Le successeur de Bèze absout les banquiers (23/05/2009)

dermange tete.jpg"La crise actuelle n'est pas due à quelques méchants managers qui se seraient mal comportés, ni même à une absence de règles. Le problème est plutôt que celles qui existaient ont été mal appliquées par les instances chargées du contrôle des banques." C'est le doyen de la faculté de théologie de l'Académie de Genève, le successeur de Théodore de Bèze, qui le dit dans Bilan de cette semaine.

"Si moraliser signifie rendre les acteurs économiques "vertueux", on se méprend complètement. dit encore François Dermange. L'économie moderne est née de la dissociation de l'économie et de la morale; cette dernière y est d'ailleurs inefficace." Le professeur a sans doute raison sur le plan formel. Encore que je me demande si la société policière dans laquelle nous glissons peu à peu, à l'égal de celle qui ailleurs est police des moeurs ou police de la pensée, n'est pas justement dû au fait que la morale est inefficace.

Quand l'homme ne se tempère pas par lui même, en raison d'une éthique ou d'une morale transcendante ou immanente, il fabrique une société carcérale infantile où le contrôleur domine: le contrôle qualité se substitue à la conscience professionnelle, le politiquement correct au civisme, le consumérisme au socialisme, le profit individuel au bien commun.

Une société infantile et donc violente: ce n'est pas l'homme qui est mauvais, c'est la société qui le corrompt et c'est donc à elle qu'incombe la responsabilité de rétablir les bons comportements par le droit. Belle fiction!

"La crise devrait nous pousser à une vraie remise en question, mais peu de politiques s'aventurent sur ce terrain-là." dit encore le théologien. "On se recroqueville, on s'enferme dans le grand coffre-fort national, on s'accroche à ses acquis." L'issue? "Les médias qui sont encore des lieux où peuvent encore s'exprimer des opinions divergentes qui sortent des jeux de rôle convenus." Vraiment?

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