Fins de vies: parlons-en! (13/05/2009)

darbellay matin dimanche euthanasie.jpg«De l'euthanasie pure et simple!» c'est la réaction de Philippe Barraud aux propos de Christophe Darbellay dans le Matin Dimanche sur le coût de la fin de vie. Le publiciste cite le président du PDC suisse dans son blog Commentaires: «Certains pays comme la Scandinavie disposent de critères médicaux et éthiques pour prendre ce genre de décisions.»

«La Scandinavie n’est pas un pays, commence par répondre Philippe Barraud. Mais, poursuit le publiciste, certains pays du Nord, y compris la Grande-Bretagne, appliquent des critères économiques et statistiques littéralement meurtriers pour les personnes de plus de 75 ans, puisque les soins, dialyses et autres opérations leur sont par principe refusés, à moins qu’ils ne puissent les payer. C’est de l’euthanasie pure et simple...» Vraiment?

Sur un ton tout aussi définitif, Alain Hubler écrit sur son blog:  «Si chacun a le droit de se poser la question de la souffrance, de la vie à tout prix, de la fin, de la vie et de la mort du point de vue éthique, cela me paraît parfaitement scandaleux de se la poser dans une optique économique. En effet, s’il y a bien un domaine où il est difficile d’abuser – la théorie des « abus » est tellement à la mode – c’est dans mort.»

Et la naissance, ajouterais-je, cher blogueur, le début de la vie, frappé des mêmes inconnus du fait des progrès incessants de la médecine? Fin et début n'ont pas fini de poser des questions éthiques et économiques qui s'ajoutent à celles toujours irrésolues des fins et des origines de la vie...

Il y a cinq ans ma mère est décédée d'un cancer. Diagnostiquée tardivement, la maladie l'a emportée en quatre mois. Dès le début, le cancérologue ne nous a pas caché que le pronostic de survie n'était pas important. Elle s'est battue puis a renoncé. Elle avait 73 ans. Je me souviens encore de son joli visage esquissant un sourire d'éternité.

Il y a dix ans mon père qui devenait aveugle a choisi la voie d'Exit. Il avait 73 ans. Il nous parlait de la mort depuis 20 ans. Son geste singulier remue encore les consciences parmi ses parents et ses proches. Pas un mois sans qu'on ne m'en parle.

J'ai entamé la lecture du livre de Jacques Donzel et de son fils Olivier. Le mercenaire, qui sort de presse ces jours, raconte la mort sur l'échafaud à Vidy, le samedi 24 avril 1723, du major Davel et ses tribulations de mercenaire, où il avait pêché, notamment en Hollande, les idées de liberté et d'autodétermination, que Leurs Excellences de Berne et leurs affidés vaudois ne pouvaient tolérer. Je retiens de ce texte fort intéressant cette citation de Sénèque: "L'essentiel n'est pas de vivre longtemps, mais de vivre pleinement."

Je ne sais pas comment je mourrai. Personne ne le sait. Mais je sais que nous n'échapperons pas au débat politique sur la fin et le début de la vie. On peut certes discuter des manières de le porter sur la place publique. Mais on débattra, on s'écharpera pour savoir où placer le curseur qui marque le point où le droit à la vie et  le droit à la mort s'opposent à l'acharnement ou à l'expérimentation thérapeutique. Il est évidemment différent pour chacun d'entre nous. Mais il nous concerne tous collectivement, dès que nous supportons tous les coûts de cette médecine de l'extrême.

La vie à tout prix n'est ni un droit fondamental ni une attitude philosophiquement ou éthiquement défendable. A ce sujet, on lira avec attention le billet qu'a publié hier le pasteur Daniel Neeser sur son blog http://dneeser.blog.tdg.ch

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