Quelle(s) commune(s) à Genève en 2025, 2030, 2035? (05/04/2020)
Nous avons déjà franchi un cinquième du XXIe siècle. Nous fêtons le dimanche des Rameaux qui mène vers Pâques, la promesse de la Résurrection.
Les Rameaux, c'est une fête paradoxale. C'est la seule fois où Jésus est acclamé par la foule. Qui, chauffé par les partis de l'ordre, demandera sa crucifixion une semaine plus tard... Vox populi... L'argument qui fera plier Pilate est connu: Jésus affirme être le roi des Juifs, détenir la vérité, plus fort que César? Étrange renvoi à d'autres temps, quand l'humain voulut être comme des dieux - omniscient, tout puissant, immortel. Temps passé, temps présent? Demain ne sera pas comme hier, dit-on alors qu'un virus tue riches et pauvres à égalité.
Ce dimanche de printemps est aussi un dimanche d'élection à Genève. L'élection des autorités municipales.
Que n'entend on pas sur la cellule fondamentale de la gouvernance commune, berceau de la démocratie, espace d'égalité, de liberté, de solidarité... Pourtant il n'y a rien de commun entre être citoyen en Ville de Genève et citoyen de ma commune de Bardonnex.
La première est riche du travail de ses habitants et de ses entreprises, coutriers, négociants, ainsi que du travail de ceux qui habitent ailleurs (A Genève, l'impôt personnel est perçu sur le domicile de travail, un savant et complexe système de péréquation permet une répartition vers la commune de domicile et dans quelques maigres fonds d'actions intercommunales).
La Ville est généreuse dans ses politiques publiques. En fait, comme toutes les communes, elle dépense tout ce qu'elle reçoit des contribuables et parfois plus.
Avez-vous déjà remarqué que ce ne sont pas les besoins qui font le montant de l'impôt. Ici comme partout ailleurs dans les collectivités publiques, c'est la recette fiscale qui détermine la dépense.
En clair, plus on est riche, plus on dépense, au risque de gaspiller l'argent public ou de produire des services à des coûts très élevés. A l'inverse, les communes pauvres sont forcément moins généreuses en services publics et d'aides de toutes sortes, mais savent aussi tirer d'un franc bien plus d'effets. Bref, le manque de moyens rend souvent inventif.
Vous en voulez la preuve. Etudiez avec attention ce tableau qui informe sur les dépenses par habitant dans quelques communes en 2018 (cliquez dessus pour l'agrandir). Pour ceux qui voudraient consulter le tableau complet, téléchargez ce fichier. Et là pour le site internet.
La Ville de Genève dépense donc sans vraiment compter pour la culture, le sport, l'animation sociale, le logement, la propreté et la quiétude publique. Seule de toutes les communes, elle conteste la répartition des tâches qui réserve au Canton les subsides sociaux et persille le vivre ensemble de quelques aides.
Mais elle n'est pas la seule à être généreuse. Prenez Plan-les-Ouates ma voisine. Qui ne fit qu'une commune, la commune de Compesières, jusqu'en 1851. Elle dépense presque autant que la Ville de Genève par habitant, soit deux fois plus que ma commune de Bardonnex. La partie droite du tableau permet de savoir où est dépensé l'impôt. Sauf que Plan-les-Ouates tient mal ses comptes. Elle cache une partie des prestations qu'elle livre dans la rubrique dépenses d'administration. Même si elle est richement dotée en personnel, on estimera que cette rubrique est trois fois trop dotée. Mais qui est le contrôleur des communes? M. Apothéloz n'a-t-il pas le devoir de mettre de l'ordre dans les comptes de sorte que l'on puisse mieux comparer?
Une morne campagne électorale s'est donc achevée ce midi. Pour cause de coronavirus, on nous promet les résultats des 21 communes qui n'ont pas encore d'autorités exécutives complètes pour mardi.
Avez-vous entendu parlé de ces différences de dépenses entre les communes? Au total leurs budgets dépassent 2 milliards de francs dont un peu plus de 1 milliard pour la Ville de Genève, alors qu'elle n'héberge que 40% de la population.
Au fait, quelle est la juste dépense publique par habitant? * En démocratie, la réponse est connue, celle que les électeurs sont prêts à supporter.
Que seront les communes à l'issue du présent quinquennat. Et du suivant?
Quelques-unes auront-elles fusionné comme le leur demande la Constitution genevoise de 2012?
Auront-elle encore perdu en attributions, ce qui est fort probable du fait du vote l'an dernier d'un mandat au canton de coordonner les politiques culturelles (qui, dans l'esprit des initiants, devrait consister à augmenter la dépense du canton dans ce domaine alors que les Genevois sont déjà champions suisses)?
Ce matin, je vois sur le site de mon journal préféré une promotion de la Ville de Genève pour ses habitants esseulés (cliquez sur la vignette qui ouvre ce billet). Va-t-on voir fleurir pareille publicité en ordre dispersé pour Lancy, Vernier, Meyrin, Anières? Ce n'est ni la première ni la dernière fois que la commune de Genève se prend pour la grenouille de la fable.
Notez que si ça ne tenait qu'à elle elle fusionnerait volontiers les autres communes pour rester seule au pouvoir. Et pourquoi pas! Une commune canton, j'achète!
* Prenez garde à ne pas comparer Genève aux villes de Lausanne ou de Zurich. Vous feriez une grave erreur. Lausanne assume bien plus de tâches que Genève et avec les autres communes vaudoises elle paie la moitié de la facture des aides sociales du canton alors qu'à Genève, le canton supporte 100% de cette charge. En outre les services industriels de Lausanne sont un service de la municipalité de sorte que l'achat des énergie et de l'eau vient augmenter les comptes. A Genève les SIG sont une filiales totalement séparée des comptes du canton et des communes.
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