Participer au développement de Genève; vive le cyberespace! (20/08/2020)

care mobiles.jpg"Redonner sa place à l'agriculture qui a besoin de place et d'espaces verts. Démanteler les trois casernes construites récemment pour dédier ces terres aux cultures... plutôt que d'importer des aliments du Chili, etc."  C'est l'une des propositions - il n'y en a qu'une poignée dont quelques idées farfelues - que je lis sur le site Participer ouvert par l'Etat de Genève pour inventer le développement du canton. Les Genevois ont jusqu'au 31 août pour déposer leurs idées, leurs espoirs, leurs soucis.  Il n'y a pas foule au portillon.

La Covid 19, les soucis du quotidien, l'été qui se prolonge, l'absence de promotion de cette opération politique, tout se ligue contre la participation des Genevois. L'humeur est morose et le budget 2021 de l'Etat de Genève promet d'être historiquement rouge vif. 

Bref la construction ensemble du programme des Rencontres du Développement, qui devraient avoir lieu du 24 au 28 septembre prochains patine. Mais  n'y aurait-il pas mal donne sur les quatre thèmes de ce grand raout: Qu'est ce que le développement ? Quelle qualité urbaine ? Quelle place pour l'environnement ?   Quelle place pour le bien-être?

Il vaut tout de même la peine de lire et de méditer les réflexions de notre président durable (mais qui ne voudrait plus l'être), le ci-devant ministre du territoire Antonio Hodgers. Son propos ressemble souvent à la quadrature du cercle. Et fait l'impasse sur un point clé pour ne pas dire moteur du développement: la création de biens et de services aisément accessibles sur un marché ouvert et concurrentiel. Il est tout de même un peu étonnant que les Rencontres du Développement fasse l'impasse sur le nerf de la guerre, la créativité, entrepreneuriat, le goût du risque.

L'aménagement est un problème d'espace, or celui-ci est à Genève entièrement dévolu à des usages fixés dans la loi. De la voirie routière, en principe réservée aux voitures, aux trottoirs, en principe interdits aux vélos et aux trottinettes à moteur, aux zones de construction, agricoles ou forestières, pas un mètre carré n'est disponible pour créer la ville, sauf à empiéter sur la zone voisine. Mais aussitôt, ses défenseurs hurlent à l'assassinat: comment se nourrir local sans zone agricole, comment mieux respirer sans forêt, comment habiter pas trop cher sans densification et standardisation du bâti. 

Il y aurait bien le golf de Cologny ou l'aéroport comme zones vierges à conquérir. Ou bâtir des quartiers engloutis ou posés sur des platformes sous et sur le lac pour gagner de l'espace (Goldo propose l'érection de sept montagnes de 100 mètres au moins). En attendant, le seul espace qu'on peut grignoter, c'est le bitume où roulent "leurs" voitures (ceux qui militent pour habitent en ville et peuvent se payer le luxe de ne point en avoir). Il y a aussi les toits mais ne sont-ils pas promis à accueillir des capteurs solaires?

Reste pourtant un immense espace, potentiellement infini, encore largement inexploré mais que le confinement récent a fait découvrir à beaucoup y compris au majoritairement réticent corps enseignants public genevois*: le cyberespace. 

Il serait curieux que le développement de Genève se pense sans y inclure les potentiels des activés - travail, formation, découverte, santé, création que sais-je - à domicile mais aussi dans des lieux que les espaces de coworkings commencent à explorer. Des lieux à proximité de son logement réduisant fortement la mobilité contrainte aux heures de pointe mais hors de son logement où la pause café serait une véritable opportunité de découvrir de nouvelles têtes, de nouer de nouvelles relations, de construire une intelligence collective, ponctuée tous les dix jours de débats et de mises en commun des questions politiques. Bref des clusters comme on dit aujourd'hui où la bonne idée pourrait infecter le voisinage sans limite de temps et d'espace. 

 

* Effet Covid-19: les enseignant·e·s souhaitent intégrer durablement les outils numériques dans leurs pratiques une étude du Service Ecole & Medias où l'on apprend que "91,5% des enseignant·e·s ont utilisé les ressources et outils numériques proposés par le DIP. Seul·e·s 16% le faisaient régulièrement auparavant. Il s'agit d'un des principaux constats de l'enquête lancée par le SEM ce printemps auprès de l'ensemble du corps enseignant du DIP." Ce qui est inquiétant et devrait inquiéter nos députés c'est que seuls 16% utilisaient régulièrement le numérique avant le confinement. Et que signifie utiliser le numérique, envoyer des courriels?

 

 

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