Un monde meilleur? Que faire à Genève? (21/04/2020)
Dans mon village, deux familles ont affiché leur confiance sur leur maison. "Demain sera meilleur*, "Tout ira bien". Les banderoles sont ornées de mains d'enfants. L'espoir est grand dans une partie de la population. A gauche surtout. Un monde nouveau serait à portée de main.
J'écoute ce matin l'économiste François Bourguignon, auteur de la Mondialisation de l'inégalité, sur Les Matin de France Culture. Le discours de l'ancien chef économiste à la Banque mondiale n'est pas du tout optimiste. Les Etats sont en train de gravement s'endetter ce qui ne manquera pas d'augmenter la contrainte sur les dépenses publiques - ailleurs que dans la santé - et de pousser à la hausse des impôts. La dette n'est pas une panacée. Même si la France réintroduit l'impôt sur les grandes fortunes, son produit sera loin de suffire.
Anesthésié par une croissance économique continue, le canton de Genève, à bien des égards, a conduit une politique financière de cigale comparable à celle de la France. Le financement des retraites des fonctionnaires, voté il y a un an, garantit par exemple des rentes à nulle autre pareille. Comment peut-on justifier une telle politique quand des travailleurs au chômage technique doivent déjà tourner avec des revenus réduits à 80% et risquent demain d'être licenciés ou quand des indépendants voient leurs recettes tomber de 50, 75 voire 100%?
Ces pertes de revenus vont mécaniquement se répercuter sur les recettes fiscales en 2020 déjà et de manière démultipliée car la progressivité des barèmes a un effet régressif sur les rentrées en cas de crise économique. Que l'Etat affronte des déficits en période de vache maigre est normal et sain. A condition qu'il sache faire des réserves en période de vaches grasses. Or nous avons collectivement failli sur ce point.
La prospérité de Genève tient en outre aux activités internationales: le luxe, la finance, la chimie, la formation académique, les hôpitaux, le négoce des matières premières, l'arbitrage, la Genève internationale évidemment. Bref, vivre local c'est bien, mais ce n'est pas du tout ce qui fait la richesse du canton et de sa région.
Comme la France, Genève va se retrouver devant des choix cornéliens. Notre classe politique y est-elle préparée? Nous assistons déjà à l'envolée de discours idéologiques truffés de yaka et de faukon.
Le temps n'est-il pas venu pour les communes et le canton de revoir fondamentalement leur organisation tel que je l'ai esquissé ici et là? A la clé et à terme, plus de 500 millions pourraient être épargnés chaque année sans fondamentalement réduire le niveau de service public. J'y reviendrai.
En attendant ces réformes, il importe que les nouveaux conseils municipaux qui vont siéger dès le 1er juin passent au crible les dépenses dont on peut se passer. Il faut sans tarder réviser les budgets 2020 et les plans financiers. Et mutualiser les dépenses incompressibles ou qui vont même exploser: les dépenses sociales. Bref il importe que les communes acceptent de payer une partie de la facture sociale, projet qu'elles ont refusé l'an dernier.
Les partis politiques sont-ils en situation de faire front commun?
Sur la fusion des communes, quelques blogs à lire à temps perdu de pandémie:
Grand Fribourg, Grand Genève, Zurich
Pourquoi un rentier d'Onex paie deux fois plus qu'un rentier de Genthod?
J'aime les élections allemandes...
En 2025, combien de maires à Genève? Un, 13 ou 45?
Genève pourrait se passer des communes et n'en conserver qu'une ou deux
Fusion des communes: les Genevois partagés
Bascule fiscale, facture sociale..., la révolution communale
Troinex ma voisine fête le bicentenaire de son divorce
Genève, Zurich: deux communes aux antipodes
Le pactole d'Anières et les petites cachoteries de notre grand argentier
Cantons-communes, une erreur à ne pas commettre
10:51 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Ce que vous dites ici est le bon sens meme. Il faudra peut-etre plus de courage pour redistribuer les cartes du budget que pour se décider a déconfiner. J`imagine qu`en France l`opposition politique et les syndicats sont déja en train de recoudre les boutons arrachés des gilets jaunes en prévision d`une nouvelle série de campagnes qui, cette fois, pourraient bien balayer le gouvernement...
Écrit par : Jean Jarogh | 21/04/2020
Vos mesures proposent la solution de la mutualisation-fusion: a) des communes, et b) des charges sociales, que vous estimez à juste titre, comme étant le facteur majeur, susceptible de faire chavirer la barque.
@Vouloir mutualiser les charges sociales, sans révision fondamentale des droits sociaux, n'est que balayer ce puits des danaïdes sous un plus grand tapis,
Vos solutions d'avenir pêchent lourdement - dont par l'absence d'analyses.
Difficile pour vous d'avoir été socialo-journaliste à la Française en faveur de & prônant le tout dév d'un "grand Genève" hors-sol durant vos décennies d'emploi à la TdG,
avant de virer de bord pour votre Commune - ici économiste fiscaliste dans notre Confédération.
Écrit par : divergente | 22/04/2020
@M. Jean-François Mabut.
J espère que la phase après le Corona et comme on nous le promet, le monde ne sera plus ni le même ni comme avant. Serait il meilleur comme le titre de votre article-chapeau?
Pas sûr du tout et peut-être même que le Monde serait pire ce que j ose penser, me trompé-je?
Le 22.04.2020, L Assemblée Générale de l ONU a refusé d adopter un texte-moratoire afin d échelonner les dettes et d alléger provisoirement (en standby) les sanctions économiques uni-latérales contre des pays même ceux en voie de développement vu les crises sanitaire et surtout économique mondiales dues au Covid 19.
Ne nous dit on pas que le Corona est la pire crise mondiale depuis 1945 et que même c est une guerre 2020 selon M. macron ? Que l AG se comporte ainsi reflète l état d
esprit de l après Corona pour nous et surtout pour nos enfants et petits enfants. Ils n ont que ça faire et quoi de pire à nous pondre en 2020 tout en étant plein dedans de ces crises sanitaire et économique,
Bien à Vous.
Charles 05
Écrit par : Charles 05 | 24/04/2020