Ses réponses convaincront-elles une population qu’inquiète la perspective d’héberger d’ici 2030 200 000 habitants de plus — moitié en France voisine et dans le district de Nyon et moitié à Genève — et 100 000 emplois nouveaux (dans une proportion de 45/55)? Mardi soir à la Caserne des Vernets, Les représentants de la société civile convoqués à un point de situation sur le projet d’agglo n’ont pas répliqué. Une nouvelle démonstration que la société civile que l’on se félicite d’associer à la fabrique de la région ne représente ni plus ni mieux la population que les assemblées démocratiquement élus?
La Ville est à nous! Fort de ce slogan libertaire, tout un chacun peut désormais avoir voix au chapitre. Plus un projet politique qui échappe à la gestion participative. Pour les petites associations et les activistes, c’est une belle occasion d’introduire leur grain de sel et parfois leur grain de sable dans la belle mécanique démocratique. Et pour un magistrat, une tactique habile de réduire le parlement à une simple chambre d’enregistrement. Comment contester les fondamentaux, d’un projet dont les parties sont bénies par la société civile?
C’est ainsi que va le projet d’agglomération franco-valdo-genevois. Lorsque tout sera bien ficelé, Robert Cramer déposera un projet de loi sur le plan directeur cantonal. Et les députés qui auront regardé passer le train n’auront plus qu’à se mettre au garde à vous.
Certes, le magistrat vert, échaudé par la rébellion populaire thônésienne, qui l’a obligé à redimensionner à la baisse l’urbanisation des Communaux d’Ambilly contre l’intérêt général, parie sur la concertation pour faire passer la pilule du développement urbain. La démarche n’est pas gagnée. Du moins tant que la République de Genève continuera d’accorder aussi largement des droits de veto aux intérêts locaux: communes, riverains, propriétaires.
L’avenir de Genève devrait d’autant plus être débattu au Grand Conseil que dans le cas du projet d’agglo, on peut légitimement penser que la majorité de droite a quelques récriminations à faire contre un projet qui fait une part quasi exclusive aux transports publics. A bien y regarder, on constate que les axes de développement urbain des vingt prochaines années ont tous pour colonne vertébrale une voie de tram à construire. Des centaines de millions d’investissements.
Pourquoi n’a-t-on pas étudié en priorité les nouveaux quartiers le long des voies de chemin de fer existantes: Satigny-Bellegarde, Versoix Coppet, Annemasse-Reignier, Annemasse-Thonon? Serait-ce que le train dans un si petit périmètre n’a pas de sens. Qu’il n’est pas assez souple ni assez cadencé? Et qu’on ne peut pas, par exemple, y installer autant de gares que nécessaire. Comme à Carouge sur la ligne du CEVA?
«Mais pourquoi n’arrêtez-vous pas l’immigration?»
— Le voudrions-nous que nous ne le pourrions pas. Les Européens peuvent circuler et s’installer où bon leur semble.
«Et pourquoi les emplois ne peuvent être créés près des lieux d’habitation?»
— L’idée est séduisante, mais la croyez-vous réellement possible?
L’ancien maire d’Annemasse Robert Borrel, aujourd’hui président de la communauté de communes de sa ville, n’a pas esquivé les questions difficiles qu’on lui adresse, dit-il, chaque fois qu’il évoque l’ambitieux projet d’agglomération franco-valdo genevois, dont il est depuis le début un promoteur actif et convaincu.