Hiltpold trahit le radicalisme (13/08/2008)

chèque scolaire.jpg"A l'origine de l'école publique obligatoire, notre parti ne veut pas d'un système qui menacerait l'égalité des chances." La déclaration du président du parti radical genevois et conseiller national Hugues Hilptpold, publiée ce matin dans la Tribune, est stupéfiante et explique bien la sclérose actuelle du grand vieux parti. Refuser le chèque scolaire que promeut depuis quelque temps le Lobbyparents en Suisse relève du même conservatisme qui fait de nos villes des cités musées - encore que les vrais musées ne sont pas des vitrines - où il n'est plus possible d'y concevoir ni d'y installer des objets contemporains, sinon ces rehaussements d'immeubles métal-verre qui sont autant de coiffures pseudo-modernes de la molasse fazyste.

Depuis quand l'égalité des chances est-elle mieux garantie par l'école publique? C'est un non-sens que dénoncent les faits.

Le président du parti radical n'ignore pas que 15% des élèves à Genève sont déjà scolarisés dans des écoles privées et que les listes d'attente s'allongent. Hugues Hiltpold n'ignore pas non plus que la diversité culturelle des classes des Pâquis n'a rien à voir avec celle de Cologny ou de Carouge. Il sait parfaitement aussi que les enfants de parents aisés ont, malgré la démocratisation des études, beaucoup plus de chances de fréquenter l'université que les autres. Il sait aussi combien la monoculture pédagogique qu'applique forcément le système public est une perte pour le dynamisme de l'école genevoise. Il sait aussi que le coût par élève de l'enseignement publique cantonal est le plus élevé de Suisse mais que ces performances sont loin d'être à la hauteur.

Mais, prisonnier de valeurs républicaines qu'il ne sait pas adapter aux temps modernes, le député radical porte l'égalité aux nues, alors que notre société est bien plutôt fondée sur l'équité (qui au passage n'est que la conjugaison de l'égalité et de la fraternité). Laquelle équité commande qu'en matière scolaire on aide davantage les pauvres, les moins doués, les moins motivés. Comment le faire à des coûts abordables et sans tuer l'initiative sinon en leur offrant les moyens d'accéder à des enseignements adaptés que seule la variété des écoles privées peut offrir, seule issue au demeurant pour mettre en oeuvre en ce domaine la liberté?

Pas plus courageux, le PDC Gillet et le socialiste Longet craignent la bronca de leur électorat de fonctionnaires, mais pouvait-on attendre du courage de ces partis? La réponse du libéral Halpérin est pitoyable: "Il faut approfondir la question avant de prendre position." N'est il pas président de son parti pour ça? 

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Pour la bonne bouche, dans le cours de son enquête mon confrère Jean-Yves Clemenzo, avec lequel je partage l'espace de travail paysager, s'est retrouvé dans la situation suréaliste, où il lui a fallu des trésors de modulations vocaliques pour parvenir à expliquer à un interlocuteur que les chèques scolaires n'avait pas grand chose à voir avec l'échec scolaire qui préoccupait manifestement davantage ce parent d'élèves.

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