Pour mémoire toujours, souvenons-nous que la convention de 1912 qui oblige les CFF a cofinancé le CEVA avait déjà été ressortie des cartons dans les années 70. Les CFF, qui ne croyaient pas à ce tortillard urbain, ont alors imposé la bretelle Cornavin Cointrin. Ont-ils vraiment changé d'avis aujourd'hui?
En fait, la régie fédérale ne payera pas un franc de cet investissement. Certes un protocole d'accord a bien été signé le 26 avril 2002. Mais c'est bien des six milliards ouverts par la loi de financement des infrastructures d'agglomération, votée le 6 octobre 2006, qu'on a sorti en urgence les premiers 550 millions. Berne cherche pour l'heure le complément résultant de la nouvelle évaluation du coût du CEVA, dont la facture, en sept ans, a passé officiellement de 950 millions à 1,45 milliard (+ 50%!). Les Genevois ne se prononceront le 29 novembre que sur un crédit supplémentaire de 113 millions. Le reste sera financé par Berne, ce qui n'est pas encore garanti malgré les assurances officielles fournies au conseiller national Luscher le 1er juillet 2009, et est à mettre au compte de l'inflation, qui a bon dos...
Pour mémoire enfin (la suite viendra prochainement), le nouveau budget n'est dû que marginalement aux réclamations des riverains, mais bien aux quelque 350 demandes de l'Office fédéral des transports.
Un dernier point: le coût actuel officiel de 1,473 milliards vaut pour les 16,5 kilomètres qui séparent Annemasse de Cornavin et les cinq stations Jean Nouvel du trajet (sept en comptant Cornavin et Annemasse), dont trois Pont-Rouge, Eaux-Vives et Chêne sont déjà desservies par le train. Le budget ne comprend ni les parkings d'échange, ni les aménagements des bus et trams qui devraient rabattre les usagers sur les gares, ni le matériel roulant.
Le budget ne comprend pas non plus la bretelle Cointrin-Cornavin que prévoit le projet d'agglomération franco-valdo-genevois, sans laquelle le RER ne pourra pas tenir la cadence au quart d'heure sur Cointrin [cliquez sur la vigtnette pour l'agrandir]. Mais il est vrai que CEVA n'a vocation que de relier Annemasse à Cornavin. Le projet de 1912 ne pouvait pas anticiper les pôles de développement que sont l'aéroport, l'Hôpital cantonal ou l'Université au centre ville, tous trois très mal desservis par la merveille que nous conte laveritesurceva.ch.
La députée socialiste Elisabeth Chatelain signale à ses 445 amis sur Facebook un nouveau site internet. Très vert tournesols dans son look, www.laveritesurceva.ch se donne pour noble but l'information vraie. Sa page d'accueil affirme sans ambages: "Assez de désinformation! Assez de mensonges! Assez de tromperies!" Que distillent forcément les opposants à ce merveilleux RER, que les Genevois et les Savoyards attendent depuis 1912. C'est dire l'urgence de la merveille! En vidéo, c'est trop parfait.
Une merveille que le Grand Conseil a voté un peu la tête dans le sac, les yeux écarquillés par les 550 millions de la manne fédérale. Et que notre députée vend comme si l'on avait affaire au M2 lausannois. Or le RER genevois n'a rien à voir avec le métro automatique vaudois.
Pour mémoire, le vote historique genevois est intervenu fin juin 2002, au terme de presque 10 ans de valse hésitations et de palabres entre un tram, un train tram, un métro lourd, léger, automatique etc. Pour mémoire encore le raccordement Eaux Vives Cornavin est un serpent de mer aussi vieux que l'arrivée des trains à Genève. Le site officiel du CEVA livre à ce propos une histoire édifiante qui montre que le vote du 29 novembre prochain n'est que le nième épisode d'un vaudeville bien genevois.