Qu’est-ce que vous croyez est une dénonciation en règle du monde occidental, coupable de tous les maux dont le monde souffre, surtout les opprimés, les migrants, hommes et femmes. Ce réquisitoire n’est pas nouveau en soi. Mais la forme importe. Ce n’est pas un sermon ni un cours ni un séminaire, dont l’islamologue est coutumier, c’est un texte de combat qui appelle à non pas une résistance mais une injonction servez-vous!
Le poème défile à l’écran, façon stroboscopique. Les mots tonnent, glissent, entrent en collision, basculent. On ne voit pas Ramadan. Ce n’est pas lui, c’est une voix, la voix des opprimés, la voix de la vengeance, la voix de la justice.
Le single fait partie d’un album qui sortira fin mai.
Ramadan, dont le procès pour viols est toujours à venir, ce qui n’est pas à la gloire de la justice française, s’inscrit dans cette autre peur qui fracture la société française, la peur de l’islam, et cette théorie complotiste du grand remplacement qui serait déjà en marche et réduirait les Français de souche en citoyen de seconde zone dans une société conquise par l’islam radical.
Les stances de Ramadan, signée Loyal, un auteur inconnu, choqueront les Occidentaux, persuadés des bienfaits de leur civilisation, partout dans le monde. Elles sont une douce musique sans doute aux oreilles des opprimés, des humains pleins de rancoeur qui pensent comme notre prêcheur suisse que la face noire de l’impérialisme et de la main invisible du marché reflète mille fois mieux la réalité de leur monde.
La guerre des civilisations, un Kulturkampf, est ainsi relancé.
Il ne suffit pas de se moquer de Ramadan ou de le dénigrer au vu des accusations portées contre lui - qui reste présumé innocent jusqu’à justice dite -, ou de le dénoncer comme un Tartuffe, qu’il est assurément, un Janus, qui porte beau mais qui promeut un islam fondamentaliste tenant les femmes et les incroyants pour rien ou pas grand chose et qui combat la laïcité.
Même si Tariq Ramadan est critiquable à bien des égards et que son propos est caricatural et même dangereux, il faut lire son chant. C’est le cri sourd de centaines de millions d’hommes et de femmes. Il ne suffira pas de condamner le prêcheur pour les réduire au silence. Et puis sa chute promet une bonne nouvelle, un vent de liberté.
Qu’attend-il donc pour être le héraut de cette liberté dans les mondes où règne l’islam?
Cela fait des siècles que vous volez et mentez
Vous seriez venus, dites-vous, pour nous civilisez
Vous avez méprisé nos langues, nos cultures, nos religions, humiliés nos mémoires, souillés nos traditions
Au coeur de l’Afrique, de l’Asie, et du sud éveillé, les voix s’élèvent, vents d’humanité.
Elles n’attendent ni repentance, ni pitié.
Elles exigent vérité, justice et dignité.
Attendez, Attendez! Mais qu’est-ce vous croyez?
Que l’on va rester LÀ assis à vous regarder?
Piller nos terres, nos richesse nos minerais
Vous laissez tranquillement écrire l’HISTOIRE et la coloniser?
Comme vous avez colonisé nos cultures nos pays, nos continents, nos paysages, autant que nos esprits
La mondialisation, c’est le nom donné à vos spoliations.
Vous aimeriez HABILLER l’horreur de votre domination en appelant vos citoyens à l’amour du pauvre et à la charité
Vous parlez d’humanitaire, mais c’est la JUSTICE que vous trahissez
Vous avez fait de ces femmes et de ces hommes, déhumanisés, niés, sans nom, sans âge ni personne
Des pauvres, des exilés, des êtres déracinés ici là-bas vous les enfermez
Attendez! Attendez!
...
Ils sont combien à mourir tous les jours, tous les soirs sur les bâteaux de la honte et du désespoir
N’avez-vous donc pas honte, vous d’en faire des criminels, des migrants coupables clandestins sans cervelles?
Vous interdisez aux femmes et aux hommes de courage de les secourir de leur tendre la main, d’éviter les naufrages!
Fiers de vos richesse, de vos sociétés, si libres et si ouvertes
Vous dites le droit des riches qui détruit la nature et signe notre perte
Attendez! Attendez!
...
Vous êtes venus chez NOUS IMPOSER des frontières de misère
Voilà qu’entre vous et nous, vous avez inventé des murs sur la mer
Vous parlez de valeurs universelles, de démocratie et d’honneur
Dites, ils ne reste donc plus une seule conscience dans l’élite des voleurs?
Vous avez le choix, nous ne l’avons pas
Soit vous partagez, soit on se servira
C’est écrit n’est-ce pas dans vos plus beaux traités
Le pauvre il n’est pas voleurs le pauvre et l’affamé
Attendez! Attendez!
...
Le monde nous appartient autant qu’à vous, compagnons
la vérité, c’êst que c’est plut’ot nous qui lui appartenons
Souvenez-vous des Indiens d’Amérique quand, arrogants et avides vous voliez la terre
Ils étaient à elle et non elle à eux,
A cette sagesse vous ’avez préféré l’ARGENT et la guerre
Du fond de l’Afrique et de l’Asie, au coeur des contrées les plus démunies
Entendez le souffle des révoltés qui grondent, porteuses d’espoir, d’amour et de vie
Des peuples traversent la misère, restent fiers et dignes
Et même, ils se multiplient
Votre ordre et vos frontières n’auront raison ni de notre jeunesse, encore moins de la vie.
Attendez! Attendez!
...
Demain dans vos rues nous marcherons libres et sereins.
Nous serons des votres, noirs, jaunes, blancs, arabes, ou amérindiens
Demain vos frontières seront le mauvais souvenirs de vos mensonges passés.
Demain entendez la fraternité et la diversité seront seuls garants de votre sécurité.
Vous avez peur?
vous allez perdre vos privilèges et votre identité?
La mixité serait donc VOTRE PERTE et bientôt vous serez sauvagement remplacés?
Dormez en paix, amis de l’égalité, nous ne sommes venus ni pour remplacer ni pour voler
Au-delà des COULEURS, des religions, nous sommes une BONNE NOUVELLE, un vent de LIBERTÉ.
ATTENDEZ! Attendez!
nous sommes une BONNE NOUVELLE, un vent de LIBERTÉ
nous sommes une BONNE NOUVELLE, un vent de LIBERTÉ.
Tariq Ramadan fait indéniablement partie de cette génération des boomers, les soixante, septante ans - dont je suis - nés au moment du baby boom et que la génération Z, apeurée par le réchauffement climatique et la dureté de la vie économique, dont on l’a préservée en multipliant les patrouilleuses scolaires et autres coaches, dénoncent comme profiteurs et responsables du monde déglingué, selon eux, dont ils sont les héritiers involontaires. Ok boomer, n’insiste pas, t’es coupable. Surtout si en plus t’es un mec, occidentalisé, biogenré, et que tu n’as pas vu venir la vague #Metoo .
C’est un slam publié sur la chaîne YouTube de notre professeur, dont la famille apparentée au créateur des Frères musulmans a fait souche à Genève, où elle a trouvé refuge, qui cette semaine émeut Le Figaro et interloque Alexis Favre, dans sa chronique du Temps.