Lit, tri, cri (07/11/2020)

le cri.jpgLit, tri cri. Ces trois mots suffisent ces jours à qualifier la pandémie qui nous prend la tête depuis bientôt dix mois. Ainsi les lits manquent en Suisse romande pour traiter les personnes les plus gravement atteintes par le Sars-cov2, un virus de la famille de la grippe quoique plus virulent, plus infectieux, plus mortel aussi nous dit-on, encore que la statistique ne reflète toujours pas vraiment  l'hécatombe annoncée. Il est vrai qu'en ce début de troisième millénaire, nous - les riches et les Occidentaux - en sommes venus à détester l'idée de la mort et que mieux vaudrait jamais que tard. 

Cette semaine France 5 nous a donné à voir la découverte de la tombe de Toutânkhamon par l'égyptologue Carter. Une sacrée aventure qui nous laisse sans voix tant en raison de la magnificence de cet ensevelissement hâtif et précipité qui nous stupéfie, que de cette étrange croyance d'un voyage vers un au-delà éternel et heureux, forcément heureux qui ne semble plus trop ravir nos contemporains que seul l'enfer du réchauffement climatique effraie. 

 

Toutânkhamon.jpgToutânkhamon était un roi. Avait-il plus de chances que ses sujets d'atteindre ce "Bel Occident"? Du moins, les dieux étaient-ils prévenus que ce n'était pas n'importe qui ici-bas. Mais que valent l'or et les sarcophages emboîtés et ciselés  au domaine des dieux?

Ces questions préoccupent-elles les soignants qui s'échinent à soigner les malades et les malades eux-mêmes? Comment les prépare-t-on, se préparent-ils à traverser l'écran noir final? Les derniers atomes d'oxygène qu'on insuffle dans leurs poumons transportent-ils la mémoire du souffle divin qui fit du terreux un Adam?

Je ne sais pas. Je lis qu'on parle lit, tri et que cela suscite le cri. Le cri

corona data 7 novembre prevalence.jpgJe m'interroge. Aurais-je la même réflexion si j'étais au pied du lit des malades ou si, moi-même, j'étais aux soins intensifs, peut-être en partance pour Zurich ou Saint-Gall, faute de lits en suffisance ici? Nos pensées sont forcément conjoncturelles. 

Le tri est inhérent à la fonction médicale, comme à toute fonction d'ailleurs. Il faut toujours peser le pour et le contre pour chaque thérapie, pour chaque pas dans la vie. Est-elle adaptée, est-elle utile, sera-t-elle supportée par le patient, est-elle socialement justifiable? On sait que les nouveaux traitements contre le cancer ou d'autres maladie ne sont pas à la portée de tous ni même des assurances sociales et qu'un tri s'impose donc. Il est de surcroît dépendant de la richesse des nations et des individus, des moyens disponibles.

Le tri est certes aussi une question éthique. Des questions éthiques qui se posent dès avant la conception (contraception, PMA, GPA, interruption volontaire de grossesse, hygiène, alimentation de la mère, addictions ...), tout au long de sa vie et jusqu'aux derniers jours. Le choix et le tri ne sont que très rarement personnels, indépendants, complètement éclairés. D'ailleurs plus il est éclairé, plus il est difficile. C'est sans doute cette hyper(mé)connaissance qui rend les responsables si précautionneux dans un monde où n'importe qui est prêt à quérir le juge. 

Pour clore provisoirement ce sujet, je contemple cette statistique proposée par l'équipe data de Tamedia (dont la Tribune). Mais il est vrai que le passé n'a jamais prédit l'avenir, ni la prospective ou la futurologie non plus.  

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