C'est oui à Genève par 62.4%. Le dimanche noir a vécu (08/02/2009)

oui 8 fév.pngLes Genevois ont  dit oui à la reconduction des bilatérales et à leur extension à la Roumanie et à la Bulgarie par 62,4%. Toutes les communes sauf Vernier ont voté dans le même sens.

Les Suisses ont dit oui à 59%. Contrairement à 1992 et au fameux dimanche noir qui voyait les Suisses - mais pas les Genevois - refuser l'Espace économique européen, le succès est sans doute dû au fait que le camp du oui n'a pas fait l'erreur de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Cette fois, l'on a même eu droit à une campagne prudente. Les Suisses aussi ont bien compris que leur avenir et leur prospérité future sont désormais liés à ceux des 420 millions de consommateurs européens. Bonjour l'Europe!

Les quatre autres sujets cantonaux ont également été acceptés avec de forte majorité dans toutes les communes.

A noter que l'interdiction de siéger également à Berne pour les membres du Conseil d'Etat est une baffe pour Robert Cramer. Qui a démontré les limites de l'exercice. On se demande même s'il ne s'agit pas d'un vote de défiance à l'égard du ministre vert du territoire et des transports. Sur le fond cependant cet ukase populaire est dommageable. La prochaine constitution instituera peut-être, comme les radicaux l'ont proposé, deux sièges aux Gouvernement pour deux ministres sans portefeuille conseillers aux Etats à Berne.

Quant au vote par internet, les 70% de oui démontrent une certaine maturité des citoyens qui ne se sont pas laissés abuser par les apôtres du principe de précaution à tout crin. Le risque zéro n'existe que dans la tête de ces idéalistes.

Au-delà de cet aspect sécuritaire, le vote par internet pose bien d'autres questions: celles de la démocratie électronique, de l'interactivité administrations-administrés, de la transparence des fichiers détenues par les services publics, les entreprises mais aussi par les particuliers. Sur une toile qui, de surcroît, bilatérales ou non, ne connaît pas de frontière.

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Les deux derniers sujets soumis au  vertict des Genevois ont passé la rampe sans surprise. En fait ces deux votes étaient essentiellemennt formel tous deux organisés en raison du principe du référendum obligatoire qui a Genève frappe tout projet de modification des lois fiscales et depuis peu des lois sur le logement.

Ces votations à répétitions, dont les enjeux sont mineurs voire inexistants, ne sont pas favorables à une saine démocratie.  Le peuple vote davantage quand il a le sentiment que l'enjeu en vaut la peine. Le scrutin sur les bilatérales le démontre une fois de plus, qui mobilisé plus de 50% de l'électorat (52,37% à Genève), ce qui en Suisse est un très bon score. Pour les lecteurs non nationaux de ce blog, il faut rappeler que les Suisses votent au moins quatre fois par années. Les Genevois voteront en 2009 six fois, dont quatre fois en moins de 60 jours cet automne.

La campagne anti-frontaliers n'a pas eu l'impact que ce que d'aucuns craignaient ces derniers jours. Les Genevois ont même été plus favorable au "pacs de raison" avec l'Europe qu'en 2005, comme le montre la carte ci-dessous opportunément fournie par la Chancellerie d'Etat sur le site de l'Etat de Genève www.ge.ch. Seule la commune de Vernier et plus particulièrement les arrondissements électoraux de Vernier village et des Avanchets refusent la voie bilatérale avec l'Europe.

Les gouvernements tant fédéral que cantonaux seraient bien inspirés de resserrer les contrôles pour dissuader les entrepreneurs non citoyens (une petite minorité) de recourrir excessivement aux travailleurs migrants temporaires et favoriser l'embauche prioritaire des chômeurs, quitte à prendre en charge les frais de leur reconversion professionnelle. Quant à la campagne anti-frontaliers, on ne peut guère espérer que le député Stauffer mette une sourdine à ses coups de gueule. Peut-être le Conseil d'Etat devrait-il reprendre rapidement les rennes du projet d'agglomération et financer sans attendre la Saint-Glinglin quelques parkings d'échange connectés à des bus rapides, y compris en France voisine.
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