Zundel et les migrants travailleurs (15/04/2020)

zundel emmaus.jpg

Que viennent chercher les migrants chez nous? La sécurité sans doute mais surtout du travail pour vivre, pour éduquer leurs enfants. Les discours encore dominants qu'on entend par médias interposés, à l'heure où "l'économie fait pression pour redémarrer", m'interpellent. Quelle est donc cette société qui rechigne à sortir, travailler sous prétexte qu'un risque existe d'être infecté? Ceux qui n'ont pas cessé d’œuvrer pour nous soigner, nous alimenter, nous informer depuis plus d'un mois sont-ils donc fous ou téméraires? 

Certes, des milliers de gens meurent du virus et c'est tragique. Certes il a fallu le confinement pour éviter que les systèmes de santé ne s'effondrent et donner du temps pour doubler tripler les capacités de soins, sensibiliser les gens. C'est donc bien mieux armer qu'on peut affronter le risque et remettre la machine en marche. 

L'urgence est là. Les voix sont folles qui s'élèvent pour simultanément transformer la société et la faire plus durable, plus juste qu'avant. Ces combats doivent évidemment être poursuivis *, mais ils ne peuvent pas être la condition de la remise en marche de ce qu'attendent les gens: la paix et du travail.

La paix n'est pas absence de risques ni même de mort. 

La paix et du travail, c'est aussi ce que demandent les migrants. Les Appels de Pâques sont donc légitimes et la Suisse doit ouvrir ses portes à quelques milliers de migrants: ceux de Lesbos ou de Libye. C'est d'ailleurs dans notre intérêt puisque notre pays verrait sa population active diminuer sans l'apport des étrangers. Le rédacteur en chef de Bilan le rappelle dans son dernier éditorial qu'il a intitulé La Suisse suit-elle le Japon

La paix, c'est évidemment tout autre chose. C'est bien sûr la paix des armes, c'est aussi la justice entre les nations et les clans. Mais c'est encore plus nécessairement la paix des coeurs, la paix en soi. C'est sur ce chemin que marche Maurice Zundel, un génie mystique, dont l'oeuvre lui survit heureusement. 

Par un hasard, dont je ne sais plus l'origine, j'ai écouté ce matin l'homélie que le prêtre suisse a prononcée en 1972 au Liban au lendemain de Pâques. Le lundi saint - encore un jour chômé dans nos société qui pleure Notre Dame sinistrée mais n'y pénètre plus qu'en touriste chasseur de selfies - raconte l'histoire du jour d'après. Christ est ressuscité mais rien n'a véritablement changé. Sur le chemin d'Emmaüs deux adeptes rentrent chez eux, déconfits. 

Vient un étranger... Ses propos les interpellent. Ils le pressent de demeurer chez eux pour la nuit. Le devoir d’hospitalité était alors plus qu'une simple politesse. La curiosité sans doute aussi d'en savoir plus sur cette étrange étranger. C'est dit l'histoire à la fraction du pain que leurs regards s'ouvrent alors qu'il disparaît à leurs yeux. Même pas le temps d'un selfie.

Leur témoignage a pourtant été conservé. Ecoutez Zundel...

 

* Dans son dernier blog, Pascal Holenweg résume les conditions de sorties énoncés par la convention sur le climat rassemblée par Macron après l'éruption des Gilets jaunes: "On trouve dans les cinquante propositions remises au président Macron par la Convention  des éléments tout à fait pertinente, voire "incontournables", d'une telle sortie de crise : les conventionnels considèrent en effet, dans le texte général accompagnant leurs propositions, que "les événements que nous vivons aujourd'hui remettent en cause nos manières de se nourrir, de se déplacer, de se loger, de travailler, de produire et de consommer". Pas moins." Ok, et on change comment et pour quoi: une économie de guerre de rationnement de ticket de traçage électronique?

 

PS: Il se trouve qu'un blogueur du forum de la Tribune, Jean-Dominique Michel, controversé pour ses positions sur le virus, a consacré son billet de Pâques à Maurice Zundel. A lire. 

 

 

09:12 | Lien permanent | Commentaires (7)