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Rechercher : Laïcité

  • Dieu était présent au Grütli

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    A Genève, la fête du 1er Août a longtemps été qu'une manifestation marginale. Je me souviens, enfant, être monté quelque fois au château d'eau de Landecy, point culminant de la commune de Bardonnex, où la mairie organisait alors un feu de joie, sans tambour ni trompette ni feux d'artifice. Mais le plus souvent on restait à la maison. 

    Au crépuscule, le maire prononçait un discours de circonstance à la lumière des lampions. On allumait le feu, dont les bûchilles éteignaient les étoiles. On chantait «Ô monts indépendants» et la «Prière patriotique». Puis, dans le silence de la nuit, chacun rentrait chez soi, préoccupé par les moissons qui avait lieu alors entre la fin juillet et le début août.  Aujourd'hui, Bardonnex se distingue en organisant la Fête nationale le 31 juillet. Une coquetterie qui a pour origine la demande  de l'amicale des pompiers, qui fait griller les saucisses et tient la buvette, et des Dames paysannes, qui vendent les tartes aux abricots et qui, très majoritairement, n'ont plus de lien avec la production agricole. Ces deux associations peuvent ranger tranquillement leurs stands le lendemain, jour férié depuis 1994.

    Aujourd'hui, dans toutes les communes ou presque, on tire des feux d'artifice, mais l'esprit de la manifestation demeure: le maire et un invité prononcent les discours officiels, on confie à un enfant la lecture du <a href="https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/conseil-federal/histoire-du-conseil-federal/pacte-federal-1er-aout-1291.html?lang=fr">Pacte de 1291</a>. On allume le feu de joie. Le Cantique suisse a remplacé le «Ô monts indépendants» dont la musique est celle du «God save the Queen». La cérémonie garde un sens religieux prononcé, dans ce pays où les rapports entre les protestants et les catholiques n'ont pas donné lieu aux tueries qui ont ensanglanté des nations voisines.

    A Genève, un des rares cantons de la Confédération à avoir officiellement séparé les Eglises et l'Etat (en 1907) et à avoir inscrit le principe de la laïcité dans sa constitution (en 2012), les religieux ne figurent plus dans aucune manifestation publique. En Pays de Vaud voisin, le pasteur ou le curé ou les deux selon les communes, participent à la cérémonie à côté du syndic. 

    Cependant, selon Patrick Baud, modérateur de la compagnie des pasteurs de l'Eglise protestante de Genève (EPG), il y a une dizaine d'années encore, les autorités politiques assistaient à la commémoration organisée par les trois Eglises chrétiennes à la cathédrale Saint-Pierre à laquelle elles ont toujours été invitées. Elles n'y répondent plus, constate sans commentaire, le pasteur de l'Eglise protestante qui présidera la cérémonie de ce 1er Août 2015 à 18 heures. 

    Pour le religieux qui s'est confié au service de presse de l'EPG, «la signification de cette cérémonie se rapporte vraisemblablement au préambule de la Constitution qui commence par «Au nom de Dieu Tout-Puissant!». Il s’agit de rappeler ce dans quoi s’ancre la Constitution et son histoire». «Lorsque les trois cantons primitifs ont signé le pacte, Dieu ne pouvait pas être absent de leur dessein, c’était grâce à Lui que l’alliance pouvait fonctionner», ajoute le modérateur.

     

    brunnen.pngLes historiens sont pour la plupart d'accord avec le fait que le 1er Août 1291 n'est pas la date de naissance de la Suisse. Longtemps le Pacte de 1315 fut l'acte constitutif de la première Confédération. Le document a été scellé à Brunnen au lendemain de la bataille de Morgarten, dont Schwyz et Zoug, qui se disputent le lieu exact de l'événement, vont commémorer le 700e anniversaire le 1er novembre prochain. 

    Qu'importe, l'histoire est faite de symboles et de rites. Quasi religieux. Le 1er Août est désormais ancré dans l'imaginaire des Suisses d'autant plus fortement que la mondialisation galopante les déboussole. La manifestation a été créée à la fin du XIXe siècle, à l'occasion du 600e anniversaire de la Confédération, en pleine montée du nationalisme. 

  • Je le jure, je le promets, je m'y engage

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    A ce propos, je note que les Verts et leurs affidés, remplis de la peur du réchauffement climatique et de l'espoir que le monde post-covid doit être différent, semblent prêts à s'aligner derrière les méthodes de l'ukase, du décret, de l'ordre: qui pour tracer des pistes cyclables nuitamment et chanter leurs louages dans une procession endiablée, qui pour taxer les avions, bannir les autos de la ville, contraindre les restaurants des écoles à s'approvisionner local, relocaliser les ateliers de production selon le mantra de Suzanne de Treville dans Migros Magazine et dans SwissInfo, nourrir la veuve et l'orphelin clandestin,  bref, comme le dit le patron protégé des SIG, cibler "la sobriété heureuse".

