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  • Loi sur la laïcité: un nouveau Kulturkampf

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    Fazy qui prit le pouvoir et forgea la République moderne de Genève, en 1847, était un libéral. Il octroya aux communautés religieuses ou assimilées des parcelles gagnées sur les fortifications qui enserraient la ville haute. C'est ainsi que sortirent de terre la basilique Notre-Dame, l'église russe, la synagogue et le temple maçonnique de Plainpalais (devenue plus tard église du Christ Roi). 

    Une génération plus tard, les radicaux étaient devenus anticléricaux. Face à une papauté qui croyait encore pouvoir imposer la loi de Dieu aux catholiques et aux Nations en voie de constitution, les Républicains n'eurent de cesse de défendre la loi civile pour libérer ces âmes de l'emprise de l'Eglise (l'opium du peuple). S’ouvrit alors à Genève quelques épisodes du Kulturkampf. la lutte des libéraux contre l'obscurantisme ultramontain. 

    L'événement du baptême à la  baïonnette marqua durablement les esprits à Compesières. A l'époque, les radicaux avaient exigé que les prêtres prêtent allégeance à la République. Certains refusèrent et restèrent fidèles à Rome. C'est alors qu'un citoyen de Carouge se mit en tête de faire baptiser son enfant à Compesières, une pure provocation destinée à montrer qui du sabre ou du goupillon avait le dernier mot. Par deux fois, les maires de Bardonnex refusèrent d'ouvrir l'église et furent destitués par le Conseil d'Etat. La troisième tentative se fit sous la protection de la gendarmerie. On perça un bas-côté de l'église. Et le gamin fut baptisé par un curé officiel. 

    Pendant plus de 20 ans plusieurs églises rebelles furent fermées ce qui obligea les populations à construire des chapelle de fortune pour y célébrer le culture catholique romain. Tandis que dans les églises officielles se déroulaient le culte vieux-catholique ou catholique chrétien. 

    Avec le pape Léon XIII, l'église commença sa mue moderniste et sociale qui s'est poursuivie à Vatican II et n'est toujours pas achevée. Au tournant du siècle, la paix religieuse était revenu et fut consacré par la première loi de laïcité du pays, laquelle sépara l'Etat des églises. 

    Les deux guerres mondiales du XXe siècle, l'irruption du communisme et la colonisation dévalorisèrent aux yeux du monde les fondamentaux de l'Occident: la liberté, l'égalité, la fraternité, hérités du judéo-christianisme et des philosophes n'étaient que des chiffons de papier, de beaux discours. 

    Confrontés à l'horreur, des chrétiens de diverses confessions travaillèrent au rapprochement, à un vivre ensemble pacifié connu. Ce fut l’œcuménisme dont Genève fut et est un flambeau. 

    issus d'un événement vieux de 2000 ans, les chrétiens n'étaient enfin plus une menace pour la République.

    Survient l'islam qui n'en est qu'à son XVe siècle d'histoire. Le XVe siècle, le temps de la Réforme chez les chrétiens, le temps des guerres de religion. 

    L'islam ne tolère aucune séparation entre l'Etat et les Eglises. La loi de Dieu est la loi des hommes. Il n'y a pas d’échappatoire possible. Les mécréants sont soumis. Les apostats tués. La menace pour la République est évidente. 

    Il faut donc une fois encore affirmer le primat de la loi civile sur la loi de Dieu et ses affidés. Et c'est ainsi que la loi genevoise sur la laïcité contraint les musulmans à se déposséder des signes distinctifs de leur foi lorsqu'ils sont fonctionnaires au guichet, auprès des malades à l'hôpital, dans les services sociaux ou dans les classes d'école et même - proposition discutable - simplement élus.

    C'est le Kulturkampf du XXIe siècle. 

