Le Conseil d'Etat émasculé ou Mark Muller et la banane Nicolet (08/03/2011)

cherpines muller vs nicolet.jpgOfficiellement, à Genève, l'aménagement du territoire est une compétence cantonale. Les communes n'ont qu'un petit droit de préavis, les autres acteurs de la société civile, associations, voisins, ont des droits de consultation et de recours. Reste les tout puissants propriétaires qui ont le droit de ne pas vendre, accroissant la rareté des terrains à bâtir donc leur prix - rares sont les expropriations - et qui abusent à l'occasion du droit des servitudes pour protéger leur bien, des fois qu'un voisin aurait l'idée de vendre au détour du passage d'une génération.

Résultat le conseil d'Etat est émasculé. ll propose mais ne dispose pas. Les Cherpines en livrent une nouvelle preuve.

Le gouvernement proposait 2500 logements. Sous la pression d'un référendum, il vient d'augmenter à 3000. Ce qui doit ravir Antoine Vielliard. Déjà le fameux PAV a vu sa densité de logement augmenter sous la pression d'un référendum particulièrement pervers. Il a fallu, en effetdans ce cas, que la Ville - majorité à gauche - dise oui au premier projet de Mark Muller pour ouvrir à la gauche la possibilité de lancer un référendum contre cette décision. Un référendum qui n'a jamais été voté, car Mark Muller a accepté de négocier avec les référendaires.

On se demande pourquoi la gauche n'a pas dicté sa politique dans l'urbanisation des Communaux d'Ambilly, où la densité a été réduite presque de moitié par la volonté de la libérale Isabel Rochat alors comaire de Thônex. La gauche soutiendra-t-elle les efforts de Mark Muller d'urbaniser les Grands Esserts, sur la commune de Veyrier, contre l'avis de la commune?

Je n'ai pas pu assister au débat du 28 février dernier à propos de Cherpines, qui a opposé le patron du DCTI et Julien Nicolet, le jardinier en chef des Charrottons à l'origine du référendum.

Chaud paraît-il à en croire le compte-rendu qu'en donne Tout l'immobilier sur deux pages sous le titre "Peut-on construire à Genève sans réduire les surfaces cultivables?" Le canard gratuit des propriétaires qui étalent sans vergogne des offres hors de prix à longueur de page cite John Dupraz, star des paysans suisses: "Le Conseil d'Etat manque de volonté et de courage pour construire sur les terrains déjà déclassés et résoudre la question des nombreux recours. C'est le cas pour les Communaux d'Ambilly. Personne ne comprend l'attitude surprenante de la mairie de Thônex et son opposition au projet d'urbanisme, avec le dépôt de dix-huit recours différents".

Ambiance dans le camp libéral radical qui organisait le débat.

Dans son blog La fin des haricots ou le début décroissant, Julien Nicolet livre une première vidéo du débat, où l'on découvre que la pomme de Plan-les-Ouates est le fer de lance de la lutte contre la banane Chiquita du Panama.

A noter que la gauche n'est pas unanime. Et que certains y verrait bien pousser des habitations (écohabitations évidemment) mais surtout pas le centre sportif porté par le comaire de Plan-les-Ouates, devenu récemment président des Verts libéraux genevois. Repérsentant de cette gauche anchois, Pascal Holenweg l'écrit dans son blog Cause toujours: "Genève ne manquant pas de cardons mais de logements, et surtout de logements sociaux, il est aujourd'hui, aux Cherpines et aux Charottons comme aux communaux d'Ambilly, plus important de se donner l'espace nécessaire à la construction de logements sociaux que de maintenir l'espace nécessaire à la production de cardons." Ce qui revient à féliciter la Migros d'avoir construit son centre sportif à Neydens...

Ambiance à gauche...

Le vote sur les Cherpines du 15 mai devient donc le quadruple enjeu emblématique:

  1. de la capacité d'une ville-canton de construire de nouveaux quartiers
  2. du mythe d'une agriculture de petits paysans de proximité.
  3. de la densité et de la mixité des activités, sans oublier, car le camarade Grobet ne tardera pas à ajouter son grain de sel -
  4. de la plus-value foncière et du droit de propriété.

C'est sans doute trop pour que les Genevois s'y retrouvent.

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