Genève, un Etat quart-mondiste (30/11/2007)

"L'excès d'impôt envers les "riches" risque de créer un exode massif et de transformer Genève en un Etat quart-mondiste." La formule paraît ce matin dans la Tribune de Genève sous la plume de la très libérale Beatriz de Candolle, par ailleurs maire de la riche commune de Chêne-Bourg. Il n'est évidemment pas venu à l'idée de Madame la députée que le scandale n'est pas le niveau de l'impôt des plus riches, mais l'inégale répartition des richesses entre les habitants de ce pays et plus généralement entre les citoyens du monde.

 

Madame la députée cite en effet à l'appui de sa croisade contre les initiatives fiscales de l'extrême-gauche genevoise la récente migration de la famille Bertarelli à Gstaad, commune bernoise de Saanen, comme l'exemple d'exode qui menace le canton si les Genevois efface, le 16 décembre prochain, pour les plus riches, la baisse d'impôt de 12% votée en 1999. Or, affirme Beatriz de Candolle, l'exode des riches précipitera l'Etat de Genève dans le "quart-monde".

 

En effet, les riches ont cette liberté de choisir leur lieu de résidence. Ils ont aussi cette liberté de peser sur la politique culturelle de la ville, plus que tout autre citoyen normal, en allouant ou en retirant leurs généreux soutiens. Et le peuple n'a qu'à se taire et serait bien inspirer de saluer bien bas les riches qui nous font l'amabilité de demeurer sous nos cieux.

 

Madame la députée oublie sans doute que le revenu de Bertarelli n'est vraisemblablement pas entièrement ou seulement le résultat des performances exceptionnelles du patron d'Alinghi. Et même si c'était le cas - Bill Gates et quelques autres ont échaffaudé leur fortune en partant de rien - le don que la nature leur a donné ne les autorise en rien à s'arroger des salaires d'Ospel (on disait autrefois des salaires de ministres) et à rechercher les paradis fiscaux.

 

Madame la maire cite Talleyrand qui affirmait que tout excès est ridicule! En effet! Cela dit, il faut rejeter les initiatives de l'extrême-gauche. Pour trois autres raisons.

1) Le canton et les communes sont dans les chiffres noirs.

2) Ils n'ont pas encore démontré une vertu suffisante dans l'art de dépenser de manière économique l'argent des contribuables, riches ou pauvres.

3) Le canton augmente sournoisement l'impôt des propriétaires en ajustant la valeur locative qui s'ajoute au revenu de ces contribuables.

 

 

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