1850: le train innove. 2050:... (31/08/2020)
Nos trains rouleront-ils sans pilote et 24h sur 24 en 2050? Et les quais seront-ils comme ceux des métros, équipés de portes de sécurité? Ce futur proche fait peu débat, me semble-t-il, à l'heure où les CFF et le CEVA peinent à trouver des cheminots multimodaux non grévistes. Conçue au XIXe siècle, le RER Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse n'a même pas réussi à standardiser ses locos. Il est loin d'avoir penser l'automaticité des convois. 2050, c'est dans 30 ans. Il y a 30 ans, en 1990, Genève réfléchissait au barreau sud, à la traversée de la rade et à SmartGeneva, se rengorgeait d'être la capitale des nouvelles relations russo-américaines dans un monde sans histoire. La Chine n'était encore pas éveillée. Ni l'Afrique.
A Lausanne, la rupestre, on planifiait un métro M2 automatique, l'extension de l'EPFL et son réseau dans les cantons voisins, un nouveau musée au bord des quais. On rédigeait une nouvelle constitution, instaurant un président durable. Puis Vaud a basculé la moitié de la facture sociale aux communes, épongeant sa dette et se redonnant du muscle pour de nouveaux projets stratégiques dont un train à grande vitesse entre l'aéroport et Lausanne, ravissant au passage à Genève, l'internationale endormie, son rôle de pôle dynamique de la Romandie.
En juin dernier - Rodolphe Weibel le rappelle dans son dernier blog - le canton de Vaud a décidé de "Miser sur le rail pour offrir au Canton une mobilité durable, efficace et assurant sa prospérité". Parmi les idées évoquées, celle déjà proposée de longue date par des ingénieurs marginaux et la CITRAP (et votre serviteur): construire une deuxième ligne ferroviaire semi ou entièrement enterrée le long de l'autoroute A1, les Vaudois comprenant enfin que l'ambition de construire une 3e voire une 4e voie sur la ligne actuelle est illusoire.
Certes d'ici-là, les véhicules électriques et automatiques autoroutiers auront peut-être renvoyé le réseau ferroviaire à l'âge du fer, mais l'intention est louable et une étude ne coûte pas une fortune en regard des investissements colossaux qu'il faudra consentir pour relier Lausanne et l'EPFL à l'aéroport de Cointrin (entre temps rebaptisé GVA pour Genève Voltaire Aéroport, histoire d'inscrire dans le marbre le nom du veilleur de l'esprit républicain des Délices et de Ferney).
Au fait, est-ce que la commission des transports du Grand Conseil genevois, sa présidente verte et le conseiller d'Etat en charge des infrastructure se sont-ils saisis du projet vaudois? Qu'en pensent-ils? N'y auraient-il pas un intérêt stratégique évident à offrir aux Vaudois un accès direct à GVA sans passer par Cornavin? Est-ce que la vision 2050 du rail à Genève est à la hauteur des enjeux régionaux et européens? Est-il encore temps pour nos élus locaux de changer son fusil d'épaule comme ils l'ont fait à la fin des années 80 pour le CEVA?
Au passage, la nouvelle ligne Cointrin-Renens pourrait revitaliser le projet de l'architecte Charles Pictet de déplacer la gare de La Praille à Colovrex. (lire aussi ici et là)
A consulter: l'histoire résumée du CEVA sur le site d'AlpRail, le projet d'un TGV Lausanne Genève de la CITRAP pour 2030,
16:19 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Merci cher Monsieur Mabut,
Permettez-moi une interrogation, pourquoi les questions que vous posez, fort pertinentes par ailleurs, ne sont-elles pas venues à l'esprit de votre collègue M. Moulin qui, lui, a pris fait et cause pour l'option la plus onéreuse, la moins performante et la plus lente en réalisation? Il y a là un mystère que lui seul pourrait résoudre ou, peut-être les intérêts par lesquels il semble avoir été mis en oeuvre. Son manque d'objectivité dans le traitement des options préalables au vote du Parlement était, à tout le moins, surprenant.
Pour le reste, la question de la mobilité à Genève semble avoir pris l'aiguillage du dogmatisme et non celui du pragmatisme.
Ainsi va la politique non sans rappeler à ceux qui ont choisir le sens du vent que cela revient à avoir un destin de feuille morte.
Encore merci pour votre post et des interrogations qu'il pose avec pertinence!
Écrit par : Patrick Dimier, député | 01/09/2020