Dumping salarial: la subsidiarité K.O. debout (15/05/2008)

1755136106.jpg Les faits exposés par la Commission d'évaluation des politiques publiques sont inquiétants et se résument en une phrase: là où il y a des syndicats, les contrôles de dumping salarial fonctionnent. Ailleurs... Deux solutions: imposer la syndicalisation obligatoire des travailleurs ou étatiser les contrôles? Chiche que c'est la deuxième option qui s'imposera! Lentement.

A Genève un travailleur sur trois des secteurs économiques au bénéfice de conventions de travail élargies échappe aux contrôles intaurés en vue d'éviter la sous-enchère salariale.  37'427 travailleurs sur 100'337 sont menacés, estime la Commission d'évaluation des politique publique dans son dernier rapport publié hier.

Les secteurs du nettoyage et de l'hôtellerie sont montrés du doigt. Une sous-enchère salariale est présente, estime la CEPP sans la chiffrer. Elle s'attaque cette année aux travailleurs non conventionnés, soumis aux contrôles officiels de l'OCIRT. La CEPP recommande six mesures d'amélioration, sinon, écrit-elle "l'Etat devra à terme se substituer aux contrôles paritaires". La fin du principe de subsidiarité?

Au terme de l'enquête commanditée au printemps 2007 à l'institut Erasm, la CEPP constate que la surveillance du marché du travail n'est pas efficace.

Dans le détail, la CEPP dénonce la mauvaise répartition des contrôles. Les 11'738 travailleurs du gros-oeuvre, du second-oeuvre, et de la métallurgie du bâtiment sont bien contrôlés. Ce sont là que les syndicats sont les plus puissants: Plus de 50% de syndiqués dans la construction contre 6% dans le nettoyage, 4,5% dans le commerce de détail non alimentaire et 31% dans la restauration-hôtellerie. Les 48'515 travailleurs de l'hôtellerie-restauration, du commerce de détail, du nettoyage, etc. sont laissés à leur sort. 

C'est dans ces secteurs sous-syndicalisés, où règnent des conditions d'entreprise limite (certaines entreprises du nettoyage n'hésitent pas à se mettre en faillite pour échapper aux sanctions, note la CEPP, d'autres ont refusé de répondre au questionnaire), qu'on recensent les plus nombreux cas de sous-enchères salariales.

L'enquête suisse sur la structure des salaires vient corroborer les résultats de l'enquête des évaluateurs. A Genève 19% des travailleurs sont payés en dessous des minimum conventionnels dans les secteurs du Nettoyage, 15% dans le Commerce de détail non alimentaire, 8% dans l'hôtellerie restauration et 4% dans le gros-oeuvre. 

Pour ces mêmes secteurs, la CEPP note encore que 4% et 6% des 750 travailléurs qu'elle a interrogés indiquent avoir reçu des consignes illicites de leurs employeurs (mentir aux inspecteurs, se cacher ou fuir) à suivre en cas de contrôle. Des salariés qui de surcroît sont très mal informé sur le salaire minimum en vigueur.

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La CEPP recommande un sérieux tour de vis. L'OCIRT mais surtout les Commissions paritaires sont mis au défi de rétablir la situation.

1. Six points sont à améliorer pour renforcer les commissions paritaires, sinon l'Etat devra à tenne se substituer aux contrôles paritaires:

  1. Exiger le fonctionnement effectif de l'ensemble des commissions paritaires
  2. Prévoir une contribution professionnelle dans chaque CCT 
  3. Rendre les contrôles paritaires obligatoires 
  4. Garantir aux'commissions paritaires l'accès aux entreprises 
  5. Vérifier les infonnations auprès des caisses de compensation 
  6. Appliquer la CCT du canton dans lequel le travail est effectué.

2. Coordonner et augmenter les contrôles

  1. Documenter précisément les contrôles 
  2. Garder une trace des entreprises non confonnes 
  3. Transmettre lesrésultats détaillés des contrôles et centraliser les données à l'OCIRT 
  4. Augmenter le nombre de contrôles et de contrats de prestations (commissions paritaires & OCIRT).

3. Information et prévention

  1. Informer chaque travailleur du salaire minimum auquel il a droit 
  2. Produire et diffuser un schéma de fonctionnement du dispositif de réglementation du marché du travail
  3. Mener des campagnes d'infonnation régulières auprès des entreprises et des travailleurs.

 

 

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