A Bardonnex, cinq questions pour un débat électoral (02/08/2020)
Les Verts du cru, sans doute occupés par la critiquable Critical Mass du jour, ont boudé la cérémonie du 1er Août à Compesières, sauf le premier d'entre eux, devenu premier citoyen de la commune de Bardonnex. Élu président du Conseil municipal, Nicolas Vernain a lu le Pacte de 1291. Cette exposition n'a pas plu à tout le monde. L'ancien conseiller municipal PDC Nicolas Vernain, devenu Bardonnex Alternative, conteste en effet au PDC local la place d'adjoint que la mort subite et malheureuse de son titulaire élu au premier tour, Daniel Fischer, a laissée vacante. Les Bardonnésiens sont appelés aux urnes le 27 septembre.
L'occasion d'un débat sur les affaires communales? Il ne faut hélas pas trop compter sur les partis pour donner la voix au peuple. Ils gèrent en petits comités. De retour du feu de joie dans la plaine de Charrot pour un dernier verre au hangar de Compesières, je hèle deux radicaux que j'aime bien: "Dites-moi, vous pourriez organiser un débat public comme parti non impliqué dans la prochaine élection?"
Regards et sourires empruntés. Vont-ils relever le défi? Certes les partis politiques n'ont pas pris leurs responsabilités ce printemps en n'organisant pas un débat électoral. Peut-être parce que personne n'a contesté la succession à la mairie. Sans concurrence, Béatrice Guex-Crosier a été élue tacitement. Heureuse commune? Ou signe inquiétant que le ménage local me passionne plus, ce qui est paradoxale en ce temps où la relocalisation s'affirme comme une panacée contre la pandémie et la mondialisation.
Un débat, oui, mais quels sont les enjeux? La question m'étonne. Il est vrai qu'il faut être pauvre et contraint à des choix pour qu'il y ait des enjeux. Or nous sommes riches. Tout est possible. A quoi bon choisir...
J'énumère quelques questions?
Première question: l'agrandissement de l'école communale, un projet en chantier depuis 25 ans, et de ses classes sous-dimensionnées, dit la norme officielle, sans que la qualité de l'enseignement de semble en pâtir ni que Plan-les-Ouates renonce à y scolariser les élèves de Saconnex-d'Arve*. Je défends que l'école doit être construite à la Croix-de-Rozon. Pour trois raisons au moins: près de trois habitants de la commune sur quatre y vivent. Ce projet offrirait à ce village dortoir un équipement public d'autant plus utile et nécessaire que la plupart des habitants vivent dans des immeubles locatifs. Construire une école au XXIe siècle à deux pas de la frontière pourrait aussi être l'occasion de faire bouger l'enseignement primaire, local certes mais aussi international et européen, bref l'école de Bardonnex va-t-elle continuer à accueillir des élèves de France voisine?
L'autorité communale, qui était en 1995 sur le point de construire une extension de l'école au nord du bâtiment actuel, à l’emplacement de la ferme de Compesières, a abandonné son projet sans raison impérative après avoir été retoquée pour un vice de procédure. (Sur la saga de l'école de Compesières, on lira dans ce blog plusieurs notes, notamment ici, là, là, et là)
Deuxième question: que va-t-on faire de l'ancienne école, pur produit de l'architecture républicaine et radicale de 1900? Quels sont les projets? Va-t-on rétablir les deux appartements qui existaient jadis au premier étage et qui ont été supprimé pour y loger quatre nouvelles classes en 1980?
Troisième question: que veut-on faire de la ferme de Compesières? Aucun projet n'a été évoqué à ma connaissance? Va-t-on laisser cette ruine encore des lustres en l'état? J'ai proposé pour ma part de consacrer l'entier du site de Compesières à l'accueil du musée des suisses de l'étranger dans un projet culturel plus vaste, conçu autour d'une fondation impliquant des partenaires variés, un peu à l'exemple de la rénovation de la chartreuse d'Ittingen dans le canton de Thurgovie.
Sur ces trois questions clés, il est tout de même fou de ne trouver aucune réflexion, aucun rapport, aucun projet sur le site internet de la commune http://www.bardonnex.ch.
Les quatrième et cinquième question feront l'objet d'une note à venir. Mais vous en avez certainement aussi, non?
