Il n'est plus le Fils et il n'est pas ressuscité: un credo pour "Demain" (20/03/2016)

credo des jeunes.jpgEn ce dimanche radieux des Rameaux (le temps qu'il fait à 11 h annonce le temps de l'année, disait-on naguère quand l'homme développé et sa voracité ne déterminaient pas encore le cours des saisons), l'église de Compesières est pleine. C'est devenu rare sauf à l'occasion de certains enterrements.

L'unité pastorale Salève (à savoir les trois paroisses de Compesières, Troinex et Veyrier (près de 15'000 habitants) - qui n'en forment toujours pas une après une génération de concubinage -) a mobilisé les 8p et une poignée d'ados en marche vers leur confirmation.

Une belle cérémonie, rondement menée par des femmes et célébrée par un prêtre vietnamien, dont, pour une fois, on sent poindre l'émotion au moment de prier pour les chrétiens persécutés, déplacés, migrants. Dans une génération, l'église de Compesières aura-t-elle un officiant syrien ou érythréen?

À côté de moi une grand mère blanche, genre "Out of Africa", chuchote à deux petits Africains le mystère de la messe, la résurrection, la présence du Fils de Dieu. "Elle a bien du mérite, me glisse mon autre voisine. C'est bien difficile à croire et à transmette." Pas plus que de voir le soleil se lever chaque matin, me dis-je in petto.

Un homme, condamné à mort il y a 1913 ans

Certes la régularité de la course du soleil cache une mécanique qu'on explique scientifiquement depuis un instant (au regard de l'histoire de l'homme), sans plus recourir à une action divine quelconque. Encore que les espaces de notre ignorance semblent croître au rythme de nos découvertes et inventions.

Sous le soleil donc, nous avons brandi nos rameaux, avant d'entendre la Passion d'un homme, condamné à mort il y a 1913 ans par les juges d'un peuple colonisé par le grand empire de l'époque, une histoire qui a inspiré des milliers d'œuvres d'art qui font de l'Europe un continent à part. 

Le credo est au chrétien ce que la charte universelle des droits de l'homme est aux droitdel'hommistes, j'en ai découvert ce matin une nouvelle version qui m'a laissé songeur.Un peu comme je le suis resté à l'issue de la projection du film Demain.

"Jésus un lien entre les hommes et Dieu"

Expurgé des sujets qui fâchent, ce credo, rédigé par les ados préconfirmants, fait de "Jésus un lien entre les hommes et Dieu" (on "like" Jésus et on tombe sur Dieu). 

"Né de notre mère à tous" (pas mort le culte de la déesse mère), "mort pour les autres" et "revenu pour nous sauver tous". Le texte conserve tout de même le Dieu créateur (mais tait l'objet de la création) et la Vierge Marie dont il est né. C'est tout. Les jeunes n'ont pas osé la mère porteuse et la PSA (procréation spirituellement assistée). 

Exit le Dieu tout puissant du symbole de Nicée, créateur du ciel et de la terre. Exit aussi la consubstantialité du père et du fils.

Le credo des jeunes ne parle pas de la résurrection, saute l'étape de l'Ascension et n'évoque la revenu de Jésus-Christ non pour juger les vivants et les morts et établir son règle éternel, mais pour nous sauver tous. Hic et nunc sans doute.

La troisième personne de la Trinité chrétienne, l'Esprit Saint n'est plus qu'un conseiller, un coach, dépourvu de la puissance de donner la vie.

Credo en l'Eglise. Mais à quoi croit-on quand on arrime qu'elle est la communauté formée par tous les chrétiens d'aujourd'hui et d'hier. Et ceux de demain? Et tous ceux qui ne le sont pas?

Quant au pardon, c'est une grâce à laquelle on croit. Miséricorde! N'est-ce pas sa pratique qui fait de l'homme un chrétien? Là encore le credo des jeunes omet de qualifier ce qu'on pardonne: une faute, une offense, une chute, un péché?

Enfin, credo en la force de la vie. Mais quelle est cette force, quelle est cette vie? La nature, toujours bonne selon Rousseau?

 

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