    N'en doutons pas, tout comme Compesières fut hier le haut lieu du baptême à la baïonnette, Meyrin, Onex ou Genève seront demain les hauts-lieux d'actions d'agitation et de propagande de la part de quelques femmes voilées qui voudront tester l'autorité civile en portant le voile.

    Je voterai oui à la loi sur la laïcité. Par défaut. Ce n'est pas une loi parfaite, mais les Constituants ne nous ont pas laissé le choix. Et Pierre Maudet s'est laissé prendre au piège de la boîte de Pandore. 

    Personnellement, ça ne me gênerait pas qu'une enseignante ou une fonctionnaire porte le voile et un enseignant la barbe quoique ce signe est moins distinctif. Mais l'air du temps est à la défense de la République et de la démocratie, partout assaillie par les fondamentalismes, qui ne sont pas que religieux. 

    Le mal en effet ne réside pas dans le fait de croire à une foi ou une idéologie, il réside dans l'instrumentalisation que font les puissants, les intellectuels de la juste interprétation du guide et de ses écrits et des contraintes qu'ils exercent sur les croyants au nom de leur orthodoxie. 

    meque.jpgJe suis né dans la commune de Bardonnex, qui fut jusqu'en 1851 commune de Compesières (incluant Plan-les-Ouates et Perly). Un fief catholique détaché de la Savoie en 1816 et rattaché à la ville de Genève et à ses mandements - les anciennes propriétés de l'évêque de Genève, nationalisées lorsque les protestants devinrent maître de la cité, la purgeant des catholiques (sauf l'ambassadeur du roi de France, ami des Genevois, qui avait son abbé intra muros)... 

    Ce moment compte dans l'histoire genevoise de la laïcité et dans la loi idoine, soumise au vote ce 10 février, tout comme la prise de pouvoir de James Fazy en 1847, le Kulturkampf, sauce genevoise, de 1870 à 1895, la loi du 15 juin 1907 sur la séparation de l'Etat et des Eglises et la nouvelle constitution de 2012. 

     

  • Bernard Favre lance un Kulturkampf via Facebook

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    "Les Suisses qui ont voté l'interdiction des minarets ont donné la mauvaise réponse à la mauvaise question, écrit Bernard Favre. Probablement parce que le gouvernement, les partis et les organisations économiques ne se sont pas assez engagés pour expliquer l'enjeu. Vous voulez relancer immédiatement le débat sur la laïcité, la liberté religieuse et l'intégration? Ce groupe vise à créer une association pour lancer une initiative populaire pour remettre en question le vote du 29 novembre. Et trouver de vraies pistes pour l'intégration et la tolérance."

    Une bien belle initiative à laquelle je ne peux qu'adhérer. Encore que ce Kulturkampf pour la laïcité ne me paraît pas répondre aux inquiétudes que les Suisses ont majoritairement exprimées ce dimanche dans les urnes. Il y a un siècle et demi les radicaux étaient à la tête d'un autre Kulturkampf dont la cible était les adeptes du culte catholique romain.

    Le minaret est certainement l'arbre qui cache la forêt. Plutôt que de dénoncer un vote aveugle, les leaders politiques confis dans leurs convictions feraient mieux d'analyser l'inquiétude des Suisses. Anamnèse délicate car elle porte sur la nature-même de l'islam et plus particulièrement de la lecture fondamentaliste du Coran qui domine actuellement le monde.

    Les Suisses s'inquiètent de ces prétentions qui sont celles des imams de s'arroger le droit de modeler la sphère publique et de stigmatiser les adeptes qui ne choisiraient pas les comportements et des tenues vestimentaires orthodoxes. C'est le cas des femme qui sont tenues en état de sujétion par rapport à l'homme.

    Cet esclavage qui ne dit pas son nom nie un des fondements de notre culture issue du christianisme et des philosophes et qui charpente désormais le vivre ensemble en Europe.

