Cote d'alerte: mais qui gouverne? (24/08/2020)

covid 24 août incidence suisse.jpg

Ainsi donc la France pourrait être mise par la Suisse sur liste rouge des pays à quarantaine. Aussitôt, on rassure les Genevois: les quelques milliers de travailleurs frontaliers qui les soignent dans leurs cliniques et hôpitaux pourront passer la frontière. Donc: nécessité fait loi.

Au fait qui a fixé la cote d'alerte rouge à 60 personnes dépistées positives au corona virus pour 100'000 habitants *? Pourquoi pas 50 comme en France ou 70 ou 100? Nulle part je n'ai trouvé de réponse récente **. Sait-on que le taux d'incidence est à Genève de 99, comme le montre la carte publiée par la Tribune de Genève ***?

Autre question sans réponse: combien de temps, déclaré positif, est-on contagieux? Dix jours, le temps de la quarantaine imposée aux voyageurs débarquant d'un pays sur la liste rouge, moins, plus? Et pourquoi cette hausse (légère en comparaison de la croissance exponentielle du mois de mars) ne se traduit pas dans un nombre de malades et de morts? Parce que les nouveaux infectés sont des jeunes et que la covid tue surtout les vieux?

Autant de questions que l'on aborde rarement dans la presse, trop prompte à envoyer des alertes sur nos mobiles. Est-ce de l'information, une course folle à l'audience? Et si la presse levait le pied et se contentait d'un point de situation soft une fois par jour? 

Le site d'information genevois Heidi.news qui s'est spécialisé dans la santé et la science fait le point dans un excellent article d'Annick Chevillot "Comprendre le paradoxe apparent d'une épidémie qui progresse sans s'aggraver", sans toutefois répondre à mes questions. 

Les chiffres fusent de partout. Souvent les rédactions se contentent des données brutes qui n'ont aucun sens. Il faut les rapporter à la population pour autoriser une comparaison (et encore avec des bémols). Ainsi cette semaine, on annoncera sans doute que le seuil des 7000 infectés est dépassé à Genève.

covid 24 aout cas cumules GE ZH.jpg

Le chiffre frappe mais il ne dit rien. Justement parce que les premiers infectés des mois de mars et d'avril ne sont sans doute plus contagieux. Que la plupart sont donc guéris. Même ceux qui ont dû endurer des fièvres à plus de 40 pendant plusieurs jours ou ceux qui ont été hospitalisés et s'en sont sortis. 

La comparaison entre Genève et Zurich dit combien les chiffres bruts faussent l'information. Le premier graphique montre le nombre total des personnes dépistées positives depuis le début de la pandémie. Zurich et Genève affiche les mêmes chiffres mais le canton de Zurich est trois fois plus peuplé que le canton de Genève. 

covid 24 août cas actifs GE ZH.jpgLe second graphique montre le nombre des cas "actifs". Le seul enseignement que l'on peut tirer de ces courbes est que la croissance était exponentielle en mars et qu'elle est linéaire en août. 

Pour la bonne bouche, je reviens sur cette information du 15 août selon laquelle il y a eu jusqu'à présent moins de morts en Suisse que l'an dernier. Histoire de souligner que la covid a surtout frappé les esprits, sans irrespect évidemment pour les personnes décédées et leurs proches. 

deces hebdomadaire en suisse 24 août.jpg

* La norme de 60 nouvelles infections sur 100'000 habitants figure dans l’ordonnance sur les mesures destinées à lutter contre le coronavirus (COVID-19) dans le domaine du transport international de voyageurs. Mais elle ne cite pas la source scientifique qui la fonde. La France fixe le taux d'alerte à 50.

** Sur France Culture, début avril, on signalait que les premières études chinoises, dans The Lancet, estimaient que le virus restait contagieux longtemps, en se basant sur l’excrétion virale des patients après guérison. Les dernières recherchent en date estiment cependant qu’on peut trouver des charges d’ARN virale pendant un mois après contamination, sans que le virus soit toujours vivant pour autant. On peut donc avoir un test positif, sans que la personne testée soit contaminante. C’est pourquoi le Haut comité à la santé publique a publié un arrêté le 16 mars dernier qui estime que si les symptômes disparaissent 8 jours après leur apparition, le patient n’est plus considéré comme contagieux. Il est cependant recommandé de porter un masque pendant les 7 jours suivant cette guérison, afin d’éviter tout risque de contagion. 

*** Le taux d'incidence en Haute Savoie était de 24,7 au 20 août et celui de l'Ain de 19,6 selon Santé Publique France

15:27 | Lien permanent | Commentaires (6)