Dieu n’est pas écolo (30/10/2021)

E91E2E49-6AC2-416F-93A6-EA2DB9033A4F.jpegIl paraît, si j’en crois la réd en chef de La Croix, que le pape lui-même devait se rendre à Glasgow. Sans doute n’y est-il pas car il n’aurait pas été le premier parmi les prêtres à célébrer la grand messe du réchauffement climatique, à avouer son péché d’être, lui et ses congénaires, la cause du dérèglement climatique, à chanter les louanges de la sobriété et de la technologie pour nous sauver de ce faux pas.

La plupart des grands prêtres qui se réunissent à Glasgow en ces jours d’Halloween et de Toussaint n’entonneront ni Confiteor ni Kyrie ni Gloria, ne reconnaissant pour gouverneur suprême que le hasard et la nécessité (les forces quantiques et la gravité) et l’action délétère du genre humain comme explication de l’état de la planète. 

 

Samedi dernier, m’en suis allé avec les vieux de ma commune me balader aux Pléiades. Le chemin des étoiles nous projette dans l’immensité sidérante du cosmos, du temps et des mondes, que Dieu fit selon la pensée dominante des religieux. Une belle promenade et une bonne leçon de modestie. La descente à pieds vers Blonay par quelques raccourcis hasardeux nous donna aussi une belle leçon de modestie.

Nous sommes bien peu de chose. 

Pourtant pas un jour, par une heure sans qu’on nous rebatte les oreilles de cette apocalypse prochaine que va déclencher - c’est sûr, croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer -  notre goinfrerie présente de charbon, de pétrole et de gaz. Stop, clament la plupart des experts faisant tourner les tourniquets à prières qui les nourrissent. Des incantations que reprennent en choeur et en procession les jeunes, que l’annonce de la catastrophe prochaine rend neurasthéniques, écoangoissés, au point que l’acte le plus écoresponsable est de désormais renoncer à procréer. 

Que fais-tu pour la planète? Devant l’injonction, le quotidien La Croix s’est aligné comme les autres. Dans son supplément hebdomadaire de la Toussaint, il expose les ressources chrétiennes pour sortir par le haut du piège carbonique. L’exercice est forcément intéressant mais un peu court. L’allégorie du jardinier - le Christ au sortir du tombeau fut confondu avec un jardinier - renvoie évidemment au paradis terrestre dont nous fumes chassés, par notre faute déjà. Bref, le retour au voltairien Candide et à la (agri)culture de son jardin est une nostalgie très urbaine. 

Dans ce tour d’horizon des ressources chrétiennes, pas un mot sur la gourmandise, ce péché capital devenu par glissement de sens vertu des esthètes et des hédonistes. 

La gourmandise dans son sens premier de goinfrerie ou gloutonnerie est une faute dans la mesure où la consommation de quelques uns privent les autres. C’est bien cette consommation de pur plaisir - les voyages hédonistes, la climatisation des pièces vides, la vitesse, l’appropriation, l’accumulation - qui fait problème. Chez les riches en particulier, dont nous sommes un peu. 

Et cette folle expansion de notre genre sur la terre - combien d’espèces animales ont-elles connu une croissance démographique aussi rapide dans l’histoire (deux milliards d’êtres humains en 1920, bientôt huit milliards) sans que la mécanique de la nature ne s’enclenchent pour rétablir un certain « équilibre »? 

La grand messe climatique veut nous faire croire que c’était mieux avant quand les (riches) humains ne connaissaient pas la machine à vapeur ni le moteur à explosion et se contentaient des techniques « naturelles » de construction et d’habillement pour climatiser leur logis et leur corps. 

Et Dieu dans  tout ça, est-il écolo? Ou pour ceux qui n’y croient pas, le hasard et la nécessité (la physique quantique dans l’état de nos connaissances) sont-ils écolos? A voir la nature et les milliards d’étoiles, de galaxies, de mondes qui tournent dans l’univers, on ne peut pas en déduire que Dieu ou le hasard et la nécessité soient adeptes de la sobriété.

En revanche, il y un point (au moins) sur lequel Dieu et le hasard et la nécessité divergent: Dieu s’est fait pauvre, faible, vulnérable quand il s’est incarné dans sa créature. Jamais il n’a fait usage de sa puissance sauf pour aimer, guérir et nourrir. Il a bridé sa toute puissance par amour pour ses enfants. Le hasard et la nécessité sont dans les mains des hommes. Sans foi mais pas sans loi. Parmi ces hommes, des savants et des puissants n’ont eu de cesse d’augmenter leurs connaissances et leur puissance, dont a profité et souffert l’humanité et la nature et chacun d’entre nous.

Du feu que nos ancêtres ont appris à fabriquer à la fusion nucléaire et à la recomposition de l’ADN que maîtrisent nos contemporains, y a-t-il une différence de nature.

Dès que nous en avons les moyens, tous nous sommes tentés de maîtriser les outils du pouvoir. Il n’en va pas différemment dans cette volonté prométhéenne de normaliser le climat.

 

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