Fin d'un monde, fin du monde: propos de bistro? (22/09/2020)
Bistro ce matin avec un ex député divers droites mais indépendant, qui fréquentait et fréquente volontiers les esprits de tous bords, sans préjugés ni qu'en dira-t-on, devenu dubitatif sur le monde qui va et qui vient et qui n'avait pas encore lu l'excellente interview parue ce lundi dans la galaxie Tamedia (dont la Tribune*) à propos de la lutte contre le blanchiment d'argent et l'art de la cosmétique comptable, son bain quotidien. Le privilège de l'âge sans doute.
On glose sur la république des médecins, qui semble régner en maître du haut de leur savoir - lequel s'avère bien incertain et bien moins péremptoire quand on les fréquente de près. Dans les médias, ils assènent leur vérité, leur mode de gouvernance à des politiques, coincés entre ces experts, la peur de mourir de leurs administrés (l'opinion publique), le principe de précaution pascalien (mieux vaut croire en la médecine que pas) et une navigation pragmatique, à vue, dans une mer pleine d'écueils où les boussoles ne servent à rien.
Voilà qu'il me raconte cette histoire vécue d'un client venu clore un compte dans un établissement bancaire de la place. Son oreille traîne et il entend l'employé acquiescer poliment à la remarque du client disant que bien entendu aucune communication au fisc ne devra être faite. L'affaire faite, il fait remarquer au préposé que son acquiescement viole la loi, ce que l'employé conteste la main sur le cœur, certain que la non divulgation de l'acte aux autorités fiscales est tout à fait dans les règles. Anciennes sans doutes mais pas actuelles.
Ainsi va le monde, l'employé n'a pas conscience de sa faute, qu'il nie même en toute bonne foi. Pas besoin d'une directive. Combien de travailleurs anticipent au quotidien ce qu'il juge être des bonnes pratiques, dans l'intérêt bien compris de leur employeurs et in fine de leur emploi? Sans aller jusqu'aux conducteurs des locomotives qui convoyaient leurs voyageurs jusqu'à leur fin du monde. Combien sommes-nous à faire notre boulot - à être même - sans esprit critique, sans état d'âme, avec pour seule boussole notre intérêt présent?
Sans état d'âme mais pas sans croyance. Alors que les temps ont relégué temples et églises dans les livres d'histoire, nos contemporains semblent plus crédules que jamais. Qu'on leur promette une médecine et les voilà qui se précipitent et vident les rayons. Qu'on les serine à chaque InfoPile que la fin du monde est proche - l'horloge de l'apocalypse est à 100 secondes avec le point d'orgue - et les voilà qui répercutent ces sornettes comme un nouveau catéchisme. L'enfer n'est plus vert, il est rouge comme ces incendies qui empourprent et embrument le ciel.
Au fait quand était-il trois heures, six heures? Au temps des dinosaures, de Lucy, des Romains?
* «La lutte de la Suisse contre l’argent sale est archaïque», dit Daniel Thelesklaf, principal responsable de la lutte contre l’argent sale en Suisse.
In an interview (in German) with the largest Swiss newspaper @tagesanzeiger, I explain why I believe that the world’s largest financial centres, like Switzerland, must become more effective in combatting money laundering. https://t.co/1EGkGHNbO4 @ch_broennimann
— Daniel Thelesklaf (in personal capacity) (@DThelesklaf) September 21, 2020
17:29 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Vous paraissez plutot désabusé sur nos contemporains. Je vous invite a faire un tour dans un pays au niveau d`éducation moins performant qu`en Suisse pour voir ce que sont vraiment des gens sans esprit critique. Peut-etre etes-vous seulement trop exigeant car habitué a la qualité ? Allez, un autre renversé !
Écrit par : Jean Jarogh | 24/09/2020