Drapeau palestinien à Compesières? (16/05/2021)

IMG_3146.jpegMême le roi Salomon et toute sa sagesse serait bien incapable de régler le conflit israélo-palestinien. Tous ceux qui ont tenté ou prétendu apaiser les tensions, pacifier la cohabitation ont échoué. Défiler dans les rues européennes, dénoncer le plus fort, soutenir le plus faible, c'est prendre le risque d'une averse en mois de mai bien arrosé et d'un coup de projecteur au 19:30. Un échange sur Facebook retient cependant mon attention.

Et puis me vient cette réflexion. Que va faire ma commune, elle qui a arboré le drapeau tibétain au carrefour de Compesières durant un bon mois ce printemps? Va-t-elle placer la drapeau palestinien?

Dans le journal communal, nos autorités explique que l'accrochage de l'étendard du pays occupé par la Chine au candélabre du giratoire marquait le 61e anniversaire du soulèvement de Lhassa le 10 mars 1959. "La commune de Bardonnex, par un acte de solidarité simple mais visible, a souhaité faire ainsi part de son soutien au peuple tibétain."

En mars, on ne parlait guère du Tibet, c'était le calvaire du peuple ouïghour qui s'était frayé quelques articles dans nos gazettes toujours pleines de nouvelles et d'analyses sur le virus chinois. Une campagne un peu orchestrée, que discutait un peu plus tard  dans son blog le député indépendant Mettan.

Mais pas de drapeau ouïghour sur le mat de Compesières. Verra-t-on demain monter les couleurs palestiniennes?

Quant à l'échange sur Facebook, il est signé Alia Chaker Mangeat, candidate malheureuse à la mairie de Genève: "Je regrette toujours les victimes des 2 camps bien sûr et je ne cesserai de défendre les droits humains, le refus de toute colonisation et le respect des résolutions de l'ONU. Et j'attends des autres élu.e.s la même chose. Le silence n'est pas toujours d'or."

Plus de 200 commentaires. Bien des pour, quelques contre, et ce commentaire de Bernard Gruson.

Pour preuve de cette inextricable complexité, ce texte émanant d'un diplomate onusien retraité.
"La résolution 80 de la charte de l’ONU a force de traité international, car la Charte des Nations Unies dans son entier est un traité international. Appliquée au cas de la Palestine, elle explique que les Droits qui ont été donnés aux Juifs sur la terre d’Israël ne peuvent être modifiés d’aucune façon, sauf si un accord de tutelle entre les États ou parties concernées avait transformé le mandat en tutelle, ou en «territoire sous tutelle ».
En vertu du chapitre 12 de la même Charte, l’ONU avait une fenêtre de trois ans pour ce faire, entre le 24 octobre 1945 (date où la Charte des Nations Unies est entrée en vigueur) et le 14/15 mai 1948, date où le mandat a expiré, et l’Etat d’Israël a été proclamé.
Comme aucun accord de ce type n’a été passé pendant ces trois ans, les droits donnés aux juifs dans le mandat britannique sur la Palestine ont force exécutoire, et l’ONU est bloquée par cet article 80. Elle n’est même pas autorisée à le modifier.
L’ONU n’a donc aucune possibilité de transférer une partie des Droits qui ont été donnés au peuple juif sur la Palestine à une entité non-juive, l’Autorité palestinienne en l’occurrence. Tous les juristes de l’ONU le savent, et butent sur cette résolution incontournable.
De quels droits parle-t-on?
Article 6 du Mandat: le droit pour les juifs d’«immigrer librement sur la terre d’Israël et d’y établir des colonies de peuplement»
Parmi les plus importants des Droits conférés aux Juifs figurent ceux de l’article 6 du Mandat, qui reconnaît aux Juifs le droit d’«immigrer librement sur la terre d’Israël et d’y établir des colonies de peuplement».
Sous le mandat britannique, toute la Palestine était réservée à l’établissement du foyer national juif et du futur Etat juif indépendant, en confirmation de ce qui avait été décidé lors de la conférence de paix de San Remo en avril 1920. »
Aucune partie de la Palestine concernée par le mandat britannique n’a été donnée pour la création d’un Etat arabe, car les droits des Arabes à l’autodétermination leur ont été accordés ailleurs : en Syrie, en Irak, en Arabie, en Egypte et en Afrique du Nord, et il fut créé 21 Etats arabes contemporains à cet effet, sur une immense masse terrestre qui va du golfe Persique à l’océan Atlantique. Contre un seul Etat pour les Juifs, en Palestine historique.
Il n’y a donc, d’un point de vue juridique pour l’ONU, aucune possibilité de créer encore un Etat arabe indépendant sur le territoire spécifique de l’ex-Palestine mandataire réservé à l’autodétermination juive, et plus particulièrement en Judée, en Samarie et à Gaza.
Créer un tel Etat sur les terres juives serait illégal en vertu de l’article 80 de la Charte des Nations Unies, et outrepasserait l’autorité juridique que l’ONU s’est elle-même donnée. L’ONU est totalement bloquée, quelle que soit sa volonté politique actuelle."

Cette interprétation est-elle exacte, la résolution 80 traite du conflit indo-pakistanais? En revanche, l'article 80 de la charte de l'ONU fait partie du chapitre "Régime international de tutelle". Dans tous les cas, la colonisation rampante de la Cisjordanie par le régime israélien est indigne d'un Etat démocratique moderne.

A lire le blog de Maurice-Ruben Hayoun sur le sujet: Méditations sur quelques événements récents

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