Liberté – Justice – Solidarité (09/04/2010)

logo pss emploi.pngIl est de bon ton d'accuser les partis politiques de tous les maux. Il est même bien porté de critiquer la politique elle-même. Le Conseil fédéral est au plus bas. Tous des incapables! Dehors l'arbitre, crient les supporteurs mécontents. Au feu le maître, les cahiers au milieu, chantions-nous enfants, à l'heure des promos, heureux d'être libérés des disciplines scolaires.

Libéré du travail? Sans doute pas pour la majorité des élèves d'alors, appelés sans discussion à participer aux tâches de la maison, voire à seconder leurs parents dans leur commerce, la ferme ou l'atelier. Les réseaux sociaux s'appelaient alors paroisse, parti, scoutisme et colonies de vacances.

Liberté, tel est le premier mot de la nouvelle vision du Parti socialiste suisse. Quand l'Etat recule et est remplacé par la consommation, la liberté grandit-elle?

Ospel sera sans doute déchargé par l'assemblée des actionnaires d'UBS du 14 avril. En économie suisse, en économie tout court, sauf en économie solidaire ou coopérative, la démocratie n'existe pas. C'est l'argent qui gouverne, point d'égalité entre les actionnaires. Quant aux employés - on ne dit plus trop travailleurs sauf à la gauche du PS - ils sont tout simplement absents des assemblées générales. A l'exception des représentants des "capitalistes sociaux", les gérants des caisses de retraite. Il est loin le temps de la participation. Quant à la cogestion, elle n'a pas mieux préservé les entreprises qui l'avait pratiquée des affres des licenciements ou même de la faillite.

Justice...

... tel est le deuxième mot de la nouvelle vision du Parti socialiste suisse. L'entreprise est un risque et le risque n'est pas un délit. Sauf quand il est écologique. Transporter du pétrole un mer ou tenir des poules en batterie ou priver les vaches d'air pur est plus risqué pour un entrepreneur que monter des produits financiers toxiques.

UBS a assaini son bilan en en sortant les valeurs pourries - très dévalorisées - qui ont été reprise par une filiale de la BNS. Combien la société StabFund - qu'à Genève on a appelée Fondation des casseroles quand il s'est agi de sauver la Banque cantonale (il en a coûté plus de deux milliards aux contribuables) - perdra-t-elle d'argent au terme de l'exercice? Personne ne sait. Peut-être rien si les marchés se redressent. Fin 2009 24 milliards de francs étaient encore en compte et la perte de 460 millions est compensée. UBS, elle, comme chacun sait, a repris le paiement des bonus sans quoi elle perdrait ses meilleurs traders.

Solidarité est le troisième mot de la nouvelle vision du Parti socialiste suisse. L'impôt finance la solidarité. A condition que personne n'y échappe.

Pour le reste, la critique du programme n'est jamais plus dure quand elle vient des rangs mêmes du parti. Sur son blog Cause toujours, Pascal Holenweg écrit:

"Quel renouveau ? Quel changement ? C'est le rôle d'un programme que le dire. Celui qui est proposé au PS évoque la «régulation sociale et écologique de la globalisation». Mais cette régulation est illusoire si le contenu même de la globalisation capitaliste, et ses règles, ne sont pas remises en question, à commencer par la propriété privée."

Et encore

"Le PS est-il réformable ? La question est idiote. La vraie question n'est que de savoir si le PS est ou non utilisable, et s'il ne l'est pas, ou plus, le réformer serait une perte de temps. Un parti politique est un instrument. Quand un instrument ne fonctionne plus, ou qu'il est devenu inapte à l'usage que l'on veut en faire, on en change."

Et enfin

"Toute politique aujourd'hui, dans nos «démocraties», tient du simulacre : simulacre de débat ou de consultations aboutissant à des simulacres de décisions, inapplicables sauf lorsqu'elles ont déjà été prises par d'autres -qui, eux, ne jouent pas un rôle, parce qu'ils n'ont nul besoin de l'acquiescement des peuples : leur pouvoir, ceux-là, les maîtres réels du monde réel, ne le tiennent que d'eux-mêmes, et de leur richesse."

Le nouveau programme du parti socialiste n'est pas très éloigné de ce qui est (ou fut) une des sources de l'action des chrétiens en politique: la doctrine sociale des églises. celle de l'Eglise catholique - Rerum novarum de Leon XIII, le personnalisme de Mounier - inspira les partis démocrates-chrétiens d'Europe. La pensée économique de Calvin - relire à ce sujet la thèse d'André Bieler, l'idéologie des libéraux non ultra.

Le nouveau programme du Parti socialiste recomposera-t-il la vie politique suisse? Il est sans doute trop tôt pour le dire. Sociologiquement les électeurs du Parti démocrate-chrétien sont issus en Suisse très majoritairement encore du des terreaux catholiques marqués par le corporatisme, très opposés à la lute des classes,  marqués aussi par le Kulturkampf qui au XIXe siècle divisa la Suisse entre les partisans d'un radicalisme alors volontiers anticlérical (on dit aujourd'hui laïque), républicain et moderniste et les partisans du clan, du canton, d'une nation, où l'humain ne saurait se concevoir, comme personne et membre d'une société, détaché de Dieu et de ses commandements.

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