Formule magique? La belle affaire! (30/10/2011)

The économist.jpgDans son éditions du 29 octobre, The Economist, édition europe, qu'on peut lire et entendre sur iPad, consacre quelques lignes aux élections fédérales. On y apprend que le parti nationaliste a enregistré un recul mais reste largement le parti le plus puissant de Suisse et que le prochain cabinet ne sera formé selon des règles complexes que le 14 décembre. Bref pour l'hebdomadaire britannique, la Suisse n'a plus qu'un gouvernement qui gère les affaires courantes. La notion de formule magique reste évidemment hors des concepts nombreux maniés à longueur d'articles par le prestigieux journal sans signatures.

En Suisse, les journalistes et les politiciens vont jouer la danse du scalp jusqu'à la nuit des longs couteaux le 13 décembre: les uns entonneront le requiem de la formule magique, d'autres s'en accomoderont, quelques-uns parieront sur la non réélection du Bernois Schneider-Amman ou du Neuchâtelois Burkhalter, d'autres encore rêveront du jour où le peuple souverain élira son  gouvernement fédéral.

Et l'on débouchera le 14 sur le coup de 10h30 sur un gouvernement similaire au cabinet sortant, le Fribourgeois Berset remplaçant la Genevois Calmy-Rey. J'en prends le pari.

L'UDC pestera et en appellera au peuple, mais elle le fait si souvent, elle soumet le Parlement si souvent à la sanction populaire qu'elle peut bien se contenter d'un conseiller fédéral et demi, la demie étant Eveline Widmer-Schlumpf, qui toute centriste qu'on voudrait la positionner est - il ne faudrait pas l'oublier - l'héritière de la droite nationaliste.

On oublie que le gouvernement est là pour gouverner. Sauf qu'en Suisse, le parlement fédéral est au coeur du pouvoir exécutif. Non seulement il en élit les membres (en osant même exceptionnellement les désavouer), mais il s'immisce étroitement dans les actes gouvernementaux, car tous doivent avoir une base légale. Le parlement qui a instauré un frein aux dépenses n'a pas encore mis en place un frein législatif. Ce qui est compréhensible, le premier tient les rennes courtes à l'exécutif le second s'appliquerait à lui-même. Heureusement, dans ces conditions, que les parlementaires ne sont pas des professionnels à plein temps.

Bref, pour en revenir à la formule magique, il n'est pas encrée dans le marbre et peut souffrir quelques accomodations. En Suisse, l'équilibre des pouvoirs a suffisamment de jeu, comme on le dit d'un mécanisme, pour continuer à tourner même s'il tourne parfois un peu lentement.

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