    Gardons-nous de ces docteurs des yaka et des faukon! Il faut certes changer, car un monde de bientôt huit milliards d'êtres humains et d'autant de rats ne se gère évidemment pas comme si nous n'étions que deux milliards, la population du globe en 1927 (fin des années folles et veille du temps des passions). Il faut évidemment réduire notre empreinte carbone et nos emprunts sur les ressources rares et aujourd'hui non renouvelable faute d'avoir mis au point les organisations et inventé les techniques de l'économie circulaire si chère aux chantres de la durabilité qui emplissent notre cathédrale et à leurs experts, ingénieurs et éthiciens qu'ils convoquent en nombre à leur chevet avant de planter le moindre clou, tel les diafoirus du Malade imaginaire.

    Un peu de sobriété ne peut donc nuire. Bien au contraire. Reste à résoudre l'équation de l'emploi et de la création de la valeur ajoutée utile. Les médecins sont comme les carrossiers, ils vivent du malheurs des autres.

    ***

    Aux 137 conseillers administratifs (il s'agit bien d'administration, à Genève la politique est en principe réservée au canton compte tenu des faibles responsabilité dévolues aux communes, mais  les élus n'en ont cure et n'ont de cesse de se monter le bobéchon), s'ajoutent les 498 magistrats du pouvoir judiciaire dont l'élection - jusqu'à celle du puissant et redouté procureur général - fut tacite. Notre démocratie est vieille, respectable mais essoufflée. 

    Nos 137 magistrats n'auront pas la tâche facile. 

    Combien parmi eux vont-ils oser réviser le budget 2020 de leur commune? Prenons celle de Meyrin et du Grand-Saconnex qui se partagent l'aéroport de Genève. A combien va se monter la perte fiscale du site qui fait la fortune de Genève? Que serait notre région sans l'aéroport? 

    Et celle de Plan-les-Watches, ma chère voisine? Comment va-t-elle faire face? Certes, son tissu industriel est vaste et diversifié et ses réserves bien grasses.

    Ce matin, je reçois la vision 2020-2025 des nouvelles autorités de Lancy. Une belle initiative qui ne mange pas de pain. Le document est bref et sans surprise. Rien qui ne puisse fâcher personne. Un programme sans aspérité qui promet des plus et aucun moins. Formidable, dirait un ancien conseiller fédéral.

    Et les autres? Que vont-elles faire? Vivre à crédit? Dans un premier temps, c'est sans doute inévitable et même vertueux. Rajouter des coupes claires pour équilibrer les budgets seraient augmenter encore la crise économique qui menace partout. Néanmoins, il faudra bien dans l'élaboration des plans financiers quadriennaux finir par équilibrer les comptes. 

    maire echarpe etroit.pngA Genève, les croyances s'afficheront tantôt à la cathédrale Saint-Pierre, où les 137 magistrats des communes (moins un: ma commune pleure le décès subit de Daniel Fischer, élu adjoint au premier tour le 15 mars, dont nous garderons le meilleur souvenir) vont prêter serment dans un édifice dévolu depuis 1535 au culte protestant, mais, laïcité oblige, réduit à l'état civil le temps de la cérémonie. Cathédrale de Genève, qui ce samedi de Pentecôte devait accueillir la première messe catholique depuis la Réforme à l'invitation de la paroisse Saint-Pierre-Fusterie, si la diablesse covid ne s'en était pas mêlée. Espérons que l'esprit soufflera.

    Une bible néanmoins est ouverte devant les magistrats. Sur quoi d'autre prêter serment? Sûrement pas sur le Coran qui fait des femmes et des infidèles des sous-hommes. Sur la Déclaration des droits humains? C'est oublier qu'elle n'a été universelle que dans les discours et encore. Tant de nations l'ignorent et la foulent au pied, allant désormais jusqu'à la défier et à prétendre que leur régime dictatorial vaut mieux - dans la lutte contre le corona virus - que la démocratie, confortant sur tous les continents les pouvoirs forts et les nomenklaturas.

  • Un nouveau Grand Conseil à Genève?

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    Ce qu'il faut à Genève ad minima, ce n'est pas un renversement de la majorité, que la gauche réclame au Conseil d'Etat seulement - c'est dire l'inanité d'une telle revendication - c'est la constitution d'une majorité solide et durable au parlement. Solide et durable, cela implique que la majorité du corps électoral qui l'aura constituée le 15 avril prochain ne retourne pas sa veste au premier référendum venu, comme ce fut le cas au printemps 2014 quand les Genevois rejetèrent un modeste cofinancement des parkings d'échange à hauteur de 3,5 millions.

