La ville et la tuerie: rien à voir? (12/03/2009)

tuerie winnenden.jpg"Nous ne savons pas comment faire. Sûrement nous ne referions pas les Avanchets, ni des tours de béton posées sur du gazon." Terrible aveu qui tombe - et ce n'est pas au hasard - au lendemain de la tuerie insensée qui endeuille l'Allemagne. L'aveu est celui de l'architecte Jean-Gilles Decosterd ce matin sur la RSR au chapitre des Urbanités qui consacre son émission du jour à la question "Les cités sont-elles criminogènes?"

essor bicoques conservées.jpgAprès les errements du béton brut, les cités satellites, les alignements des deux ou trois étages sur rez avec jardin privatif, la conservation anachronique de bicoques en pleine vile (chemin de l'Essor, cliquez sur l'image pour l'agrandir), les architectes avouent. Ils ne savent pas comment construire la ville, tout en réclamant pour de nobles raison écoloiques qu'il faut pourtant construire la ville en ville.

Rien à voir avec la tuerie de Winnenden? Le sentiment d'appartenir à une cité et non à une banlieue sans âme, c'est-à-dire à nulle part, le fait d'être membres reconnus et aimés d'une communauté et non un simple numéro dans la foule bestiale participe essentiellement de la vie. La tuerie est l'acte paroxystique d'un mal-être qui commence par l'abandon des détritus sur le trottoir.

Et on continue pourtant à leur confier les clés de notre avenir, aux experts en architecture, en urbanisme et en environnement. Ils sont aux commandes du projet d'agglomération franco-valdo-genevois. Les politiques sont absents. Aucun débat au Grand Conseil, aucune loi d'orientation n'a précédé ou n'accompagne le processus qui va son train. Les élus impliqués sont soit complices, soit prisonniers d'une logique qu'ils ne sont pas en mesure de remettre en cause ni même de discuter. Quant à la démocratie participative qui accompagne l'étude des PACA, elle relève au mieux d'un exercice alibi au pire d'une mascarade. Une manière détournée de livrer la ville aux lobbies de la conservation à tout crin.

Pire, en obligeant les communes à réaliser des plans directeur, on les contraint à leur corps défendant à une vision nombriliste de l'aménagement du territoire. Les frontières communales vieilles de d'un siècle et demi n'ont en effet plus rien à voir avec le vécu des Genevois. Coincés entre leur électorat qui refuse majoritairement tout développement et les activistes de la défense du patrimoine et de la nature, les élus optent pour l'exercice de style sans suite ou le surplace. Plus rien ne bouge et l'on se gagarise à longueur de rapport et de réunion de voies vertes et de corridors biologiques, alors qu'augmente le nombre de Genevois sans toit, contraints de s'exiler en banlieue et/ou de supporter des loyers exorbitants.

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