Refroidissement spirituel (08/09/2019)

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"On parle de réchauffement climatique, mais qu'en est-il du refroidissement spirituel?" A peine débarqué de sa Guinée natale, l'abbé Elie Maomou, vicaire depuis le 1er septembre des paroisses catholiques de Genève sud (Carouge, Acacias, Veyrier, Troinex et Compesières), a volé dans les plumes du politiquement correct. Il n'a pas raté sa rentrée.

En ce dimanche de Jeûne genevois, il a drainé septante personnes - ce qui est une bonne assistance -  en l'église Saint-Sylvestre*, dont les archéologues ont déniché des traces dès le VIe siècle, alors que l'empire romain collapçait.

L'abbé africain, qui avait préparé un texte rédigé, a préféré commenter la Bonne nouvelle de ce 8 septembre. Un texte exigeant pour qui le veut mettre en pratique et qui fait écho à ce mot devenu adage: "Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer au Royaume des cieux." L'abbé Maomou a lui quitté son pays et n'a pas caché que le détachement était douloureux. La météo est maussade et le thermomètre bloqué à 15 degrés.

Du réchauffement climatique, il n'a rien dit. Il est lui, là, pour stopper le refroidissement spirituel qui frappe la vieille Europe, "qui dégrade les relations entre les humains et cela au nom de la liberté". L'utilitarisme nous enferme.

Que faire? L'abbé Maomou qui cache bien son jeu et a joué les faux modestes en prétendant n'être pas un prédicateur, redit ce que les fidèles savent déjà.

Le bon disciple sait écoute, dit le jeune prêtre. Il cite Ralph Waldo Emerson: Tes actes parlent si fort que je n'entends pas ce que tu dis. Le bon disciple prend sa croix. On a ici un petit peu honte de montrer sa foi, relève le jeune homme. Sur qui, sur quoi repose notre poids? Une manière subtile de rappeler aux nordisetes et aux Suisses en particulier qu'il faudrait trois planètes comme la terre si tous ces habitants vivaient comme nous. Le bon disciple sait renoncer, dit encore Jean-Paul Elie Maomou, ajoutant: "Comment renoncer à la voiture? De quoi le mobile prend la place?" Et de conclure: Savoir se détacher pour s’attacher au Christ, aux autres... tel est le chemin.

Le chemin du bonheur, revient-il à la fin de la cérémonie. "Et le bonheur, souligne-t-il, n'est le bonheur que s'il est partagé. Partagez-le avec vos petits enfants", lance-t-il avant de bénir l'assemblée où les têtes blanches dominent.Un ange passe.

Rien de nouveau sous le soleil, me dit un octogénaire encore bien vigousse, qui fut et est resté un modeste réformateur local version Vatican II, courant communautés de base.

- On aurait dit une messe des années 30.

- Tu exagères, à l'époque, le prêtre parlait latin, tournait le dos au peuple, était noyé dans les volutes d'encens et couronné d'une meute d'enfants de chœurs et de servants et présentaient le saint sacrement dans un ostensoir doré devant un peuple docile et à genoux.

Tout de même, réciter le "Je confesse à Dieu", c'est un peu fort. Et puis pourquoi se fait-il appeler père, moi j'ai opté depuis longtemps pour frère...

On se souhaite une bonne santé autour d'un buffet canadien bien garni. Voir les photos

Cette disposition des paroissiens à garnir le buffet me fait penser au billet lu ce matin dans La Croix: un peu de ménage. Anne-Marie Gérard y dit combien les voies de Dieu sont impénétrables et grande aussi sa miséricorde devant ses fidèles peu croyants que nous sommes.

Et pendant ce temps, François est à Madagascar« prier aide à supporter le quotidien » - il a dit la messe de dimanche avec le père Pedro Opeka -, et Pascal (Desthieux, vicaire épiscopal de Genève) est à Fribourg où il commémore le 200e anniversaire du rattachement des catholiques genevois au diocèse de Lausanne Fribourg.

Un mot encore. la nouvelle répondante pastorale des trois paroisses du haut, Isabelle Hirt, qui n'a pas été invitée à la table de communion, a signalé en passant que dans l'année à venir, Pascal Desthieux souhaite une décision sur la création de l'Unité pastorale Genève Sud. De fusion de paroisse, il n'en fut et n'en est pas question. 

 

" Compesières fut, de 1270 à 1793, la chapelle des chevaliers de Malte et l'église d'une paroisse, qui s'entendait alors de la plaine de Lancy à Landecy et de Bossey à Bardonnex, avant que ce coin de terre savoyard ne soit rattaché à Genève et à la Suisse et que Plan-les-Ouates ne devienne une paroisse dans les année 1950.

 

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