcité. Je résume de mémoire les propos de cet indépandant qui ne laisse pas indifférent et que la France ferait bien d'adopter:

    L'avancée de l'Occident, dit-il - il n'est pas de ceux qui pensent que l'Europe est à l'origine de tous les maux du monde - c'est d'avoir séparé le péché et le délit. Au prêtre le premier, au juge le second.

    Le premier appartient au monde de la foi, le second au domaine de la loi. Que l'Europe soit le berceau de cette règle le remplit de fierté et donne, poursuit-il, au citoyen et au croyant une double liberté: celle, pour le premier, de ne pas devoir son statut aux hommes de l'église, du temple ou de la mosquée, celle, pour le second, d'être libéré de la compromission que trop longtemps l'autel a accordé au trône.

    Disons tout de même que c'est un homme - aie c'est politiquement incorrect -, mort il y a déjà un certain temps mais vivant de tout temps, et un juif - ouh là là! - frère de Muhammad, vu qu'Abraham est leur ancêtre commun, un homme donc, qui a rendu sa pièce à César et est accessoirement, subsidiairement et essentiellement, avant nos décroissants, le pape de la sobriété.

    Parmi quelques autres Français que j'aime bien - il y en a beaucoup - il a trois blogueurs: Philippe Souaille, double migrant, qui sort ces jours deux étonnants films* sur Genève, son histoire et sa région, Rémi Mogenet qui me fait découvrir les mystères de la Savoie (haute et basse) et qui sera aà Esperluette le salon du livre de Cluse dimanche 20 et Antoine Vielliard, critique toujours pertinent du Grand-Genève et de son coeur.

  • La fête de la laïcité. Opportune?

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    A l'occasion du 100e anniversaire de la séparation de l'Eglise et de l'Etat de Genève , le parti radical annonce une fête de la laïcité le 28 juin au restaurant du Parc des Bastions. "En présence de prestigieux invités", précise l'invitation.  Qui sont donc les prestigieux? Couchepin peut-être, Mgr Genoud, évêque de Genève, ou Hafid Ouardiri, reconverti dans la libre pensée après son licenciement de la Mosquée?

    Notez qu'on parle toujours de la séparation de l'Eglise (au singulier) et de l'Etat. A Genève on se demande donc de quelle église la République s'est séparée en 1907. Sûrement pas de l'église catholique romaine. En effet, celle-ci avait été "privatisée" plus de 30 ans plus tôt par le régime du radical Carteret. Un épisode peu glorieux de l'histoire de notre République.

    Rappelons les faits. En 1873, Rome fait mine de rétablir un évêque à Genève en nommant le Carougeois Mermillod vicaire épiscopale. L'affaire enflamme la Suisse et la précipite dans le Kulturkampf qui fait rage en Allemagne entre Bismark et le Zentrum (le parti des catholiques). Le Conseil fédéral expulsa Mgr Mermillod. A Genève, Carteret interdit aux catholiques l'accès à leurs lieux de culte, une manière de confiscation de leurs biens.

    Les catholiques romains vivaient donc la séparation de fait depuis plus de 30 ans, quand le peuple genevois vota le 15 juin 1907, du bout des lèvres - c'était la troisième tentative - la rupture des liens organiques et naturelles entre les institutions religieux et la République. Ironie du sort, c'est à la suite de cette votation que les paroisses catholiques recouvrèrent partiellement la propriété des biens confisqués, à condition qu'ils soient affectés au besoin du culte.

    La séparation libéra donc de la tutelle politique non pas l'Eglise romaine, mais l'Eglise de la Rome protestante (nommée alors nationale protestante) et l'Eglise catholique chrétienne, forgée de toute pièce par le Conseil d'Etat, dans laquelle le pouvoir politique radical voulait enrégimenter tous les catholiques du canton restés fidèles à Rome.

    Les défenseurs de la liberté de conscience n'étaient alors pas dans le camp que l'on croit. On vit plusieurs maires (ils étaient alors nommés par le Conseil d'Etat) destitués pour avoir refusé d'obtempérer aux ordres iniques du gouvernement. Privés de leurs églises, les catholiques se réunirent dans des granges puis construisirent des chapelles privées (dites de la persécution), dont il reste un témoignage à Collex (photo) . Il fallut attendre la mort du controversé chef radical, le 28 décembre 1889, pour que la paix confessionnelle revienne à Genève.

    Un mot encore. La séparation genevoise de 1907 ne fut pas la victoire des anticléricaux contre les papistes comme ce fut le cas en France deux ans plus tôt. Mais le souhait, au contraire, des protestants libéraux, auxquels se sont associés les catholiques romains. On vit même des anticléricaux voter contre la séparation afin de maintenir une tutelle politique sur les Eglises et un droit de regard notamment sur la nomination des prêtres et des pasteurs. La question divisa alors tous les partis politiques.

    Faut-il en fêter la séparation cent ans plus tard?

    Je préfère la proposition des Fac de droit, de lettres et de théologie de l'université qui invite à réfléchir à "Un siècle de séparation des Eglises (aux pluriels) et de l'Etat" les 8 et 9 juin prochain.

  • Montée à Jérusalem: la laïcité en question

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    C'est le Groupe citoyen "culture religieuse et humaniste à l'école laïque" qui organise la manifestation. L'occasion de faire le point sur l'évolution du paysage religieux en Suisse et à Genève, ainsi que sur les travaux engagés pour renforcer un enseignement laïque du fait religieux dans le respect des croyances et des traditions de chaque élève. Ouf, il fallait le dire. A Genève, tout particulièrement, il faut prendre des gants dès que l'on aborde le fait religieux.

    Les questions sont connus et mille fois ressassées: Comment mieux prévenir les risques de dérives communautaristes dans un canton aussi multiculturel que Genève, où cohabitent des hommes et des femmes de cultures religieuses et de traditions très différentes? Pourquoi les élèves doivent-ils acquérir une meilleure connaissance des faits religieux en tant que réalités culturelles et historiques? De quoi les enseignant-e-s doivent-ils être pourvus pour être en mesure d'informer et de former les élèves dans le respect des croyances et des traditions de chacun-e?

    On entendra donc sous la houlette d'Isabelle Moncada, journaliste à la TSR, Charles Beer, le patron de l'Instruction publique,Shafique Keshavjee, écrivain et professeur de théologie œcuménique et théologie des religions à l'Université de Genève, Nicole Durisch Gauthier, ancienne directrice du Centre intercantonal d'Information sur les croyances (CIC), professeure formatrice en didactique de l'histoire et des sciences des religions à la Haute école pédagogique du canton de Vaud et Andrea Rota, assistant de recherche à la chaire de Science des Religions de l'Université de Fribourg et collaborateur du programme national de recherche "collectivités religieuses, Etat et société".

    fête des rameaux.jpgEntre onze heures et midi le dimanche des Rameaux la météo résume le temps de l'année. Un vieux dicton que me rappelait ma grand mère quand elle ramenait des brassées de buis coupé dans le petit bois du voisin. Depuis j'observe le ciel de ce dimanche d'un regard mi intrigué mi curieux de cette trace d'animisme qui forgeait encore le vécu de nos ancêtres naguère.

    Un jour avant cette fête religieuse qu'une infime minorité de Genevois honorera de sa présence, le très laîc Département de l'Instruction publique rouvre le dossier chaud de la religion à l'école. "Quelle place pour les questions religieuses dans l'école laïque?" sera le thème d'un débat que les courageux citoyens - seront-ils plus nombreux que les chrétiens - convoqué en l'auditoire Jean Piaget d'Uni-Dufour ce samedi 4 avril de 9h30 à 12h.