Les fonctionnaires genevois: ni sobriété ni partage (04/09/2020)

2 pour cent 2%.jpgCalculons: que signifie dans une année de travail une semaine de vacances supplémentaire (que propose le gouvernement genevois à ses quelque 48'000 employés contre une baisse des salaires de 2%)? 1 divisé par 48, ça donne 0,02. Une semaine de vacances c'est donc une diminution de 2% du temps de travail. On peut imaginer que l'Etat devra embaucher pour compenser ces 2% de travail perdu. Et qu'en acceptant le projet, les fonctionnaires (dont la retraite est généreuse garantie) participeront (modestement) au partage du travail dans un temps où la pandémie va multiplier les chômeurs. Evidemment les syndicats de la fonction publique hurlent. Belle démonstration de solidarité. 

Quelles économies pour l'Etat?  

Marginale car les nouveaux embauchés coûtent moins que les employés déjà en place, en raison de la grille des salaires qui prévoit 22 paliers d'augmentation du salaire. Marginale, mais sans doute pas négligeable. C'est l'argument qui fut mis en avant durant la crise des années 90 quand fut lancé le plan d'encouragement à la retraite (une autre forme de réduction du temps de travail calculé alors sur l'ensemble de la carrière).

Perdre 2% de salaire n'est évidemment pas réjouissant, mais c'est un faible prix à payer pour conserver son emploi. Les entreprises privées n'ont pas toujours cette latitude. 

salaires agricoles suisses 2020.jpgOn espère que le Cartel intersyndical se résoudra à cette modeste contribution solidaire. Mais on en doute hélas. Comparaison n'est pas raison, mais il se trouve que cette semaine AgriHebdo, l'organe officiel des paysans romands publie les minimaux salariaux publié par la plateforme pour une agriculture socialement durable, un site des gauches suisses. Le tableau (complet ici) est édifiant. A Genève, le salaire mensuel d'un ouvrier agricole est de 3300 pour 45 heures hebdomadaire. A Zurich, c'est le même salaire mais pour 55 heures par semaine.  

Que faire d'autres? 

Augmenter la productivité des agents de la fonction publique. C'est en cours, très lentement. Ainsi le fait que les contribuables remplissent eux-mêmes leur déclaration d'impôt et l'envoient par voie électronique fait gagner beaucoup de temps, permet des contrôles automatiques, que les machines apprenantes vont améliorer sans cesse.

Dans la santé aussi les nouvelles technologies vont permettre d'augmenter la productivité et la qualité des soins. 

Et dans l'enseignement? Il y a aussi des gisements importants de productivité. Les écoles privées qui ont toutes ou presque équipés leurs élèves avec des tablettes et formés leurs professeurs en conséquences montrent la voie. 

Une meilleure répartition des recettes fiscales entre les communes et le canton s'impose aussi. Les pleureuses municipales devraient elles aussi standardiser les services publics et confier davantage à des agences. Une étude prospective devrait être lancé pour évaluer combien les Genevois gagneraient en réformant profondément la production des services aux publics.

Au niveau intercantonal aussi, il devrait y avoir des moyens de faire plus et mieux avec moins. Prenons la politique agricole. Elle est entièrement déterminée par des lois fédérales. Sa mise en oeuvre pourrait être aussi confiée à une agence fédérale ou trois ou quatre agences intercantonales.

Ainsi en va-t-il aussi de la santé. La Suisse romande peut-elle se payer le luxe de deux centres hospitaliers universitaires et Genève d'être une des régions du monde avec la plus forte densité médicale?

 

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