Les banquiers sont bien seuls (10/02/2012)

Vous entendez? Moi pas grand chose.

J'entends bien peu de politiciens courir au secours des banquiers face à l'empire en panne de dollars, qui a fini par être agacé par quelques plus intelligents que les autres, dont les plus insolents donnaient des leçons d'économie et de bonne gourvernance autour d'eux. Les voilà, dit-on, tous effrayés ces banquiers, y compris ceux qui se sont bien comportés, par quelques dispositions fiscales qui affirment plus clairement, pour ceux qui ne l'avaient pas compris, que la pax americana a un prix que tout citoyen du monde doit acquitter dès lors qu'il veut faire commerce avec le coeur de l'empire ou en est un citoyen éternel. Point.

Pour avoir voulu égratigner le chat d'Obama, bien des banques - et la Suisse sans doute, qui tire des emplois, des profits et des impôts de ce commerce - vont en payer le prix. En outre, quand la patte du grand chat se lève, tous les autres chats soulèvent leur paupière se disant entre deux bâillements qu'ils pourraient profiter peut-être un peu de son action. Bref on est mal pris.

Et ce n'est sans doute pas fini, car la morale de l'histoire, s'il y en a une, c'est de savoir combien de temps le secret bancaire face au fisc - c'est de celui-là dont on parle - va tenir en Suisse et pour les Suisses eux-même. Sans parler de ces achats qui se font sur notre sol, de bijoux, de montres, d'immeubles, d'oeuvres d'art, de matières premières et autres babioleries qu'on trouve à la Migros et dont on se demande parfois d'où viennent certains fonds et où ils vont ensuite.

S'agissant du couple fisc banque, je suis prêt à parier que la majorité préférera ouvrir les registres - ce qui est déjà en partie fait - s'agissant des clients américains et peut-être de certains pays européens, les faisant ensuite signer une belle déclaration sur l'honneur que non, non, promis juré, l'argent déposé est bien déclar, mais que s'agissant des Suisses eux-mêmes, une majorité voudra fermer les yeux et garder hermétiquement clos la porte entre le fisc et le banquier.

A propos de morale, il est piquant de se souvenir que celle qui a court à Washington a été inventée à Genève. Pour Calvin il était légitime de s'enrichir, mais il était indispensable de faire profiter ses frères moins bien lotis de sa bonne fortune. Que dit notre église protestante de la fraude fiscale? Elle n'est sans doute plus entendue depuis belle lurette.

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