Les messe d'après... comme le monde d'avant? (21/05/2020)
Alléluia, sonnez trompettes, jouez musettes, messes et cultes vont reprendre en Suisse dès le 28 mai, veille de la Pentecôte, la fête de l'Esprit saint. Ça tombe bien! Des esprits saints, c'est bien ce qui manque le plus en ce temps où la peur de la maladie érode le bon sens - je ne dis même pas la peur de la mort car le covir-19 ne peut frapper fatalement que les gens déjà affaiblis. *
Dans la culture dominante qui est celle de la Suisse, les annonceurs de la "bonne nouvelle", simplifient le message et négligent la communauté musulmane, qui fête, confinée, ce samedi 23 mai, la fin du Ramadan, ou la communauté juive, qui ne (re)connaît ni Jésus ni Mahomet et leur image de Dieu, malgré des millénaires de recherche et de lecture attentive des textes sacrés.
Au fait, la première messe à la cathédrale de Genève depuis 1535 aura-t-elle lieu? Initialement prévue le 29 février, elle est tombée victime de l'interdiction des rassemblements de plus de mille personnes et avait été reportée au 30 mai. Même à deux tiers vide, comme un stade de football, la retransmission en mondiovision pourrait dire que la messe d'après ne sera pas comme la messe d'avant.
Hélas, je ne crois pas les humains et leurs représentants capables d'une telle révolution.
Et pourtant elle tourne, la révolution vers un monde meilleur. Pour paraphraser Galilée, forcé par l'église catholique de renoncer à la connaissance acquise que la terre tournait bien autour du soleil, le fait est et que la charité visibles est moins celles des chrétiens (qui font encore énormément) que celles de toutes sortes de gens et courants, y compris ceux qui nient activement l'existence de Dieu et traitent les croyants d'opiomanes consentants (selon la formule de Marx que la religion est l'opium du peuple, ce qui n'était pas faux en son temps et encore en bien des contrées. Qui peut se dire non aliéné?).
La solidarité institutionnalisée et laïcisée, délivrée sans conditions de couleur, d'origine, de nationalité, de croyance est une droit humain. C'est même un devoir au sens où la non assistance à personne en danger l'imposerait. Le conditionnel est de mise en Suisse car, comme l'explique François Charlet, dans son excellent site: La notion de "non-assistance à personne en danger" n'existe pas en droit suisse.
La file d'attente des 10'000 (?) clandestins, que notre canton abrite et que ses organisateurs savent médiatiser avec la participation assez peu critique de mes confrères (pourquoi n'y a-t-il pas de queue des clandestins à Zurich?), témoigne néanmoins que partout, y compris à Genève, des milliers de personnes peuvent d'un jour à l'autre basculer dans la détresse. Ce n'est en soi pas un aveu de dysfonctionnement d'une société. Sauf celui de ne pas avoir anticiper le fait que le confinement allait mettre en danger de survie des milliers de gens dont le mode de vie est l'illustration du "Notre Père", celle d'une vie qui ne tient qu'au pain qu'on nous donnera ou qu'on pourra gagner aujourd’hui. Sans jamais pouvoir créer des réserves, des stocks, détenir un capital, une assurance.
Qu'en disent les fonctionnaires de Dieu?
Que Dieu existe ou pas dans les termes que nous ont livrés les grands textes et les traditions et l'imagination de chacun est au fond secondaire. On peut même penser que Dieu, victime des errances et des dogmes de ses églises, de ses clercs et de leurs adeptes, est assez puissant et ironique pour laisser agir les humains de bonne volonté, désaliénés des rites, en dehors de ses temples et même en brandissant des calicots annonçant sa mort.
Ce n'est pas pour rien que Jésus est monté au ciel. C'est pour libérer la terre d'une présence trop directe de Dieu et laisser aux humains la peine et le soin de prendre sa place.
Alors que seront les messes d'après? Sans changement par rapport aux messes d'avant?
Bonne fête de l'Ascension!
* A noter que l'annonce du Conseil fédéral coïncide avec l'autorisation du système de traçage électronique des gens et l'obligation de déposer son nom et son numéro de téléphone en certains lieux pour faciliter l'extinction à la source d'une nouvelle flambée du virus corona.
11:05 | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Moi-meme catholique, il m`est arrivé d`aller a la messe pour y accompagner une personne de ma famille qui, a la fin de sa vie, se déplacait avec pas mal de difficulté. J`y ai vu surtout des gens agés, voire tres agés a qui le pretre (agé lui aussi) racontait a peu pres toujours les memes choses du meme ton monocorde et cette maniere un peu chantante qui étire les fins de phrases et qui me semble etre une caricature de ce que le Christ représente pour moi. Je ne suis plus bien jeune, mais en écoutant ces mantras j`avais du coup l`impression d`avoir déja un pied dans la tombe. J`ai aussi accompagné parfois a la messe ma compagne, qui est protestante et j`ai pu constater que la communication entre le pretre et les fideles était beaucoup plus sincere et vivante. J`imagine qu`apres la pandémie, les messes de la premiere catégorie continueront comme avant, avec un public de gens agés qui aspirent a s`assurer une place au paradis tandis que les messes de la seconde catégorie seront toujours aussi vivantes et bien plus habitées par l`esprit du Christ. Tout ca pour dire qu`il y a messe et messe.
Écrit par : Jean Jarogh | 23/05/2020
Quand au monde d`apres, les changements seront probablement beaucoup plus perceptibles au niveau des décisions économiques des gouvernements occidentaux et chinois qu`a celui des modes de pensée. La raison en est simplement que, malgré tout le battage qui a été fait autour de cette pandémie, seul un relativement tres petit nombre de personnes en ont souffert dans leur chair et que le confinement n`a pas duré assez longtemps pour que les dégats faits aux portemonnaies soient bien durables.
Écrit par : Jean Jarogh | 23/05/2020
Difficile de communiquer avec vous, vous sucrez du commentaire a tour de bras, vous aurieiz surement fait un bon jésuite (oui je sais vous allez sucrer ca aussi). En tout cas, par pure curiosité, je suis passé ce matin a la premiere messe catho. de l`ere d`apres-covid (l`important c`est d`y croire) et tous les habituels aspirants au paradis y étaient, je devais etre le seul galopin de moins de 75 ans. Apparemment tous immunisés contre le covid. Bon allez, pouvez sucrer maintenant, je m`en tamponne le bénitier.
Écrit par : Jean Jarogh | 24/05/2020
En matiere de messe, un sacré progres (un progres sacré) serait la tenue réguliere de messes multiconfessionnelles dans les temples des diverses religions, histoire de reconnaitre une fois pour toutes que si Dieu il y a, Il est le Dieu de tout le monde, meme des athées dont la croyance est que Dieu n`existe pas. Tant que les clergés ne donneront pas l`exemple, inutile d`attendre des fideles hyperactifs qu`ils cessent de s`étriper entre eux en paroles ou en actes.
Écrit par : Jean Jarogh | 25/05/2020
« Quoi que tu imagines dans ton esprit, Dieu est différent de cela. »
Imam Dhou n'Noun Al Misri, 9e siècle.
Écrit par : Mario Jelmini | 25/05/2020