Comment rétablir la confiance dans un temps sans foi (20/07/2011)

euros billets en évantail.jpgLa crise de l'euro, c'est d'abord une crise de foi. Les ministres de l'Euroland tentent encore de sauver la Grèce et eux avec. Espérons qu'ils y parviennent. Le grand défi, c'est moins les milliards qu'il faut trouver sans créer de l'inflation, que la confiance qu'il faut rétablir entre les pays. Je relis à ce sujet un bien éclairant article paru en novembre 2010 dans la revue géopolitique, citée par Wikipedia dans sa note sur l'euro.

Et je me dis: que reste-t-il à une communauté, un pays, un groupe de pays sans foi? Il reste la loi, la règlementation de plus en plus foisonnante, tatillonne, qui s'insinue partout, occupe peu à peu tout l'espace de la vie et de la société. Le principe d'égalité fait son oeuvre, le principe de précaution et d'assurance aussi. D'abord préserver ses intérêts, n'est-ce pas naturel?! Sans compter que des cohortes de fonctionnaires, d'experts, de consultants et juristes en font leur beurre. Mais revenons à la crise de foi de l'euro.

"Depuis Robert Mundell (1961), théoricien des zones monétaires optimales (ZMO), écrivent  Franck LIRZIN , Philippe CONDE on sait qu’une zone monétaire doit avoir des mécanismes stabilisateurs. Faute de quoi elle ne pourra pas encaisser des chocs asymétriques, c’est-à-dire ceux qui ne touchent qu’un seul pays. Dans les États fédéraux comme l’Allemagne ou les États-Unis, ce sont le budget fédéral, la mobilité des travailleurs et la diffusion de l’innovation qui jouent ce rôle."

"Dans la zone euro, poursuivent les deux économistes de la revue géopolitique online, aucun de ces mécanismes n’existe, c’est pourquoi l’UE ne peut rien pour la Grèce, si ce n’est lui imposer une politique d’austérité qui risque de l’entraîner, au moins à court terme, dans davantage de dépression."

"Le problème fondamental des seize États qui partagent l’euro en novembre 2010 est celui de la confiance. Pour avoir des mécanismes stabilisateurs, il faut accepter qu’un jour, on puisse donner à un autre, et qu’un autre jour, cet autre pourra vous aider en retour. Une solidarité doit exister entre les États, mais aussi entre les citoyens et les entreprises."

Et ce n'est pas mieux avec les deux autres stabilisateurs:

"Les différences de culture, de langue, de systèmes sociaux et de régulation constituent un puissant frein à la mobilité du facteur travail entre les États en crise et les États en croissance, ce qui démontre une faible intégration européenne. (...) La diffusion de l’innovation est rare : la stratégie de Lisbonne (mars 2000) qui devait transformer l’UE en la zone la plus innovante en 2010 a échoué."

Et les deux chercheurs de rapprocher la Grèce en faillite et la Belgique sans gouvernement: "Derrière les mécanismes financiers de la crise grecque se cache donc cette balkanisation rampante de l’Europe dont les prémisses se font sentir en Belgique. Crise budgétaire grecque et crise politique belge sont en fait les deux visages d’un même phénomène où l’Europe voit ses Etats se diluer dans une politique communautaire sans qu’une véritable intégration entre ses régions ne voie le jour."

En plus, c'est l'automne. Bonne journée tout de même!

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