Küng, le voile, le droit et nous (09/01/2011)

küng hans.jpgHans Küng tout d'abord parce que profitant d'un rangement, je suis retombé sur un des pavés publiés par le célèbre théologien catholique suisse, interdit d'enseignement par un certain Josef Ratzinger.

Je me suis replongé dans ce livre fabuleux de 1200 pages au titre évocateur: "Le christianisme, ce qu'il est et ce qu'il est devenu dans l'histoire". J'ai relu l'introduction et vous livre les pages 84 et 85. Küng donne à l'islam un statut de religion que les juifs et les chrétiens peuvent reconnaître comme leur aussi et Muhammad comme leur prophète au même titre qu'Isaïe ou Jérémie, car rien n'empêche que de nouveaux prophètes puissent surgir dans le monde après Jésus Christ. On lira ces deux pages ici.

Le voile, c'est celui de cette collègue journaliste que j'ai personnellement cotoyée plusieurs mois quand elle était stagiaire à la Tribune et qui a fait acte de candidature à la RTS. Je l'avais même convaincue d'éditer un blog qu'elle ensuite abandonné...

Dans les blogs de la Tribune, j'ai lu plusieurs notes tout à fait intéressantes que j'ai brièvement citées dans la revue des blogs que je publie tous les jours ou presque dans wezine.blog.tdg.ch. Et j'ai reçu par courriel la mention du blog de Pascal Gemperli dans 24 Heures. Comme le constituant Tristan Zimmermann, son auteur se place sur le strict plan de l'Etat de droit et nous explique que rien ne permet d'empêcher la nomination de la journaliste si elle répond aux exigences du poste et est sélectionnée par la RTS.

Rien? C'est oublier le peuple suisse, nous, qui ne comprendrions pas que la Radio télévision suisse puisse engager une journaliste qui potentiellement porterait le voile à l'écran. Les interventions de Philippe Souaille, Olivier Francey vont dans ce sens.

Que faire? C'est justement pour trancher ce genre de dilemme que la politique existe. L'Etat de droit est un principe que les juristes ont raison de rappeler. La règle du jeu est la même pour tout le monde sans distinction de religion, de conscience, de sexe ou d'origine. Mais, dans une démocratie, ils ne sont pas les ultimes prescripteurs de ce qu'il convient de faire dans certaines circonstances. Même si l'affaire pourrait remonter jusqu'au tribunal fédéral ou à la Cour européenne des droits humains.

En l'occurrence, il paraît qu'une décision pondérée s'impose. Seule la compétence de la journaliste doit décider en effet de son engagement ou non par la RTS. En revanche, dès lors qu'elle travaillera en public, elle devrait enlever le signe distinctif religieux qu'elle porte. Ce ne serait pas une entrave à sa liberté religieuse, mais la reconnaissance que sa liberté s'arrête là où commence celle des autres.

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