Les hôpitaux suisses se tapent sur le ventre (01/07/2020)

bertrand levrat rts.jpg"Wir schaffen das!" avait proclamé la désormais grande chancelière d'Allemagne, présidente de l'Europe pour les six prochains mois, quand, le 31 août 2015, au plus gros de la guerre syrienne, face à la marche des migrants vers le continent salvateur, elle avait ouvert les portes de son pays à un million de réfugiés. Alain Berset, "aussi vite que possible et aussi lent que nécessaire", n'avait pas exploité pareille formule, ni évoquer abusivement la guerre en mobilisant le pays contre le plus petit de ses ennemis mais le plus inquiétant quand ils se multiplient et promet comme il y a un siècle de faucher 50 millions d'humains. Le corona a tué 100 fois moins à ce jour.

Le principe de précaution, doublé d'une bonne dose de mimétisme, a donc fonctionné à plein. On a fait taire les parlementaires, les cantons, les critiques. Les médias se sont mis aux ordres, certains que leurs bonnes dispositions leur vaudraient à la sortie de la pandémie quelques miettes de la galette fédérales des rois. 

Ce 1er juillet, les cinq hôpitaux universitaires suisses, qu'on a applaudi quelques semaines, tirent le bilan de l'exercice. Leurs directeurs s'attribuent un 6 sur 6, lit-on dans une dépêche ATS reprise à l'unisson. Wir haben es gemacht! Merci de payer la facture: 356 millions. Vraiment?`

Bertrand Levrat, patron des HUG était donc en direct au micro du 12:30 de notre chère RTS. Pas un mot de remerciement aux personnels, pas un mot de remerciement à l'armée et à la protection civile, pas un mot de remerciement aux cliniques et médecins de ville, pas un mot de remerciements à tous ceux qui, malades comme des chiens sont restés à domicile, pas un mot de compassion pour les dizaines de milliers de travailleurs et d'indépendants que le confinement a privé de leur revenu et d'une partie de leur salaire et menacent désormais de faillite et de chômage.

Pas un mot non plus sur ce que son hôpital a appris en matière d'urgence, d'accueil, d'organisation, de mise en oeuvre de collaborations entre services, qui d'ordinaire mettent des années à voir le jour en raison du principe de cloisonnement, des droits acquis, de la peur de voir sa ligne budgétaire rognée ou ne pas augmenter aussi vite que celle de son voisin. Bref, autant de leçons qui donc pourraient, devraient être exploitées dans le monde d'après, histoire de réduire les coûts de son établissement et de participer au paiement de la facture covid... Qu'en dit le conseil d'administration de nos HUG et leur ministre de tutelle. Le parlement va-t-il nommer une commission d'enquête pour répertorier toutes ces bonnes pratiques à capitaliser et reproduire désormais?

Evidemment la journaliste n'a pas posé au DG HUG les questions qui lui auraient permis d'évoquer ces thèmes. On en est donc resté à sagement dupliquer ce qu'on avait déjà entendu, à l'obligation de porter ou non un masque dans les transports publics (oui dit Levrat), à la deuxième vague. On apprend à ce sujet que l'hôpital va augmenter ses capacités, histoire de pas à avoir à renoncer à renvoyer aux cliniques les opérations non covid qui ont creusé son déficit.

Y a-t-il des pilotes dans nos avions santé publique et information publique? 

Evidemment, il ne s'agit aujourd'hui que d'un bilan financier histoire de remettre la compresse sur les assureurs et leur magot (enfin le nôtre) de 8 milliards de réserve. Au fait, à combien se chiffrent les affaires des cinq hôpitaux universitaires suisse qui comme les carrossier vivent du malheur des autres? Quelle est la proportion de ces 356 millions de manque à gagner? Chercherait-on à masquer la réalité?

Selon Google qui après d'autres s'est mis à produire des statistiques sur la pandémie, la Suisse affichait ce bilan:

google covid 19 1er juillet.jpg

 

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