Le débat qui a vu s'affronter les onze candidats au Conseil d'Etat genevois sur la RTS Deux est donc allé crescendo ce soir, dans la thématique, dans l'assemblage des adversaires, dans la dynamique en trois tiers temps. Trois tiers temps sans temps morts, sans arrêts de jeu, sans pénalités, sans arbitres, presque sans pauses.
Le premier tiers est sans intérêt. Les adversaires sont à cran. Le débat sur le social et l'emploi, qui oppose Anne Emery-Torracinta, Luc Barthassat, Isabel Rochat et Mauro Poggia tourne vite à un tir à vue contre le MCG. La partition dit: il faudra bien qu'on s'entende une fois élus, les interprètes éructent des lieux communs, presque des invectives: ça commence mal. Bien des téléspectateurs ont dû zapper.
Le deuxième tiers temps consacré à l'intégration et à la mobilité est un peu plus serein. C'est l'UDC Céline Amaudruz qui est la cible des trois autres, le ministre de l'urbanisme François Longchamp explique à la jeune conseillère nationale combien le CEVA va révolutionner les transports en commun à Genève, le PDC Serge Dal Busco peaufine son côté ingénieur qui maîtrise, tandis que le Vert Antonio Hodgers... zut, mais qu'a-t-il donc dit.
Le feu roulant des prises de parole empêche de réfléchir. Le dernier tiers consacre Maudet. Le voilà condamné à demeurer ministre de la Police jusqu'en 2018. Sera-t-il président du Conseil d'Etat durant toute la durée de la prochaine législature puisque les constituants l'ont ainsi voulu? Il est sans conteste celui dont le discours est le plus achevé, le mieux poli. Mais l'animatrice n'a pas évoqué cette question de la gouvernance nouvelle à Genève. On n'a pas parlé non plus finances, ni économie, ni santé, ni formation. Pourtant la formation matinée d'éducation restent la clé maîtresse de l'accès à l'emploi, de l'intégration et de la citoyenneté.
NB: Mercredi soir à Uni-Dufour, on reprend les mêmes et c'est la Tribune qui mène le débat.
La criminalité recule à Genève. Sur le plateau de la seconde chaîne de la télévision publique de Suisse romande, le ministre de la Sécurité, Pierre Maudet, n'en tire pas profit. Il joue la continuité, prône l'action quotidienne sur le terrain, l'unité du ticket de l'Entente jusqu'à associer Isabel Rochat à son succès.
Le benjamin du gouvernement genevois, mais sans doute le politicien le plus chevronné du canton, le sait: la sécurité est paradoxalement le seul point positif du bilan en demi teinte du gouvernement genevois sortant. Surprise, Eric Stauffer, lui même, reconnaît les progrès. Au point que le tribun d'Onex s'inscrit soudain en retrait par rapport à son colistier, Mauro Poggia, qui a dû batailler ferme face à un Barthassat égal à lui-même.
Autre surprise, celui qui tire les marrons du feu du troisième tiers temps, c'est le socialiste Thierry Apothéloz. Le conseiller administratif de Vernier, le plus inconnu des onze candidats à l'élection du gouvernement le 10 novembre, démontre en quelques affirmations qu'il sait, lui aussi, être un pragmatique, un homme de gouvernement capable de mettre de côté son idéologie.