Cramer et l’agglo (04/07/2008)
«Mais pourquoi n’arrêtez-vous pas l’immigration?»
— Le voudrions-nous que nous ne le pourrions pas. Les Européens peuvent circuler et s’installer où bon leur semble.
«Et pourquoi les emplois ne peuvent être créés près des lieux d’habitation?»
— L’idée est séduisante, mais la croyez-vous réellement possible?
L’ancien maire d’Annemasse Robert Borrel, aujourd’hui président de la communauté de communes de sa ville, n’a pas esquivé les questions difficiles qu’on lui adresse, dit-il, chaque fois qu’il évoque l’ambitieux projet d’agglomération franco-valdo genevois, dont il est depuis le début un promoteur actif et convaincu.
Ses réponses convaincront-elles une population qu’inquiète la perspective d’héberger d’ici 2030 200 000 habitants de plus — moitié en France voisine et dans le district de Nyon et moitié à Genève — et 100 000 emplois nouveaux (dans une proportion de 45/55)? Mardi soir à la Caserne des Vernets, Les représentants de la société civile convoqués à un point de situation sur le projet d’agglo n’ont pas répliqué. Une nouvelle démonstration que la société civile que l’on se félicite d’associer à la fabrique de la région ne représente ni plus ni mieux la population que les assemblées démocratiquement élus?
La Ville est à nous! Fort de ce slogan libertaire, tout un chacun peut désormais avoir voix au chapitre. Plus un projet politique qui échappe à la gestion participative. Pour les petites associations et les activistes, c’est une belle occasion d’introduire leur grain de sel et parfois leur grain de sable dans la belle mécanique démocratique. Et pour un magistrat, une tactique habile de réduire le parlement à une simple chambre d’enregistrement. Comment contester les fondamentaux, d’un projet dont les parties sont bénies par la société civile?
C’est ainsi que va le projet d’agglomération franco-valdo-genevois. Lorsque tout sera bien ficelé, Robert Cramer déposera un projet de loi sur le plan directeur cantonal. Et les députés qui auront regardé passer le train n’auront plus qu’à se mettre au garde à vous.
Certes, le magistrat vert, échaudé par la rébellion populaire thônésienne, qui l’a obligé à redimensionner à la baisse l’urbanisation des Communaux d’Ambilly contre l’intérêt général, parie sur la concertation pour faire passer la pilule du développement urbain. La démarche n’est pas gagnée. Du moins tant que la République de Genève continuera d’accorder aussi largement des droits de veto aux intérêts locaux: communes, riverains, propriétaires.
L’avenir de Genève devrait d’autant plus être débattu au Grand Conseil que dans le cas du projet d’agglo, on peut légitimement penser que la majorité de droite a quelques récriminations à faire contre un projet qui fait une part quasi exclusive aux transports publics. A bien y regarder, on constate que les axes de développement urbain des vingt prochaines années ont tous pour colonne vertébrale une voie de tram à construire. Des centaines de millions d’investissements.
Pourquoi n’a-t-on pas étudié en priorité les nouveaux quartiers le long des voies de chemin de fer existantes: Satigny-Bellegarde, Versoix Coppet, Annemasse-Reignier, Annemasse-Thonon? Serait-ce que le train dans un si petit périmètre n’a pas de sens. Qu’il n’est pas assez souple ni assez cadencé? Et qu’on ne peut pas, par exemple, y installer autant de gares que nécessaire. Comme à Carouge sur la ligne du CEVA?
06:10 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Entre autre, oui, mais parce que nos dirigeants élus, veulent en faire seulement selon leurs désirs.
Comment expliquer le tracé du tram à Meyrin, sinon ?
Robert Cramer, élu, se dit qu'il a reçu un chèque en blanc avec l'élection, donc, il peut se permettre de faire ce que bon LUI semble.
L'opinion des intéressés, lui importe peu.
Serait-ce de la tyrannie ?
Écrit par : Victor DUMITRESCU | 04/07/2008
Peut-être que le long de ces chemins de fer existants, il existe des communes qui ont le droit de véto, pour ce qui est de rendre constructibles les terrains agricoles.
Écrit par : R.M. | 04/07/2008
Savez-vous qu'il n'y a pas si longtemps le tram allait jusqu'à Douvaine et au pied du Salève ? Celà veut dire, simplement, que la frontière était encore beaucoup plus pérméable qu'à présent, et qu'à cette époque il n'y avait pour ainsi dire pas de frontière ! Les anciens genevois de souche le savent ! Cet état de fait est une réalité que les "nouveaux genevois d'origine étrangère" ne savent pas ou font semblant de ne pas savoir ! En effet les "faux" genevois s'imaginent que le "frontalier" est un fait nouveau, alors que Rousseau et Voltaire étaient déjà "frontaliers" ! Le premier habitait Bossey et l'autre à Gex !
Écrit par : Café | 04/07/2008
Vert-à-Pied n'a réussi aucun de ses dossiers, si ce n'est d'une politique d'affichage et du laisser-faire, à l'instar de son père, journaliste facho, pas net du tout.
Vulgaire tyran, imbu de sa fonction sans qu'il en ait les qualités, il doit sa place à une chance des plus incroyables. Il aurait fini SDF sinon.
Écrit par : Judith | 04/07/2008
Premièrement, je voudrais dire que tout le monde est quand même assez fort pour critiquer depuis sa chaise de bureau mais moins pour faire réagir.
Par contre je suis tout à fait d'accord que des communes comme pregny-chambesy, bellevue, genthod, cologny ou collonge-bellerive ont d'immenses potentiels et pour certaines d'entre elles une gare en plein centre mais ne sont absolument pas touchées par le projet d'agglo.
Mettons les nouveaux pauvres de la classe moyenne et de la libre circulation chez nous, à onex , lancy, vernier ou meyrin c'est tellement plus logique et plus simple.
Arretons ces oppositions et référendum à tout va et favorisons l'interet général au particulier.
A la prochaine!
Écrit par : Genevois visionnaire | 08/07/2008
J
Écrit par : R.M. | 09/07/2008