L'essentiel, c'est la raison qui a conduit la ministre et le ministre à se retrouver en catimini, hier matin, au bord du Léman. Zwanzig Minuten écrit qu'il s'agirait d'un rendez-vous galant. Qui aurait mal tourné. Le chemin conduirait à la Réserve. La Tesla n'avance pas mais recule. Et Luc, éploré, tenterait en vain de retenir Doris.
De bonnes sources démentent formellement ces affabulations. Elles lâchent tout de go que Doris est venue à Genève pour finaliser le projet de la traversée du lac. La ministre a, dit une autre source, relu attentivement le rapport rédigé par ses services en 2012 qui examine à fond plusieurs variantes pour faire sauter le goulet d'étranglement du bout du lac. (Voir un extrait du rapport, p. 78 ci-dessous). L'évidence lui a sauté aux yeux.
Plutôt que d'élargir d'abord l'autoroute de contournement entre le Vengeron et Perly, elle s'est convaincue qu'il vaudrait mieux commencer par construire la traversée du lac. En effet, une fois cette voie ouverte et l'A1 suisse reliée à l'Autoroute blanche, il sera aisé d'élargir le contournement ouest de Geneve, opération d'ailleurs prévue dans la varisante de la traversée du lac, sans risquer une monstrueuse congestion d'une artère déjà aux limites de ses capacités.
Dans la foulée, Doris propose de racheter à l'ATMB le tronçon d'autoroute du pied du Salève entre les ports de péage de Valleiry, au sud de Saint-Julien, et de Nangy, ou, si cela ne s'avère pas possible, d'entrer dans le capital du concessionnaire de l'autoroute blanche.
"L'autoroute du pied du Salève représente le contournement sud du canton et il est normal que la Suisse qui finance les routes nationales offre à Geneve les mêmes conditions de mobilité que partout ailleurs en Suisse", déclare Mme Leuthard que nous venons de joindre au Palais fédéral. "Le Conseil fédéral est convaincu qu'il faut élargir cette portion de l'A40 à 3 voie et redimensionner le carrefour de Saint-Julien au sud de Bardonnex, qui, plutôt que la douane de Bardonnex, est la véritable cause du bouchon quotidien qu'annonce Info-route."
"Nous voulons aussi donner au RER Leman express toutes les chances. Je propose de construire des parkings d'échange en dehors des localités, idéalement là où se croisent une route nationale et une voie de chemin de fer. Ces espaces d'échange modal devraient intéresser des entreprises commerciales, ce qui devrait permettre des collaborations fructueuses. Je pense en particulier à Saint-Cergue où la voie express du Chablais coupe la voie ferrée vers Evian. A Etrembieres également devrait être bâti un parking d'échange en face de la Migros, ainsi qu'entre Viry et Saint-Julien. (cliquer la carte pour l'agrandir)
La ministre suisse pense possible d'augmenter légèrement l'impôt des frontaliers pour financer ces ouvrages dont "ils seront les premiers à bénéficier." Pour la partie vaudoise, le financement sera assuré en puisant dans le fonds Forta et dans celui des transports publics des agglomérations. Quant au péage du pont sur le lac, elle ne l'envisage pas pour l'instant. Sa posture est sans doute politique. Il s'agit de ne pas apporter de l'eau au moulin des partisans de l'initiative Vaches à lait, soumise au vote des Suisses en juin prochain.
Et quid à ce propos de l'initiative du PLR sur la traversée du lac, également soumise au vote des Genevois en juin? La ministre a été on ne peut plus claire à ce sujet: "J'ai dit à Luc: tu dois m'offrir au moins 60% de oui sinon je ne pourrais pas retenir Filippo Lombardi qui rumine sa vengeance depuis le non des Genevois au Gothard."
Extrait du rapport de synthèse sur la suppression du goulet d'étranglement de Genève du 2 août 2012.
En soi la nouvelle n'a rien d'abracadantesque. Luc aime Doris et Doris arbore toujours son sourire américain sans jamais rien trahir de son quant-à-soi. Il n'en faut pas plus pour exciter les gazettes. C'est ainsi que Zwanzig Minuten, seul canard du pays à être feuilleté par les jeunes et quelque moins jeunes de Genf à Romanshorn, alerté par un lecteur reporter, colporte ce matin une info qui va secouer Genève.
Sur la photo, on voit la Tesla noir de notre ministre fédérale des transports garée dans un chemin creux et embrousaillé. Au fond de l'image, le bleu Léman, placide, et quelques montagnes du Pays de Savoie, notre pays. Doris est au volant. Luc lui fait des grands signes comme pour lui signaler que la Tesla s'est fourrée dans un mauvais chemin.
Qui a bien pu prendre cette photo? Qui l'a transmise? On hésite entre un policier genevois commis à la garde de la ministre par P5M (alias Pierre Maudet, maître du monde et de moi-même selon Bob) et un certain Putallaz, à qui le ministre Barthassat avait prêté son mobile. Mais là n'est pas l'essentiel.