Le mea culpa de Charles Beer et la leçon de journalisme (22/11/2008)

Beer co arle reel.pngAvez-vous écouté le mea culpa de Charles Beer? Non? Cliquez ici pour voir la vidéo réalisée hier par ma consoeur Anne-Elisabeth Celton. Le ministre genevois des écoles y fait son mea culpa à propos de la fameuse page 18 de la brochure des votations du 30 novembre, relative au retour ou non des sections pures et dures au Cycle d'Orientation. Enfin!

Dommage que ces excuses, prononcées du bout des lèvres par un élève emprunté mais encore vindicatif, ne soient pas tombées plus tôt. Charles Beer plaide la bonne foi et veut convaincre que cette fameuse page 18 n'a pas été rédigée dans l'intention de nuire à l'initiative 134. D'aucuns n'en croient rien. Je suis enclin à lui accorder le bénéfice du doute. Car la lecture des autres textes publiés sous le titre L'essentiel en bref dans la même brochure montre une similitude de ton et de propos et à proprement parler la même dérive et confusion des genres que celles que les militants de l'ARLE et de REEL ont dénoncées avec succès. Les opposants à la loi sur l'Université s'en sont d'ailleurs rendus compte trop tard pour intenter la même action en justice.

Le pataquès qui a fait passer le gouvernement genevois pour une bande de manches met en cause un principe et une forme.

Le principe c'est celui qui, aux dires du gouvernement, prévalait à Genève jusqu'à présent. A savoir que l'essentiel en bref n'était pas un  texte neutre mais au fond le point de vue des autorités démocratiquement élues et responsables à ce titre de conduire la politique du canton.

Suivez la logique de ce point de vue: Genève contrairement aux autres cantons suisses rappelle volontiers qu'elle est une République. Une République plutôt jacobine d'esprit (radicale pour être tout à fait précis), à la française qui accorde à l'Exécutif plus de pouvoir qu'aux deux autres. C'est ainsi que face à un texte soumis en verdit des urnes en raison d'une action populaire - référendum ou initiative - au départ donc forcément minoritaire, le Conseil d'Etat prend volontiers la posture du défenseur de l'intérêt national. N'est-il pas lui et lui seul investi de la légitimité populaire alors que les référendaires ou les initiants ne le seront que si leur proposition est adoptée. D'où cette morgue du Conseil d'Etat à l'égard des comités de citoyens. Le voilà moucher par le Tribunal administratif. 

avs essentiel en bref.pngA la forme, comme disent les juristes, la question se résume à une simple leçon de journalisme de première année: séparer les faits des commentaires. Pour s'en convaincre, un coup d'oeil sur la brochure qu'adresse le Conseil fédéral aux citoyens suisses suffit (cliquer sur la vignette pour agrandir l'image et cliquer ici pour voir toute la brochure). La comparaison est éclairante. L'essentiel en bref version bernoise est s'articule selon une structure claire: des sous-titres explicites, l'avis de tous les protagonistes sobrement exposé. C'est de l'info, propre, efficace, qui ne craint pas les foudres de la justice.

CQFD, comme disait mon prof de math.

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