Troisième voie CFF, un rendez-vous historique? (21/12/2009)
A l'heure où j'écris ces lignes, le gratin politique valdo-genevois signe à la Maison de l'Elysée à Lausanne la Convention-cadre relative au développement de l’offre et des infrastructures ferroviaires sur la ligne Lausanne – Genève-Aéroport, un morceau du très peu ambitieux ZEB. Les président Pascal Broulis et François Longchamp, la ministre de la mobilité Michèle Künzler et le chef des infrastructures François Marthaler signent donc la Convention de 2009. [voir le powerpoint]
Espérons que le projet mettra moins à sortir de terre que la Convention de 1912 qui devait donner naissance au CEVA, mais qui fut interrompue par la Première guerre mondiale, puis par la crise de 1929, puis par la Seconde guerre mondiale, avant d'être bottée en touche dans les années 70 par les CFF qui ont préféré réaliser le cul de sac de l'aéroport plutôt que la liaison Cornavin Annemasse.
On peut hélas se demander si une fois de plus nos autorités n'ont pas un train de retard.
Plutôt qu'une troisième voie, qui ne manquera pas de soulever des milliers d'oppositions de la part des riverains, même si les terrains sont passablement réservés, et où une quatrième voie sera encore plus difficile à construire, c'est une deuxième ligne à 250 km/h entre GVA - Genève Voltaire Aéroport - et le plateau suisse que nos autorités devraient créer le long de l'autoroute.Hélas, l'histoire ferroviaire locale est une série de rendez-vous manqués avec le train de l'histoire.
Je ne rappelle donc pas (le site CEVA.ch offre une excellente histoire ferroviaire régionale, tout comme wikipedia)
- l'échec des projets genevois de relier Paris à Milan et Budapest via Genève et un tunnel sous la Faucille,
- le refus du Grand Conseil genevois de laisser la ligne du PLM traverser le canton pour desservir la vallée de l'Arve, contraignant les Français à construire la ligne du pied du Salève - une des plus pentues d'Europe, gamin j'ai vu nombre de trains patiner et s'arrêter à quelques mètres de la crête, juste au niveau du business park d'Archamps.
- la construction de la gare à la Praille dont la seule raison de l'emplacement était d'assurer un transfert modal avec le canal du Rhône au Rhin,
- la fermeture de la ligne du Tonkin.
- le barreau sud qui a buté contre le désintérêt de la France de forger un réseau ferré digne du XXIe siècle,
- le cul de sac de l'aéroport qui prive les Lausannois de pouvoir accéder à Cointrin en 25 minutes.
- la réduction des correspondances vers Annecy
Certes le réaménagement de la ligne des Carpathes mettra Paris à 3 h et quelques minutes de Cornavin, mais le TGV ne desservira pas l'aéroport qui reste un cul de sac. A moins que la convention de 2009 ne contienne un cadeau de Noël surprise (hélas non!). A noter qu'une seule gare sera desservie entre Bellegarde-et-Bourg en Bresse, à Nurieux, obligeant les habitants de Nantua à prendre leur voiture ou bus pour venir travailler à Genève
09:20 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Il n'y aura pas de cadeau de Noël surprise. Maintenant que l'interconnexion EV - Cornavin est acquise, maintenant que l'augmentation de capacité Lausanne-Genève est en bonne voie, l'étape suivante, à planifier, est effectivement de régler le cul-de-sac de la gare de Genève-Aéroport.
La rive droite voit donc plusieurs problèmes (le fait que la gare de Genève-Aéroport soit en cul-de-sac est une cause de ces problèmes).
- trafic régional: pas de liaison Bellegarde - Chancy - Aéroport; il manque le bout de ligne Zymeysa - Aéroport (le "shunt de Châtelaine");
- trafic régional: pas de gare RER entre l'aéroport et Cornavin; des haltes RER Blandonnet et Châtelaine seraient intéressants;
- trafic régional: pas de gare RER sur le Grand-Saconnex; une ligne RER dans la zone serait intéressante;
- trafic national: la ligne de Châtelaine est proche de la saturation; il devient difficile d'y augmenter les convois; un dédoublement par une boucle Aéroport-Cornavin côté Nations améliorerait la situation (ou une voie de plus sur le trajet actuel, mais la place est limitée);
- trafic international: impossible, sans rebroussements compliqués, de faire Bellegarde - Cornavin - Aéroport - Haute-Savoie; supprimer le cul-de-sac de l'aéroport et le shunt de Châtelaine règlerait le problème et permettrait à Genève d'avoir une meilleure desserte internationale en en faisant une gare de passage et non terminus de la SNCF.
Tout ceci est à l'étude par les CFF qui doivent donner leur copie en 2011. L'idéal serait de boucler la boucle Aéroport-Mies (pour le trafic suisse et régional), Aéroport-Cornavin via Gd-Saconnex (pour le trafic régional et international), le shunt de Châtelaine (sous Blandonnet; pour le trafic international et régional), 4 haltes RER (Blandonnet, Châtelaine, Nation, Gd-Saconnex.
Le hic sera l'aspect financier. L'argent il y en a eu pour Zurich, mais il n'y en a plus pour au moins 20 ans. A moins qu'un financement permanent des infrastructures ferroviaires soit trouvé. Mais Mooritz en bientôt 15 ans de fonction, semble l'avoir découvert maintenant que des projets zurichois pourraient être touchés.
Écrit par : teoli | 21/12/2009
J'ai eu la même réaction que vous. Je trouverais plutôt positif que ça avance du côté de cette troisième voie, si ça n'était pas l'assurance que rien de nouveau ne sera entrepris avant 2050 au moins ! Il aurait vraiment fallu entreprendre un projet d'avenir, qui puisse participer à mettre Cointrin à moins de 2 heures de Kloten par le rail. Et par là même à offrir une véritable alternative à la route.
Écrit par : Kad | 21/12/2009
Monsieur Mabut adore les pétards mouillés, je parle bien sûr de ceux de l'Escalade!
Écrit par : dominiquedegoumois | 21/12/2009
Cher @KAD entre Kloten et Cointrin vous avez déjà un truc génial et qui va très vite, c'est les avions!
Vous savez ses trucs qui volent dans les airs, quand ils ne tombent pas!
C'est idéal quand vous avez des aéroports, c'est même fait pour, alors que les trains c'est pour les gares!
Écrit par : dominiquedegoumois | 21/12/2009
Cher dominiquedegoumois, c'est ce que j'ai pensé juste après avoir envoyé mon commentaire. J'aurais dû écrire: une véritable alternative à la route ET à l'avion! Mais je pense que tout le monde à part vous avait compris...
Sinon, le rôle d'une ligne à (relativement) grande vitesse sur le plateau suisse ne serait bien sûr pas de relier les aéroports entre eux, mais de relier les villes entre elles, mais aussi de relier l'ensemble du plateau avec les 2 principaux aéroports. Par exemple, en mettant Fribourg à 3/4 d'heure de Cointrin, ça serait un gain de temps plus qu'intéressant pour les habitants de cette ville...
Écrit par : Kad | 22/12/2009
Même si desfois je ne suis pas toujours d'accord avec tous les articles que l'on peut-y trouver, je tenais à vous remercier pour votre formidable site.
Merci pour ton article et bonne année à toutes et à tous !
Écrit par : Jogos de vestir | 07/01/2010