De la Tribune à Tataki, il y a un monde ou deux (01/08/2020)
Tataki, la projet "djeune" de notre RTS, vous connaissez? Et Hugo décrypte, ça vous branche? Non? C'est que vous décrochez d'une ou deux révolutions et je ne vous parle par des bots (les robots) logiciels qui trient, sélectionnent pour vous les informations qui comptent comme Flint et autres...
Tataki n'est pas de ma génération mais j'ai bien aimé, cette fin de semaine, montrer une analyse journalistique consacrée à l'influence de Tik Tok sur les artistes actuels, à deux groupes de huit jeunes ados, venus découvrir la fabrication de la Tribune dans le cadre de Passeport Vacances. Deux groupes sympas, le premier plus multiculturel et étonnamment peu branché - question de thune ou de culture peut-être -, un second beaucoup plus réseaux sociaux, dont la moitié connaissait Tataki.
Quant à Hugodecrypte, c'est deux filles de 15 ans qui en parlent, une surtout, à l'évidence sous le charme de ce jeune homme bien peigné qui collecte plus de 900'000 fans sur Youtube pour sa chaîne d'information et cartonne aussi sur Instagram. Sa dernière production sur une ferme de canabis a été cliquée par plus d'un demi-million d'internautes.
Hugo n'est pas le premier ni le seul à faire du journalisme ou prétendre expliquer l'actualité en dehors des sentiers battus et des rédactions mensualisées (pour combien de temps encore?). Les jeunes pousses plus ou moins ambitieuses germent régulièrement. Peu vive très longtemps. Toutes découvrent que l'information indépendante, impartiale, curieuse n'existe qu'adossée à un réseau d'abonnés (qu'il faut fidéliser et qui peuvent aussi vous sanctionner en cessant de payer), à une entreprise tierce qui trouve un intérêt d'image ou d'influence à soutenir un média, à une institution publique qui fait souvent plus de la communication - c'est à dire de la brosse à reluire - que de l'information, à des instituts de recherche financés par ailleurs...
Mais je reviens à Tataki et à cette vidéo menée tambour battant qui veut démontrer non pas que Trump a raison de se méfier de Tik Tok, le réseau social dirigé par un Américain mais propriété d'un Chinois, mais que le nouveau format du dernier né de la galaxie réseau impose son tempo, son découpage ses choré (graphies) aux artistes qui risquent d'en perdre leur latin et leur style propre.
A l'issue du visionnement, je demande: Est-ce que Sabrina Amara (dont la chaîne Youtube Cozy Space collectionne 13'500 abonnés) fait du journalisme?
A ma surprise, la moitié des jeunes a considéré que non, que c'était plutôt de la com. Parce qu'il n'y a pas d'avis contraire, a dit une participante. La vidéo est en effet plus proche de l'éditorial que de l'article d'information. Très anglé. Son parti pris est de démontrer que Tik Tok formate les artistes et que ca risque de leur poser et de nous poser un problème. Certes, mais n'a-t-on pas déjà vécu mille fois ce scénario qui consiste à coller à une mode à l'anticiper même pour être dans l'air du temps et faire de l'audience et du chiffre?
N'empêche que ce journalisme est à mille lieu de ce que publie la Tribune.
Mon journal n'a pas manqué d'être épinglé par les futés journalistes en herbe qui se sont plutôt bien débrouillés dans l'exercice de micro-trottoir (voir ici leur document brut de décoffrage).
Jeudi, c'était une jeune membre du Secours d'Hermance qui se faisait l'écho de son association, chagrinée de ne pas être citée dans la dépêche ATS publiée dimanche à 18h sur le site web et sans rien de plus le lendemain dans l'édition imprimée du journal. Un coup de fil ce n'est pas si difficile et ça vous aurait éviter de publier la même demi-information que 20 Minutes, dit-elle. Elle aurait pu ajouter que la photo du vrai hélicoptère était sur facebook dès midi. Et tic!
Vendredi, c'est une jeune baigneuse ayant fréquenté la veille la plage des Eaux-Vives qui doute que la photo de la première page, sensée illustrer la cohue sur les plages genevoises en plein rebond de la covid, soit bien une photo d'actu. Le réd en chef adjoint, un peu pris au piège par ces jeunes lecteurs attentifs, plaide un choix économique en un temps où la presse compte chacun de ses sous boudée qu'est le journal par les annonceurs et les abonnés. Et toc!
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