Vu du Salève

Le plus énervant, c'est la déclaration du vol à la police. Un tour sur le site internet de nos gendarmes. Un grand fourre-tout. Enfin je trouve l'onglet Victime de.... Je clique ici puis là. Ai-je été victime d'un cambriolage? Il n'y a pas eu infraction. J'opte pour "vols divers". Mauvais plan. Mais le plan me montre tout de même l'emplacement de mon poste de police le plus proche. Je téléphone à Carouge. Il est vendredi 16 heures.

- Je voudrais déclarer un vol (j'explique les circonstances).

- Faut passer au poste

- Y a-t-il un formulaire à remplir?

- Non.

L'internet m'indique que le poste de Carouge est ouvert le samedi après-midi de 14h à 16h. Muni d'une lettre où j'ai consigné les objets dérobés, je me pointe dans la plage horaire annoncée. Pas de chance, un papier barre la porte: "Le poste est fermé en raison de plusieurs interventions sur Carouge".

Lundi matin, je me gare rue de Carouge. "Tirez" est-il marqué sur une porte anonyme au verre dépoli, maculé de restants d'autocollants. Je tire. J'entre dans un minuscule vestibule. Les deux guichets sont occupés. Un homme explique dans un français approximatif une altercation. Pas de place pour une zone de confidentialité dans ce minuscule cagibis. Un jeune policier tente poliment mais en vain de lui expliquer que l'autre personne a reconnu les faits. Je fais trois pas à gauche et deux à droite, butte sur une porte à gauche et un plan de Genève signalant les postes de police à droite. Piteux postes de police. Pas le temps. Je tente ma chance à Carl-Vogt.

Même ambiance lugubre. Le vestibule est un peu plus grand, mais moins éclairé. Un seul guichet. Un homme en civil, charmant. Je lui présente ma lettre.

- Mais il faut remplir une formule! Et puis si c'est un vol chez vous, une brigade aurait dû monter...

- L'agent que j'ai eu au téléphone a dit que ce n'était pas nécessaire.

- N'importe quoi! Il téléphone, fait une photocopie de ma liste...

- On va vous envoyer une formule de déclaration de vol.

- Vous n'en avez pas à disposition? Est-elle disponible sur internet?

- Non!

- Pourquoi non?

- Je ne sais pas. Adressez-vous à la brigade.

Je dis merci et je repars, un brin enragé.

Sur Internet, je recherche la formule de déclaration de vol. Le préposé de Carl-Vogt a raison. Elle n'existe pas. Je me dis: comment se peut-il qu'au XXIe siècle l'Etat ne puisse pas servir le quidam dans de meilleures conditions.

Ce ne sont pas les renseignements qui manquent sur le site internet de la police. Mais aucun formulaire. Par curiosité, je butine sur les sites des polices vaudoise, fribourgeoise, zurichoise. C'est pas mieux. Chacune a son propre portail. Aucune harmonisation contrairement au vêtement des gendarmes qui est commun de Genève à Delémont. Nulle part, on ne s'adresse aux "clients" en fonction de leurs besoins.

Dans Google je tape "déclaration de vol Genève". Je repère un guichet dont j'avais oublié l'existence, le guichet universel de l'Etat de Genève. Je clique. Je tombe sur la page Vol ou perte de porte-monnaie. Je reviens au sommaire de www.geneve.ch/guichet_universel/welcome.html. C'est écrit:

L'administration vous facilite la vie...

Louable intention. Mais je ne trouve toujours pas la formule pour déclarer mon vol.

Au fait, quelle administration, quel ministre est responsable du guichet universel? Tout en bas on peut lire Service de communication de la Chancellerie d'Etat. Où l'on trouve la jolie photo de notre chancellière. S'est-elle-déjà rendue dans un poste de police?

A suivre

Ce mardi matin, 7h, je rebutine à la recherche de ma déclaration de vol introuvable. Je clique à côté de "Victime de..." (agression, accident vol, etc.) sur l'onglet "A votre service". Sous le titre "Liste des documents que vous pouvez obtenir dans les postes de police", je crois trouver mon formulaire. C'est écrit Attestation de perte ou de vol (.pdf). Je ne lis que le début de la phrase, crie victoire et déchante aussitôt. Il ne sa'git que du formulaire de perte ou de vol de circulation, permis de conduire et plaques minéralogiques...

Toujours à suivre donc.