DSK, Vasella, il papa (12/03/2013)

Etrange tout de même cette tournure de l'esprit moderne, dans lequel nous baignons comme des piranhas dans le bassin de l'Amazone: ce qui retient l'attention des faiseurs d'opinion dans l'élection d'il papa, c'est son rapport au sexe.

Le successeur de Benoît, bénira-t-il la pilule, sera-t-il miséricordieux avec l'avortement, déclarera-t-il enfin égaux tous les enfants de Dieu, y compris ceux qui font mauvais genre, sanctifiera-t-il le mariage gay, la gestation pour autrui, les bébés médicaments, etc...? Le seul questionnement hétérogène à cette liste tient aux relations avec les autres églises, protestantes en particulier, qui, sur ces questions, adoptent des postures plus en phase avec le monde

Que veut-on, un pape protestant?

Ces demandes sont légitimes sans doute de la part de gens en quête de réconciliation avec eux-mêmes, c'est-à-dire à peu près tout le monde. Cependant les vertus dont le futur pape et nos dirigeants devraient s'armer sont plus qu'une nouvelle morale autour de la chose.

A l'heure, où Genève va ouvrir son conclave démocratique pour désigner ses propres sept sages, voici à titre de grain a moudre celles que l'on qualifie de cardinales: la prudence, la tempérance, la force et la justice. Peut-être notre monde est-il déjà trop éloignés de la galaxie, où règnent Dieu et son cortège de principes, pour réclamer des candidats des garanties en la matière. 

Mais que font DSK et Vasella dans cette affaire? Rien, sinon qu'ils sont pour un temps l'incarnation des deux démons qui gouvernent le monde: le sexe et l'argent. Avec une différence qui nous ramène à cette séparation que fut la Réforme. Le crime de DSK est plus honteux que celui de Vasella.

En vérité, dans le cas de Vasella, il n'y a tout simplement pas de crime. Le premier a racheté sa liberté mais pas son image ni sa vertu, l'autre n'a perdu ni l'une ni l'autre. Vasella est un manager de classe internationale, se plaît-on à répéter. Qu'il ait tiré un peu trop visiblement quelques avantages de sa position, choquant au passage le quidam en ces temps de crise, n'est, au pire, qu'une faute de communication. Il n'y a dans son comportement rien que proscrivent vraiment le capitalisme, le salaire au mérite, la concurrence, la valorisation de gagneurs. Au contraire.

Quant à l'éthique protestante, elle est sauve dès lors que le riche redistribue une bonne part de sa richesse aux pauvres. En dignes émules des Rockfeller et autres Bill Gates, le patron de Novartis avait promis de verser sa prime à une Fondation caritative. On ne lui a pas fait crédit de cet abandon. 

16:55 | Lien permanent | Commentaires (5)