* En relisant les procès-verbaux du Conseil municipal à la recherche de quelques informations sur la future nouvelle école de Compesières, je suis tombé sur cette Genferei municipale (pv du 15 novembre 2017 page 255):
Le nombre d’élèves, en provenance de la commune de Plan-les-Ouates et scolarisé à
Compesières, est passé de 25 à 45 en quelques années. Bien que cette dernière ait
enregistré un bénéfice de 14 millions en 2016, elle remet actuellement en question la
méthode de calcul régissant sa participation financière aux frais d’écolage. Fixée
actuellement à CHF 3'860.- par élève, elle devrait, selon son estimation, être abaissée
à CHF 1'500.-. Sur 205 élèves fréquentant l’école de Compesières, seuls 120 sont
domiciliés sur le territoire communal. Aussi, bien que Plan-les-Ouates ne veuille pas
l’entendre, les frais d’infrastructure doivent être pris en compte. M. A. Walder rend
l’assemblée attentive au fait qu’il est possible, lors de la construction de la future
école, que trois à quatre classes doivent être financées sans qu’aucune participation
extérieure ne soit perçue.
Et page 259 du même procès-verbal:
1. Ecole de Compesières – participation aux frais d’écolage
Si M. F. Barthassat comprend bien, la participation aux frais d’écolage de la commune
de Plan-les-Ouates fait l’objet d’une convention et non d’une obligation ; ce qui le
dérange le plus n’est pas le fait que le montant soit remis en question mais que la
situation d’autres enfants, demeurant en dehors territoire communal et hors
fiscalisation cantonale, ne soit pas soumise à une même redevance. Comme il l’a déjà
proposé par le passé, il se met à disposition pour étudier le sujet.
M. A. Walder précise que la commune n’a aucun pouvoir d’action quant à la décision
du DIP (Département de l’instruction publique) d’accorder ou non des dérogations. Il
ajoute qu’un enfant ne peut être scolarisé à Genève que si l’un ou les deux parents
sont contribuables du canton. Toutefois, pour les personnes domiciliées en France
voisine et imposées à la source, il est plus commode de scolariser leurs enfants à
proximité de la frontière puis de se rendre sur leur commune de travail, par ailleurs
bénéficiaire de l’impôt perçu. Selon une statistique reçue du département
présidentiel, 1’500 élèves fréquenteraient les écoles sises à proximité de la frontière.
Lors d’une séance réunissant les autorités bardonnésiennes, troinésiennes et le
canton, il a été précisé qu’il était du devoir des communes de mettre à disposition les
infrastructures nécessaires à la prise en compte d’enfants au bénéfice de dérogations.
Afin que les communes puissent bénéficier d’une contribution financière, il a été
proposé au président du Conseil d’Etat de calculer un montant par élève qui pourrait
être prélevé de l’impôt à la source. Celui-ci a proposé que ce point soit repris par l’ACG
(association des communes genevoises) qui, pour l’instant, ne s’est toujours pas saisie
du dossier.
Avec les futures constructions prévues sur la commune, il pourrait même être
envisageable que l’école de Compesières ne puisse absorber, en cours d’année, les
nouveaux arrivants, les quelques places disponibles ayant été accordées à des élèves
résidant hors territoire. Il a toutefois été précisé que ces derniers n’ont pas la garantie
de poursuivre toute leur scolarité dans le même établissement, des priorités pouvant
être établies.
10:45 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Merci pour votre post qui m’éclaire comme nouvel habitant de la commune.
Bien que non concerne directement par la problématique d’une école primaire ma fille étant déjà hors scolarité obligatoire je le suis quand même pour partie en tant que contribuable
Me viens plusieurs questions
Pourquoi devrions-nous financer des infrastructures très onéreuses mais indispensable pour les autres
La commune de PLO si elle trouve l’addition trop élevée l’école de Saconnex d’´Arve existe encore et dispose sinon de plusieurs écoles sur son territoire communal
Pourquoi la commune devrait accueillir des enfants hors commune (frontaliers) gratuitement par des dérogations qu’elle ne maîtrise pas et de l’autre côté dimensionner une école plus grande et risquer de payer une indemnité à une autre commune pour recevoir ses propres enfants
En plus au moment ou nous parlons d’écologie il est aberrant de recevoir des enfants déplacés matin et soir en voiture et devoir imposer ces trajets à nos bambins
Une école proche de ses habitants limite les déplacements la typologie des appartements livrés ou à venir sont clairement destinés à des familles
Un projet au dernières normes serait de plus pour les générations à venir un plus sans compter et générerait des économies d’énergie
Et il est urgent de voir aussi qui paye pour les élèves hors commune et facturer le cas échéant à la commune de résidence ou de travail du frontalier
Continuez à nous informer
Meilleures salutations
Écrit par : Bruno | 02/08/2020