Qu'est-ce qui contamine la Constituante? (05/06/2011)

concombre coupé.jpgA l'heure où un simple concombre ou quelques graines germées peuvent vous emporter en enfer ou au paradis, la question du virus qui infecte la Constituante genevoise peut paraître bien anecdotique.

A lire quelques blogs récents, la Constituante de Genève serait victime d'un virus qui pourrait bien s'avérer mortel. C'est du moins l'avis des experts de gauche. A droite, on constate bien une certaine atonie de l'organisme, mais on considère, du moins officiellement, que tout va plutôt bien et que la consultation parle pour la majorité, élargie quoiqu'éclatée, fragile introuvable...

Mais quel est-il donc ce méchant virus qui veut la peau de la Constitution 2012?

 

 

 

Ce serait le virus du parlementarisme. Le parlement livré aux partis politiques - il y en a onze à la Constituante - qui n'auraient de cesse d'imposer leurs vues, même ultraminoritaires, empêchant ainsi les démocrates, les conciliateurs, les honnêtes constituants de faire leur travail.

On attendait des pères et mères de la loi fondamentale Genève 2012, qui doit remplacer celle de 1847 plusieurs fois amendée,  qu'ils mijotent de concert la meilleure des gouvernances pour Genève: un canton démocratique mais efficace et économe, un canton intégrateur mais libéral, un canton phare des droits humains, mais qui ne tue pas la poule aux oeufs d'or financière, un canton héritier de la Grèce et de Jérusalem mais laïque et multiculturel, un canton leader de sa région qui réserve pas le pouvoir politique aux seuls citoyens genevois (225'000 électeurs pour 750'000 habitants!), bref un canton généreux, vertueux, courageux, rien de tout ça ou si peu! Ils se chamaillent, refont le monde, tentent de renverser les votes acquis. Ils devraient parcourir le canton et animer des relais citoyens qui seront bien nécessaire le 14 octobre 2012. Ils passent des heures dans le huis clos des commissions à ressasser des amendements déjà évoqués en première lecture.

Oui le virus du parlementarisme risque bien de tuer la Constituante et son enfant.

Dans leur blog, Albert Rodrik et  Boris Calame s'en désolent. Ils ont raison. je nourris les mêmes craintes. Ils désignent le coupable: la droite ou ceux qui à droite font l'opinion, tirent les ficelles, ceux qui seront responsables de l'échec de la Constitution. Dans l'état actuel, assurent-ils, les conservateurs, les pronucléaires, les fossoyeurs du droit au logement, de l'égalité des sexes, de l'extension des droits politiques forcent la gauche à dire non au texte constitutionnel.

Bref deux mondes s'affrontent. La gauche et ses multiples relais citoyens et associatifs, vertueux par définition, et la droite et ses lobbies grassement stipendiés donc forcément sujet à caution.

Mais qui peut dire que le modèle de la gauche serait plus vertueux que celui de la droite? Le peuple, ses élus, ses relais d'opinion, l'autoproclamée société civile?

En musique comme en politique, trouver l'accord parfait implique qu'on s'écoute, qu'on se respecte, qu'on accepte une certaine dynamique. Le mieux peut être l'ennemi du bien.

Pour l'heure, comme dans le procès DSK, chaque camp jusqu'à l'ultime moment des concessions, s'ingénie à décrédibiliser l'adversaire et à se parer des plumes du paon.

 

PS à l'intention de Boris Calame: La Gazette de la Constituante est malheureusement muette tout simplement faute de temps pour l'alimenter. C'est en fait la seule raison. Même si le huis clos des commissions et le jeu parlementaire qui fait que ce qui se passe en coulisses est plus important que se qui se dit en public réduit considérablement l'intérêt d'une chronique qui se contenterait de raconter l'écume des jours.

22:48 | Lien permanent | Commentaires (6)