Chère Eveline... (03/12/2013)

moscovici widmer.jpgLes Grecs sont-ils susceptibles? Pascal Broulis, ministre des Finances du canton de Vaud - 1% de la population française - n'est pas grec, mais du sang grec coule dans ses veines. Tout à l'heure sur Forum, le Vaudois a piqué la mouche et traité avec passablement de condescendance la France et son ministre des Finances Pierre Moscovici.

L'objet du délit? Une lettre que le ministre français vient d'adresser à sa collègue helvétique. La décision du Vaudois de taxer à la source les travailleurs frontaliers qui passent plus de trois heures à se rendre à leur travail. Au-delà, estime Broulis, on n'est plus frontalier et on abuse du droit. D'où la sanction de retenir l'impôt à la source.

Et le conseiller d'Etat ne s'en tient pas là. A l'heure de la plus forte écoute de la RTS, il dénonce la France qui ne paie pas la rétrocession qu'elle perçoit sur les revenus des frontaliers et qu'elle doit à tous les cantons et communes suisses le long de la frontière jurassienne, de Bâle à Chavanne-de-Bogis. Pas moins de 250 millions en 2012 et plus en 2013.

"Commencez par payer M. Moscovici et ne nous servez pas du chère Eveline, a dit Broulis. La France a sans doute des problèmes budgétaires, ce n'est pas une raison pour ne pas honorer ses engagements."

Et pour faire bon poids, le ministre vaudois, tout miel, tout fiel, d'ajouter dans la balance le scandale de la fiscalisation qui menace les frontaliers, les vrais, les proches de chez nous, à qui Paris veut imposer le paiement de la sécurité sociale.

Genève n'est pas concerné par ce courroux vaudois. Parce que le canton du bout du lac connaît depuis toujours l'imposition à la source. Un principe qui vaut pour tous les travailleurs frontaliers. Un principe qui vaut aussi pour les communes où l'imposition au lieu de travail est encore la règle, une règle à laquelle le nouveau ministre des Finances genevois ferait bien de ne pas renoncer. Pour la seule raison que la France pourrait en prendre prétexte pour soumettre les frontaliers non seulement à la sécu mais aussi aux impôts sur le revenu...

Courrier E Widmer

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