A Gaza, Antonio Hodgers fait du journalisme citoyen sur Facebook (25/01/2009)

hodgers à gaza.pngLe conseiller national Vert Antonio Hodgers est à Gaza avec trois de ses compères: les socialistes Rielle et Sommaruga et le popiste Zisyadis. La délégation parlementaire doit rentrer demain et sera accueillie à l'aéropot par les journalistes. Branché, Antonio Hodgers, qui vient d'ouvrir son site perso www.hodgers.ch (il aurait bien aimé être candidat au Conseil d'Etat mais ses copines lui ont coupé l'herbe sous les pieds) pratique le journaliste citoyen sur Facebook. Le réseau social est en train de faire un tabac dans la classe politico-médiatique du bout du Léman. Voici donc pour celles et ceux qui ne sont pas encore amis d'Antonio, les deux articles qu'il a publiés hier matin à 8h et hier soir à 22 h 30.

"Ce qui est le plus frappant dans les rues de Gaza, écrit le conseiller national, c’est le nombre d’enfants. La bande a un des taux de natalité les plus élevés de la planète et 40% de sa population a moins de 15 ans. C’est le premier jour d’école après la guerre ; ils courent, s’amusent et jouent entre eux. Ces scènes pleines de vie me rappellent que l’être humain est comme la mal-nommée « mauvaise herbe » : on a beau l’arracher, elle repousse toujours. Et il est tellement bon qu’il en soit ainsi."


Gaza : journal de bord – jour 1 (23.01.09)
Notre arrivée au Caire par un vol direct de Genève s’est faite avec plus d’une demi-heure d’avance. Nous transportons avec nous 120 kg de médicaments récoltés par l’ONG « droit pour tous » qu’il nous faut faire passer à la douane. Petite tension. Le douanier inspecte les paquets d’un air sceptique... Finalement, la perspective de longues discussions sur la destination du matériel médical semble le décourager et il nous laisse passer.

Nous avons rendez-vous à 20h30 avec l’Ambassadeur suisse en Egypte ainsi que le personnel de la DDC (coopération au développement). La première partie de notre discussion porte sur la situation humanitaire à Gaza. Sans surprise, on nous confirme que les infrastructures sont très largement détruites et que des risques d’épidémies existent. La Suisse est principalement concentrée sur l’aide humanitaire, dont une grande partie est acheminée par l’Egypte. Sur le plan politique, l’Ambassadeur nous explique que la diplomatie suisse souhaiterait une trêve concertée – et non pas simplement deux trêves unilatérales – entre les deux parties (Israël et Hamas), ce qui implique un dialogue avec chaque camps.

En seconde partie, on en vient aux autorisations de passages à Rafah. En effet, la frontière sud de Gaza est contrôlée par l’Egypte est il nous faut une permission pour pouvoir passer. L’ambassade suisse a eu la prévenance de prévoir ces documents pour nous. Malheureusement, nous constatons qu’il faut les modifier pour des raisons formelles ! Ceci implique pour l’ambassadeur et son équipe de retourner à l’ambassade, de réveiller le traducteur et de réimprimer les papiers. Il est près de 23h. Deux heures plus tard, on nous informe qu’il faut encore attendre l’arrivée du collaborateur ayant les clés du tiroir où sont rangés les tampons officiels... A 2 heures du matin, et après avoir mobilisé 4 ou 5 fonctionnaires durant leur nuit du week-end (vendredi et samedi dans les pays arabes), nous recevons enfin nos sésames. Mille mercis à eux. Avec ces documents, nous n’avons pas la garantie absolue de pouvoir rentrer sur Gaza, mais de bonnes cartes en main.

Il est temps de rentrer à l’hôtel pour 3 heures de sommeil. Nous partons le lendemain à 6h du matin en minibus pour cinq heures de route afin d’arriver à Rafah à l’ouverture du passage, soit à 11h.

Gaza : journal de bord – jour 2 (24.01.09)

Nous arrivons à la douane de Rafah à midi. A travers les grilles fermées, nous présentons nos papiers à un jeune officier égyptien. Le problème est de sortir de l’Egypte plus que d’entrer à Gaza. On nous dit de retourner au Caire pour s’adresser aux Services d’intelligence… Cependant, on insiste. Carlo Sommaruga, dont la barbe est signe d’autorité sous ces latitudes, reste très ferme : on a nos papiers en règles, on doit pouvoir passer. Finalement, après une demi-heure, les grilles nous sont ouvertes. Mais il nous faudra passer encore par quatre contrôles supplémentaires. Suite à deux heures de tracasseries administratives, nous atteignons le sol palestinien. Cela nous a semblé long, mais dans la salle d’attente, des médecins turcs nous expliquent que cela fait 30 heures qu’ils patientent.

Dans le minibus que nous amène à Gaza city, notre guide improvisé – un palestinien docteur en géomatique qui a étudié à Paris – fait la visite : « à votre droite, un centre culturel détruit par un tank israélien, à votre gauche une maison bombardée, ici il y avait un commissariat… ». On croise six ambulances qui se dirigent vers la frontière. Avec plus de 5'500 blessés, Gaza a évacué beaucoup de personnes vers d’autres pays, dont l’Egypte et la Turquie.

Ce qui est le plus frappant dans les rues de Gaza, c’est le nombre d’enfants. La bande a un des taux de natalité les plus élevés de la planète et 40% de sa population a moins de 15 ans. C’est le premier jour d’école après la guerre ; ils courent, s’amusent et jouent entre eux. Ces scènes pleines de vie me rappellent que l’être humain est comme la mal-nommée « mauvaise herbe » : on a beau l’arracher, elle repousse toujours. Et il est tellement bon qu’il en soit ainsi.

Nous sommes reçu au Conseil législatif palestinien. Ou plutôt ce qu’il en reste, car le bâtiment – qui était neuf – est totalement en ruine suite aux bombardements. La réception organisée par deux députés a donc lieu sur une petite esplanade externe. Ils nous expliquent que le parlement palestinien doit siéger par visioconférence car Israël ne permet pas aux députés gazaouis d’accéder en Cisjordanie. Un quart du parlement est donc bloqué à Gaza.

En suite, nous arrivons à l’hôpital de Shifa où nous remettons les médicaments transportés. Le ministre de la santé retrace les jours de guerre et la surcharge infernale que l’hôpital a vécu. La moitié des victimes sont des femmes et des enfants. Les médecins sont également dépassés par le type de blessures : visiblement les nouvelles armes israéliennes provoquent des lésions qui sont inconnues du staff médical. Accompagnant la délégation parlementaire, le représentant d’une ONG suisse spécialisée dans les mines et obus établit les contacts pour que la Suisse puisse aider à l’analyse. Ca c’est le bon côté du visage de la Suisse. La semaine passée, la majorité de droite du Conseil national refusait de cesser sa collaboration militaire et son commerce d’armes avec Israël. Ca c’est le mauvais côté.

La visite se poursuit dans les unités médicales. En arrivant, un enfant mutilé de 8 ans est prit d’une crise d’épilepsie à cause des blessures à la tête. A côté de lui, un homme blessé à l’abdomen est dans le coma depuis 5 jours. Plus loin, un autre enfant de 10 ans est aussi dans le coma suite à une balle qui l’a touché à la tête, il ne s’en sortira pas, etc

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Il n'y a plus de mots, c’est très (trop) dur.

On rentre à l’hôtel. Il fait froid. Demain des visites de terrain et des rencontres avec les familles des victimes sont prévues.

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