    En fait, la démocratie genevoise est très malade. 

    L'ordre du jour dithyrambique du parlement en est un signe. Le parlement vaudois avait défrayé la chronique au printemps dernier en annulant quelques jours de session faute d'objets à moudre... Il est vrai que nos députés sont les seuls en Suisse à pouvoir pondre tout seul des textes de loi. Ceci explique cela. 

    La prolifération des listes et des candidats - 621 pour 100 sièges  au Grand Conseil, 31 pour sept fauteuils au Conseil d'Etat - est un autre des symptôme. Quand les sapins meurent, ils multiplient les pives (il y en a qui portent du fruit, d'autres sont stériles). N'importe qui peut se prétendre un bon député ou un bon Conseil d'Etat. Comme l'écrit dans Scripta volent un des blogueurs les plus chevronnés du forum des blogs de la Tribune, il n'y a que deux fonctions pour lesquelles on n'exige ni formation ni examen: celle d'être maire et celle d'être élu. 

    La démocratie genevoise est un beau discours.

    Faut-il rappeler que plus de 40% des habitants de ce canton n'ont rien à dire parce qu'étrangers. Faut-il souligner le paradoxe qui fait qu'un nombre inconnu de Genevois, pour quelques-un forcés de migrer en France voisine, peuvent voter et même se faire élire au parlement cantonal, ce qui n'est évidemment pas le cas des Genevois et Confédérés qui ont dû migrer dans le canton de Vaud, faute de trouver un logis proche de leur travail.  Et ce qui n'est pas le cas non plus, évidemment, des travailleurs frontaliers non suisses qui, tous, contribuent à la prospérité de Genève et y paient leurs impôts (sauf ceux qui habitent Vaud, canton qui refuse toujours de rétrocéder la moindre parcelle de cette fortune délocalisée)? 

    On n'évoquera qu'en passant le fait que le taux de participation, dimanche prochain, ne devrait pas franchir la barre des 50%. Autrement qu'un électeur sur deux se fiche de comment la République est gouvernée et comment elle collecte et dépense près de 9 milliards de francs par année ou trouve le choix trop compliqué ou la campagne d'information trop biaisée, trop simpliste, trop...

    On n'insistera pas non plus le poids de la fonction publique cantonale (bien supérieur à celle des autres cantons en raison de la faible importance des communes à Genève). Elle est très largement surreprésentée au sein du parlement, notamment parce que les députés, employés de la fonction publique sont au bénéfice de jours de congé pour exercer leur mandat. Non contente d'investir le Grand Conseil, elle n'hésite pas - du moins ses membres syndiqués - à descendre dans la rue et à faire grève dès que la moindre parcelle de son statut risque d'être écorné. Combien d'autres travailleurs ont-ils les mêmes pouvoirs?

    Les femmes sont certes sous représentées - elles n'ont pas de temps à perdre. Les jeunes le sont bien davantage encore. Un autre blogueur fait campagne en soulignant que le secteur industriel phare du canton, l'horlogerie, ne compte aucun élu au Grand Conseil. On y trouve un nombre disproportionné de médecins, d'avocats, de paysans.

    Ces maladies endémiques sont connues.

    La Constituante n'a rien fait pour l'en délivré. L'Université n'a conduit aucun étude à ce sujet. Les présidents du parlement qui se sont succédé n'ont pas laissé, à notre connaissance, de traces mémorables pour réformer l'institution. Les partis sont muets. Et les citoyens cois.

    Dans le secret de votre table familiale, faites les bons choix!

    NB: Quelques idées pour réformer le Grand Conseil dans un prochain blog

    grand conseil 2013.jpg

     

    pive.jpgDans moins d'une semaine, la composition du Grand Conseil de la République et Canton de Genève, le deuxième de l'ère de la Constitution de 2012, sera connue. Bien malin qui peut en deviner la couleur, bien audacieux qui ose un pronostic. 

    Une seule chose est certaine: le Grand Conseil genevois est depuis des lustres champion suisse de la langue bien pendue. Le prochain ne risque hélas pas de perdre ce trophée. La dernière session a été  presque entièrement consacrée à coudre une modeste loi sur la laïcité sans arriver à terme. Il n'y a pas une session qui ne s'ouvre sans un bouleversement de l'ordre du jour en raison des points urgents que le Conseil d'Etat réclament ou des délais de traitement qui sont dépassés. 

    L'efficacité du Grand Conseil genevois est médiocre. Qui en a fait le bilan? A-t-on entendu des nostra culpa?

    Faut-il balayer tous les députés sortants? Est-on bien sûr qu'un parlement 100% neuf ne sera pas très vite englué dans les mêmes travers?