Je le jure, je le promets, je m'y engage (27/05/2020)

maire echarpe etroit.pngA Genève, les croyances s'afficheront tantôt à la cathédrale Saint-Pierre, où les 137 magistrats des communes (moins un: ma commune pleure le décès subit de Daniel Fischer, élu adjoint au premier tour le 15 mars, dont nous garderons le meilleur souvenir) vont prêter serment dans un édifice dévolu depuis 1535 au culte protestant, mais, laïcité oblige, réduit à l'état civil le temps de la cérémonie. Cathédrale de Genève, qui ce samedi de Pentecôte devait accueillir la première messe catholique depuis la Réforme à l'invitation de la paroisse Saint-Pierre-Fusterie, si la diablesse covid ne s'en était pas mêlée. Espérons que l'esprit soufflera.

Une bible néanmoins est ouverte devant les magistrats. Sur quoi d'autre prêter serment? Sûrement pas sur le Coran qui fait des femmes et des infidèles des sous-hommes. Sur la Déclaration des droits humains? C'est oublier qu'elle n'a été universelle que dans les discours et encore. Tant de nations l'ignorent et la foulent au pied, allant désormais jusqu'à la défier et à prétendre que leur régime dictatorial vaut mieux - dans la lutte contre le corona virus - que la démocratie, confortant sur tous les continents les pouvoirs forts et les nomenklaturas.

A ce propos, je note que les Verts et leurs affidés, remplis de la peur du réchauffement climatique et de l'espoir que le monde post-covid doit être différent, semblent prêts à s'aligner derrière les méthodes de l'ukase, du décret, de l'ordre: qui pour tracer des pistes cyclables nuitamment et chanter leurs louages dans une procession endiablée, qui pour taxer les avions, bannir les autos de la ville, contraindre les restaurants des écoles à s'approvisionner local, relocaliser les ateliers de production selon le mantra de Suzanne de Treville dans Migros Magazine et dans SwissInfo, nourrir la veuve et l'orphelin clandestin,  bref, comme le dit le patron protégé des SIG, cibler "la sobriété heureuse".

Gardons-nous de ces docteurs des yaka et des faukon! Il faut certes changer, car un monde de bientôt huit milliards d'êtres humains et d'autant de rats ne se gère évidemment pas comme si nous n'étions que deux milliards, la population du globe en 1927 (fin des années folles et veille du temps des passions). Il faut évidemment réduire notre empreinte carbone et nos emprunts sur les ressources rares et aujourd'hui non renouvelable faute d'avoir mis au point les organisations et inventé les techniques de l'économie circulaire si chère aux chantres de la durabilité qui emplissent notre cathédrale et à leurs experts, ingénieurs et éthiciens qu'ils convoquent en nombre à leur chevet avant de planter le moindre clou, tel les diafoirus du Malade imaginaire.

Un peu de sobriété ne peut donc nuire. Bien au contraire. Reste à résoudre l'équation de l'emploi et de la création de la valeur ajoutée utile. Les médecins sont comme les carrossiers, ils vivent du malheurs des autres.

***

Aux 137 conseillers administratifs (il s'agit bien d'administration, à Genève la politique est en principe réservée au canton compte tenu des faibles responsabilité dévolues aux communes, mais  les élus n'en ont cure et n'ont de cesse de se monter le bobéchon), s'ajoutent les 498 magistrats du pouvoir judiciaire dont l'élection - jusqu'à celle du puissant et redouté procureur général - fut tacite. Notre démocratie est vieille, respectable mais essoufflée. 

Nos 137 magistrats n'auront pas la tâche facile. 

Combien parmi eux vont-ils oser réviser le budget 2020 de leur commune? Prenons celle de Meyrin et du Grand-Saconnex qui se partagent l'aéroport de Genève. A combien va se monter la perte fiscale du site qui fait la fortune de Genève? Que serait notre région sans l'aéroport? 

Et celle de Plan-les-Watches, ma chère voisine? Comment va-t-elle faire face? Certes, son tissu industriel est vaste et diversifié et ses réserves bien grasses.

Ce matin, je reçois la vision 2020-2025 des nouvelles autorités de Lancy. Une belle initiative qui ne mange pas de pain. Le document est bref et sans surprise. Rien qui ne puisse fâcher personne. Un programme sans aspérité qui promet des plus et aucun moins. Formidable, dirait un ancien conseiller fédéral.

Et les autres? Que vont-elles faire? Vivre à crédit? Dans un premier temps, c'est sans doute inévitable et même vertueux. Rajouter des coupes claires pour équilibrer les budgets seraient augmenter encore la crise économique qui menace partout. Néanmoins, il faudra bien dans l'élaboration des plans financiers quadriennaux finir par équilibrer les comptes. 

08:04 | Lien permanent | Commentaires (0)