Un PDC bavard contre trois libéraux quasi cois (17/02/2009)

horlogerie.pngPrésident de Léman Bleu, mais aussi de la Fondation pour l'aide aux entreprises, Philippe Lathion n'a pas sa langue dans sa poche. Hier soir, au cours d'une conversation privée dans les studios de Léman Bleu, il a tout de go dénoncé l'attentisme des banques, UBS en particulier, riche des milliards des contribuables suisses, qui se permettrait de refuser des lignes de crédit à des PME pourtant cautionnées par l'Etat de Genève. C'est un comble! Un scandale, clame le bouillant Valaisan. Et d'énumérer les conditions d'une politique de sauvetage du tissu économique genevois.

1) Le gouvernement doit d'urgence prendre langue avec les banques commerciales pour desserrer les conditions du crédit aux PME, notamment aux sous-traitants de l'horlogerie qui voient leurs carnets de commande se vider et les délais de paiement s'allonger. Sans quoi la liste des faillites va exploser ces prochains mois.

2) L'Etat doit commencer par montrer l'exemple et payer ses factures à 30 jours et non à 120 comme c'est enconre trop souvent le cas.

3) La FAE doit assurer une aide à la facturation pour aider les PME dont les créanciers se font tirer l'oreille.

4) La FAE doit obtenir des moyens de l'Etat pour augmenter son volant de cautionnement et cas échéant pouvoir prendre des participations minoritaires.

En face, trois libéraux un peu ébahis et presque cois.

A part la commerçante Fabienne Gautier qui connaît son homme - elle siège dans le même conseil que Philippe Lathion -, le gérant de fortune Renaud Gautier et le gérant immobilier Barbier-Muller arborent un bronzage de saison. Mesurent-ils l'urgence? Manifestement pas au même degré que leur interlocuteur. [Ajout à 10H15: mes excuses à Renaud Gautier, j'aurais dû en effet ajouter les commentaires qu'il apporte ci-dessous dans ce billet.]

L'expert-comptable ne se laisse pas démonter. Quelqu'un a dû glisser quatre sous dans la machine à parler qui continue son tir contre les banquiers. Un réquisitoire en trois points, qui fait mouche à chaque coup. C'est bien la première fois que je vois trois libéraux bouche bée devant un démocrate-chrétien.

1) un banquier dont le concurrent offre des rendements de 13% se doit de proposer des produits avec des rendements de 14%. Un tel banquier est un  banquier piégé. Quand la Confédération prête à UBS à 12%, vous croyez sérieusement que ce prêt est sans risque?

2) Additionnez un effet de levier et un mathématicien et vous créez une perversion. D'emboîtement en emboîtement, vous parvenez à des taux de fonds propres ridicules. De la poudre aux yeux.

3) C'est quoi une PME? Une entreprise de 50 ou 100 personnes. Son taux de croissance interne n'atteint guère plus de 2 à 3% par an. Les banquiers doivent cesser de mélanger la croissance externe, faite souvent d'acquisitions d'entreprises dont certaines ne sont pas rentables, et la croissance interne.

Sur son blog Politique et Toile, Renaud Gautier n'a rien dit de cette conversation à bâtons rompus. Prudent, le financier a préféré commenter la dernière idée du député Stauffer qui propose de séparer les élèves francophones des élèves allophones, histoire d'apprendre aux seconds la langue des premiers. Une idée que le député libéral n'apprécie pas du tout. Le contraire nous aurait étonné. Et de chanter les charmes de la mixité des Pâquis.

"Dans un blog de la TdG, écrit Renaud Gautier, Monsieur le professeur Pierre Losio raconte ce qu'était l'école primaire des Pâquis il y a quelques lustres. A l'époque déjà existait la diversité culturelle et linguistique des élèves. J'imagine volontiers, à lire Pierre Losio, que c'était tout en même temps une difficulté et une richesse. Et à le lire, la plupart de ces enfants ont fait leur trou dans la vie."

A noter pour revenir au sauvetage du tissu économique genevois que le PDC genevois a doublé tout le monde en déposant un projet de loi qui doterait la Banque cantonale d'un fonds de 10 à 20 millions permettant à la Banque de lancer des bouées de sauvetage aux PME qui boiraient la tasse. Le Temps s'en fait l'écho ce matin.

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