    L'islam doit se réformer. Mais seuls les musulmans pourront le réformer. Je doute qu'une nouvelle initiative change quelque chose à cette lecture de l'islam par les musulmans eux-mêmes. Pire elle risque de mettre les musulmans modérés dans une situation périlleuse.

    Favre.jpgBernard Favre m'invite à participer au groupe "Né un 30 novembre", qu'il vient de créer sur Facebook. Ancien journaliste à la Tribune de Genève, ancien secrétaire général du parti radical genevois, ce Valaisan est actuellement secrétaire adjoint du Département de la Solidarité et de l'Emploi et, à ce titre, homme des missions spéciales de François Longchamp. Le conseiller d'Etat radical deviendra le 7 décembre président du gouvernement genevois. Comment interpréter l'action de son bras droit?

    Comme une action citoyenne lancée dans l'émotion d'un vote populaire. Bernard Favre lance un Kulturkampf pour la laïcité. Il propose de corriger aussi vite que possible le vote des Suisses contre les minarets de ce dimanche. Un vote certes honteux, un vote contraire à notre Etat de droit et à la Convention européenne des droits de l'homme. Un vote de peur, mais aussi un vote protestation.

    Protestation des Suisses, qui ont saisi l'occasion sans frais, d'exprimer leur avis contre une pensée figée et inégalitaire. Protestation des femmes surtout, qui, peut-être plus que les hommes - les analyses sociologiques du vote nous le diront - ont exprimé le ras-le-bol du double langage des leaders musulmans, mais aussi des hommes musulmans qui continuent de tenir les, leur(s) femmes pour quantité négligeable.

  • Schwaller victime du Kultukampf?

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    Il s'agit pour les libéraux de soustraire les catholiques à l'influence vaticane et à supprimer la tutelle religieuse sur la politique. Les tensions s'apaiseront avec la séparation des Eglises et de l'Etat en 1905 en France en 1907 à Genève.

    Plus d'un siècle plus tard, Rome n'a plus autant de puissance sur les âmes, mais l'anticléricalisme n'est pas mort, toujours prompt à se mobiliser. Avec vigueur parfois, comme à Genève, lorsque l'Eglise catholique a voulu in ériger à nouveau un évêché.

    Et bien, à en croire Christian Levrat, cette vieille querelle fera peut-être demain matin la différence entre le protestant radical Burkhalter et le catholique PDC Schwaller. Il est vrai qu'à part ce détail, pas grand chose d'autres ne sépare le Fribourgeois du Neuchâtelois.

    levrat 19.30 15 sept 09.jpg"Ite missa est!" comme dirait Pascal Décaillet. Vingt-cinq socialistes voteront pour le PDC Schwaller, une quinzaine pour le radical Burkhalter. Les jeux sont-ils faits? On peut penser en effet que la messe est dite.

    Ce qui laisse songeur, mais en dit long sur la Suisse profonde, c'est l'argument évoqué ce soir au 19:30 par le président fribourgeois du Parti socialiste suisse. Certains socialistes- a-t-il dit en substance, voteront contre Urs Schwaller en "raison de convictions profondes qui datent du Kulturkampf". Le Kulturkampf? L'événement remonte aux années 1870.

    Une génération après la crise du Sonderbund qui faillit se transformer en guere civile entre les cantons montagnards catholiques, conservateurs et les cantons urbains, radicaux et républicains et se termina par la prise du pouvoir des radicaux à Berne et dans plusieurs cantons, la déclaration de l'infaillibilité pontificale au Concile Vatican I provoque la rupture avec Rome des catholiques chrétiens. Politiquement les radicaux enfoncent le clou dans la chair des papistes. Là où le Freisinn est majoritaire, comme à Genève, il soutient la dissidence des catholiques libéraux. Rome se raidit alors dans une position très opposée au modernisme, aux régimes républicains démocratique, volontiers anticléricaux, à l'émergence du socialisme et de la pensée marxiste.

    Cet anticléricalisme plus ou moins combatif est au coeur du Kultukampf.