Dis grand papa, pourquoi y'a pas l'école demain? (20/05/2020)

capuccino.jpgPlace des aviateurs, côté sud, le soleil réchauffe à peine un petit 15 degrés biseux. Mateo écope le chocolat et la mousse de mon capuccino avant d'aspirer avec une paille en plastique emballée dans un papier voltigeur un sirop rouge. Trois ou traits suffisent. Il attaque ensuite sa croix à la vanille. Un rituel. Pas grand monde sur la terrasse où les tables ont été un peu éloignée. Des chaises fuchsia sont empilées. D'ordinaire on décrypte lettre à lettre les titres de la presse du jour. Le principe de précaution nous en prive. 

J'irais bien à la ludothèque. Il saute de sa chaise et s'en va peser sur la poignée à 15 mètres. La porte est close. C'est quand que c'est ouvert? Regarde, c'est écrit sur la vitrine. Mais je ne sais pas lire. Mais si, prends lettre après lettre, morceau de mot après morceau: m+e? ME! me + r euh... MER. Très bien. Crrrr + e? CRE. Et d +i? DI. Et voilà MER CRE DI. Et c'est ensuite écrit 16 et 18, ce sont heures d'ouverture... 10 ,11, 12, 13, 14, 15 16 (ok!) 17, 18. Super! On reviendra cet après-midi à 4h. Retour à la croix à la vanille.

Dis grand papa, pourquoi demain y'a pas l'école?

Question d'enfant dont on trouvera la réponse ni dans la presse qu'on ne distribue plus gratuitement dans les bistrots - pauvre presse, sera-t-elle victime du Covid (ou de la Covid, selon une journaliste chevronnée qui chasse les anglicismes paresseux) - ni à l'école (encore que je n'en sais rien).

Combien de profs ont rappelé cette semaine pourquoi on place dans le calendrier un jour de congé 40 jours après Pâques et que 10 jours plus tard on ajoute un lundi de congé au dimanche de Pentecôte? Attendre des parents ou des grands parents qu'ils expliquent ces bizarreries du calendrier revient à tolérer une intolérable différence de traitement et de connaissance entre ceux qui sont nés dans une tradition chrétienne et qui sont encore capables d'expliquer le sens de la fête de l'Ascension et les autres, sans doute très majoritaire à Genève. (A Genève, où on ajoutera un jour de congé de plus le vendredi dès 2023 pour offrir à tous un long week-end, propices à des sauts de puce au Tessin, sur la côte, ou de géant grâce à EasyJet...) 

Tu te souviens de la crèche en briques que tu as construite dans le jardin (qu'elle décore désormais avec des allures de temple bouddhique)? Oui! C'était pour qui cette crèche? C'est la maison du petit Jésus, dit l'enfant, 5 ans et demi. Eh bien le congé de demain fête une étape importante de la vie de Jésus sur la terre. Ses amis nous ont raconté l'histoire, elle est un peu extraordinaire. Jésus, eh bien, il est monté au ciel rejoindre son père et a disparu dans le bleu du ciel. C'est après qu'il est redevenu vivant?... La réplique m'interloque. Qui transmets ces bribes? Ses grands-mères? Ses parents?

L'Ascension le laisse de glace. Trop compliqué. J'imagine que pour lui un héros ça redevenir vivant mais ça reste sur terre. Ce qui l'intéresse c'est pourquoi on l'a tué et comment. Il est mort avec une épée? demande Mateo, qui manie volontiers le sabre intergalactique des guerriers de Star War. Pas tout a fait, dis-je, mais il est mort parce qu'il défiait les puissants, il voulait établir la paix et l'amour entre tous les humains. Il ne voulait pas prendre leur place aux puissants. Mais ses paroles, si on les met en pratique sérieusement, font exploser tous les pouvoirs des puissants. 

Toi, tu sais bien l'effet que tu produis quand tu dis: maman je t'aime, papa je t'aime...

 

 

 

 

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